Espérandieu, Emile: Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, tome I, in-4° de x-489 pages (dans la collection de Documents inédits sur l’histoire de France).
(Paris, Imprimerie nationale 1907)
Compte rendu par Paul Monceaux, Revue Archéologique t. 11 (4e série), 1908-1, p. 146-147
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Émile Espérandieu. Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, tome I, in-4° de x-489 pages. — Paris, Imprimerie nationale, 1907 (dans la collection de Documents inédits sur l’histoire de France). Prix : 40 francs.


        Voici un ouvrage qui était depuis longtemps attendu et désiré. On sait combien nos musées, dans toutes les parties de la France, sont riches en sculptures gallo-romaines. Bien que médiocres pour la plupart, ces sculptures présentent un intérêt de premier ordre pour la connaissance de l’art industriel chez nos ancêtres, pour l’étude de leurs croyances, de la vie sociale, des mœurs, des métiers et des costumes, peut-être aussi pour l’analyse des origines de notre admirable école de sculpture. Beaucoup de ces vieux monuments étaient jusqu’ici presque complètement ignorés, ou mal connus, ou d’accès difficile. Pour deviner l’importance de cet ensemble, il suffisait d’un voyage à travers les musées d’une de nos régions quelconques, ou d’une promenade à travers les belles collections de moulages de Saint-Germain. Aussi les archéologues appelaient-ils de leurs vœux, depuis bien longtemps, la publication d’un Corpus des monuments figurés de l’ancienne Gaule.

        Le commandant Espérandieu, dont on connaît les nombreux et savants travaux épigraphiques ou archéologiques, a été désigné par la Commission des Musées et chargé par le Ministère de publier le Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine. Il a exploré méthodiquement les Musées, les collections particulières, les archives et les relations anciennes qui contiennent des descriptions de monuments. Le Recueil, qui figure dans la collection des Documents inédits sur l’Histoire de France, comprendra tous les bas-reliefs, avec un choix de statues et de bustes.                                                              

        Dans une publication d’une si vaste étendue, le danger principal est de rester en route. M. Espérandieu a résolu d’aboutir, et, pour cela, d’être aussi bref que possible. Il a héroïquement renoncé à disserter pour son compte. Préoccupé avant tout de faire œuvre utile, il s’interdit les discussions, réduit au strict nécessaire la description et le commentaire : il veut simplement faire connaître les monuments, les signaler tous, les reproduire tous par la similigravure, en faciliter l’étude par les renseignements bibliographiques indispensables. Il prend pour modèle le Corpus épigraphique. Tout cela atteste un remarquable sens pratique, et la volonté d’aboutir. Ce recueil de monuments figurés sera un très utile instrument de travail et tous les archéologues seront reconnaissants à M. Espérandieu de la peine qu’il prend pour eux.

        L’auteur adopte naturellement l’ordre géographique. Par régions, par villes, par localités, il passe en revue les bas-reliefs des monuments encore debout, les musées et les collections particulières. Pour chaque localité, il débute par une notice précise sur la formation des collections locales, avec une bibliographie d’ensemble : suivent la description et la bibliographie des sculptures, toutes reproduites par la simili-gravure. A chaque volume sera joint un Index alphabétique, qui permettra de trouver rapidement le monument cherché ou les monuments similaires ; la réunion de ces Index fournira les éléments des Tables générales.

        Le recueil se composera sans doute de cinq volumes. Le premier volume, qui vient de paraître, est consacré aux provinces du Sud-Est et du Sud : Alpes Maritimes, Alpes Cottiennes, Narbonnaise. L’auteur y a joint la Corse, pour des raisons plus françaises que gauloises. En tout, 835 numéros et un millier de gravures. Parmi les groupes les plus importants de monuments, nous citerons les sculptures décoratives des arcs de Suse, d’Orange, de Carpentras, de l’arc et du mausolée de Saint-Rémy ; les riches séries de stèles ou de bas-reliefs des musées de Marseille, d’Aix, d’Arles, d’Avignon, de Vaison, de Vienne, de Nîmes, de Béziers, de Narbonne. M. Espérandieu nous donne des notices exactes sur les monuments célèbres, et découvre de l’inédit jusque dans les musées que l’on croyait le mieux connaître. Nous souhaitons qu’il poursuive promptement son enquête dans les autres régions de la France, avec la même méthode et le même succès.

                                                               Paul Monceaux