Chapot, Victor: La frontière de l’Euphrate de Pompée à la conquête arabe. XV-408 p. 8°, avec 22 fig. et une carte hors texte.
(Paris, Fontemoing 1907)
Compte rendu par A. Bouché-Leclercq, Revue Archéologique t. 12 (4e série), 1908-2, p. 439-440
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Victor Chapot, La frontière de l’Euphrate de Pompée à la conquête arabe. Paris, Fontemoing, 1907, xv-408 p. 8°, avec 22 fig. et une carte hors texte.


       Le livre est une thèse de doctorat ès-lettres dans laquelle l’auteur a groupé, sous un titre régional, des questions très diverses, géographiques, ethnographiques, politiques et administratives, envisagées surtout au point de vue militaire, la frontière de l’Euphrate ayant été, durant sept siècles, la ligne de défense de l’Empire romain, jalonnée de camps et de forteresses, incessamment menacée par la poussée offensive des Parthes et des Perses, qui fit de la Mésopotamie un champ de bataille perpétuel.

      Pour ce qui concerne la description des lieux, le relevé et l’identification des ruines, M. Chapot a eu l’avantage et le mérite peu commun d’avoir, au cours de deux voyages d’exploration, parcouru une bonne partie des régions dont il parle et de pouvoir faire appel à son carnet de notes. Sur un sol foulé par tant d’invasions, les déprédations des hommes, plus encore que le temps, n’ont laissé subsister que peu de vestiges du passé, et les inscriptions y sont plus que rares. La tâche de l’explorateur était ici particulièrement difficile, M. Chapot s’en est acquitté avec une patience consciencieuse, réunissant autour de chaque nom de lieu tous les témoignages, anciens et modernes, y relatifs et nous donnant ainsi, pas à pas, une série de petites monographies historiques, géographiques et archéologiques.

       La partie centrale de l’ouvrage (pp. 63-234), qui en indique le sens et le but, est consacrée à l’armée et aux institutions militaires romano-byzantines. C’est une étude extrêmement fouillée, qui pénètre dans tous les détails de l’organisation des divers corps de troupes répartis sur la frontière, de l’armement, qui se transforme au cours des guerres persiques, de la tactique en campagne et des exercices en temps de paix, de la castramétation et de la poliorcétique, des approvisionnements, du service sanitaire, etc. Une place est même faite au tempérament moyen de cette armée bariolée, à propos de la discipline des troupes et de leurs rapports avec la population civile (pp. 151-162).

      Partout, la documentation, à la fois abondante et précise, offre peu ou point de lacunes. Ce sont des qualités dont M. Chapot a déjà fait preuve dans des études sur La Flotte de Misène (1896), sur La province proconsulaire d’Asie (1904), et dans une monographie concernant Séleucie de Piérie (1907, Mém. des Antiq. de France (1)). Que le présent ouvrage garde « l’apparence décousue d’un recueil de quaestiones selectae », l’auteur s’en est excusé d’avance en disant que «  mieux vaut une statue mutilée authentique qu’une œuvre restaurée avec des pièces rapportées arbitrairement » (lntrod., p. xiv). Il a voulu préparer, pour le travail historique proprement dit, des matériaux vérifiés avec un scrupule méticuleux, et il a esquissé, dans une substantielle Conclusion (pp. 375-387), la tâche qu’il s’est interdit d’entreprendre, en exposant les motifs, tirés de la configuration du sol et du caractère des races en contact, qui ont dirigé la politique romaine, celle-ci toujours hésitant entre l’offensive et la défensive, se résignant parfois à avancer pour ne pas reculer, et ne parvenant pas à faire cesser un antagonisme qui finit par user, au profit du «  troisième larron », l’Arabe, les forces des belligérants.

                                                               A. Bouché-Leclercq

 

(1) « Diligente ed accurato lavoro » (G. Corradi, Rivista di Storia Antica, 1907).