Pellati, F.: Le Torri dell’ alto Monferrato (secoli XII-XIII). Extr. de la Nuova Antologia, juin 1908. In-8, 16 p., avec 15 fig.
(1908 )
Compte rendu par Louis Caillet, Revue Archéologique t. 12 (4e série), 1908-2, p. 320-321
Site officiel de la Revue archéologique
Lien avec l'édition numérique de ce livre
 
Nombre de mots : 527 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=1106
 
 

F. Pellati. Le Torri dell’ alto Monferrato (secoli XII-XIII). Extr. de la Nuova Antologia, juin 1908. In-8, 16 p., avec 15 fig.


     M. Franz Pellati, qui prépare un important ouvrage sur l’architecture féodale de l’Italie, vient de consacrer aux tours du Haut-Montferrat une brochure où il condense des observations curieuses et précises. L’auteur étudie la tour de San Giorgio Scarampi, celle de Merana, le clocher de l’église de Cortemilia, celui de la cathédrale d’Acqui, celui de l’abbaye de S. Giulia a Monastero Bormida, la tour de Roccaverano. Parmi ces tours, les unes étaient des sortes de donjons ou de forteresses ; d’autres servaient à des églises de clochers fortifiés ; certaines enfin étaient de simples postes d’observation. La plus importante est celle de San Giorgio Scarampi qui ne mesure pas moins de 10m,50 de large à la base. De forme carrée, elle était divisée en six étages éclairés chacun par une seule embrasure ; les trois étages supérieurs ; réservés à la garnison, étaient voûtés, ainsi que la chambre inférieure qui servait de dépôt de vivres. Les deux autres étages intermédiaires étaient couverts d’un plancher de bois. Contrairement aux usages de la contrée, les diverses parties de cet édifice communiquaient entre elles non par un escalier, mais par des trappes pratiquées dans les voûtes et dans les plafonds. L’entrée se trouvait au nord-est-nord du côté le plus escarpé, vers Bubbio et le cours de la Bormida. Cette tour était surmontée d’une terrasse dont la corniche extérieure, en partie conservée, était formée d’une triple série « d’arcs lombards » posés sur des consoles arrondies.

     Les autres tours élevées à la même époque, au XIIe siècle, étaient aussi de forme carrée. Le XIIe siècle vit s’élever une foule de tours rondes attestant un progrès sérieux dans l’art de la défense, comme celle de Roccaverano. Mais la forme rectangulaire fut encore adoptée à cette époque par les constructeurs ecclésiastiques ; quant à l’architecture féodale, elle ne l’employa que pour les postes d’observation du genre de la tour de Merana, caractérisée par l’exiguïté de ses embrasures et l’alternance de ses voûtes et de ses planchers. On ne rencontre Jans cette région ni la forme octogonale, comme à Conegliano d’Alba, ni la forme semi-circulaire comme à Varese Ligure ou à Sagliano di Crenna, ni la forme de polygone irrégulier, comme à Saint-Christophe ; ni enfin la forme d’éperon employée par les constructeurs de la belle tour de Castel Govone, une merveille de l’architecture féodale italienne. — Il est il remarquer que cette contrée est restée fidèle très longtemps aux traditions de l’époque romane; bien qu’on y trouve quelques constructions gothiques importantes : ainsi la belle voûte d’ogives du château de Ponti, la reconstruction de la cathédrale d’Acqui, l’intérieur de l’église de S. Giovanni « in Roccaverano». De plus, l’auteur insiste sur l’influence exercée par l’art de la Provence, déjà signalée par Dartein et plus récemment par Venturi au t. III de son Histoire de l’Art, influence qu’il mentionne en même temps que les rapports de l’architecture lombarde et de l’architecture germanique. Cette influence se manifeste dans la décoration et aussi, comme à Vezzolano, dans la construction. Cette contrée est restée très ouverte aux influences provençales, alors qu’elle fut fermée aux influences gothiques de l’école bourguignonne et de l’école cistercienne dont s’inspiraient les constructeurs de toute l’Italie.

                                                                        Louis Caillet