Chaume: Le Trajectus de la Dordogne. In-8°, 33 p. et 4 pl.
(Périgueux 1908)
Compte rendu par A. Dieudonné, Revue Archéologique t. 12 (4e série), 1908-2, p. 324-325
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Dr Chaume, de la Société historique du Périgord. Le Trajectus de la Dordogne. — Périgueux, 1908, in-8°, 33 p. et 4 pl.


       Où se trouve au juste le Trajectus indiqué dans l’Itinéraire d’Antonin comme lieu de passage de la Dordogne sur la route Bordeaux-Argenton, entre Agen et Périgueux ? Les uns l’ont placé à Pontours, d’autres à Mouleydier, d’autres à Couze. Voici qu’un érudit du pays, grâce à des informations habilement recueillies, a su fouiller au bon endroit ; il a retrouvé, dans le lit de la Dordogne, à Pontours près de la Linde, le gué pavé des Romains ou du moins les vestiges de ce curieux travail récemment détruit par les pêcheurs. Le Dr Chaume reconstitue, avec des croquis explicatifs, et la rampe qui donnait accès dans la rivière, et la charpente de bois large de 2 m. posée sur le fond, et le conglomérat d’argile et de galets qu’on y avait tassé. La découverte d’un gué pavé est une rare fortune ; de plus, que Drayaux, qui est à quelques hectomètres de là, retienne ou non le souvenir de Travectum(1), la position du Trajectus de l’Itinéraire est désormais fixée. Notre auteur explique en même temps pourquoi, à son avis, aucun endroit ne pouvait être mieux choisi pour passer la rivière à gué.

      Le Dr Chaume ne s’en tient pas là. Il identifie le Diolindum de la table de Peutinger avec la Linde et avec le Trajectus de l’Itinéraire ; cette opinion n’est pas nouvelle, mais les fouilles du Dr Chaume y apportent un regain d’actualité. Si Diolindum s’est substitué à Trajectus dans les textes, c’est, dit-il, que le Trajectus, gué en été, bac en hiver, avait été remplacé par un pont près de la Linde, lequel a d’ailleurs laissé son nom au village de Pontours.

      Non content des avantages que lui donne sa connaissance des lieux, le Dr Chaume recherche dans les auteurs anciens les moindres traces du genre de construction dont il vient de nous entretenir. Leur laconisme à ce sujet est désespérant ; encore ne faut-il pas méconnaître leurs allusions de rencontre. C’est ainsi que ce passage de Tacite (Annales, I, 56) ; « Germanicus expeditum exercitum in Chattos rapit, Lucio Apronio ad munitiones viarum et fluminum relicto » ne devrait pas se traduire, comme on l’a fait jusqu’ici, « Germanicus avait laissé Apronius pour travailler aux digues et aux chemins », mais « il laissa Apronius pour empierrer les routes et le passage des cours d’eau ». Cette hypothèse mérite d’être prise en sérieuse considération par les latinistes. La dissertation archéologique et géographique du Dr Chaume se double par là d’un petit intérêt philologique qui n’est pas négligeable (2).

A. Dieudonné

 

(1) C’est très possible ; mais pourquoi Drayacum au moyen-âge ?

(2) J’aime moins les recherches sur l’étymologie de Diolindum qui est rapproché de Lindus (de l’île de Rhodes) !