AA. VV.: L’Institut de France. In-8, 370 p., avec de nombreuses gravures.
(Paris, Laurens 1907)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 11 (4e série), 1908-1, p. 141-142
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L’Institut de France, par G. Boissier, G. Darboux, A. Franklin, G. Perrot, G. Picot, H. Roujon. Paris, Laurens, 1907. In-8, 370 p., avec de nombreuses gravures.


 

 

 

        Si quelqu’un se décide, au XXe siècle, à écrire l’histoire de la philologie et de l’archéologie en France, le volume que nous annonçons lui fournira de bons matériaux. Depuis 1701, année qui marque vraiment la naissance de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, une très grande partie de l’œuvre scientifique accomplie dans notre pays a eu des académiciens pour auteurs ou pour continuateurs (ne pas oublier les Bénédictins, qui travaillèrent plus vite, sinon mieux). M. G. Perrot a écrit deux chapitres importants de cet ouvrage : une histoire générale de l’Institut et une notice sur l’Académie des Inscriptions. Cette dernière contient un tableau tracé à grands traits, mais instructif et toujours exact, de l’activité de cette compagnie. Le ton en est un peu bien optimiste et l’on dirait, à lire M. Perrot, que tout a toujours été pour le mieux dans la plus docte des Académies ; mais ceux qui, après avoir reçu cette impression d’ensemble, d’ailleurs réconfortante, voudront entrer davantage dans le détail, feront d’eux-mêmes la part de la critique.

         Au lieu d’ergoter sur quelques détails, je profite de l’occasion pour transcrire, à titre de complément, un curieux passage des Mémoires de Bachaumont (éd. Jacob, p. 52) ; « M. Chabanon est un jeune homme de trente-cinq ans qui, après avoir fait des études assez bonnes, s’est jeté dans le monde et y a réussi... Il a longtemps fait les délices des sociétés. Il y a quelques années que, réfléchissant sur la nécessité d’appuyer son existence sur quelque chose de plus solide, il a pris la résolution de travailler à mériter quelque titre littéraire. Il n’a point vu de moyen plus aisé de commencer à y percer que d’entrer à l’Académie des Belles-Lettres. Il s’est donc jeté dans le grec à corps perdu, a travaillé trois ans avec la plus grande opiniâtreté et sans voir aucun humain que quelques partisans de cette langue. Il s’est muni de tout le savoir nécessaire, a été admis à l’Académie des Belles-Lettres, a travaillé sur Pindare, pour payer son tribut littéraire, et, ne regardant cette Académie que comme un passage à l’Académie Française, il a fait des tragédies ». L’Eponine de Chabanon fut jouée en novembre 1762 ; mais il dut attendre jusqu’en 1780 pour entrer à l’Académie française.

S[alomon] R[einach]