Loisy, A.: Les Évangiles synoptiques. 2 vol. gr. in-8, de 1014 et 818 p.
(Paris, E. Nourry 1907, 1908)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 11 (4e série), 1908-1, p. 313-314
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A. Loisy. Les Évangiles synoptiques. 2 vol. gr. in-8, de 1014 et 818 p. Paris, [E. Nourry], 1907, 1908.


   Cet important ouvrage, faisant suite au volume du même auteur sur le quatrième Évangile, est tout d’abord et à titre éminent un travail d’érudition. Grâce à M. l’abbé Loisy, la science française possède maintenant, pour l’étude critique et détaillée des Évangiles canoniques, des introductions et des commentaires qui ne le cèdent en rien aux meilleures publications allemandes du même genre et qui leur sont infiniment supérieures par la clarté et l’élégance de l’exposition. Quant au point de vue de l’exégète, il est déjà connu par ses précédents écrits ; il suffit, pour le préciser, de quelques citations textuelles : « Ce n’est qu’à travers la foi qui l’a recouvert, protégé et transfiguré que l’on peut maintenant saisir l’Évangile... Il paraît certain que pas un (des Synoptiques) ne repose directement et complètement sur la tradition orale, qu’aucun d’eux n’est l’expression immédiate de souvenirs gardés par un témoin (1). L’hypothèse de la tradition ne suffit pas à résoudre le problème. L’attribution du premier Évangile à l’apôtre Matthieu n’est pas soutenable ; celle du second Évangile à un disciple de Pierre soulève de très sérieuses objections ; et si le troisième Évangile a été écrit par un disciple de Paul, on doit reconnaître que cette circonstance ne jette pas beaucoup de lumière sur sa composition, ses tendances et son objet. Il a existé des sources antérieures à nos Évangiles canoniques, même à Marc. Ce sont ces sources qui procèdent de la tradition orale. Aucun Évangile ne représente une seule source primitive, sans mélange d’éléments pris ailleurs. Les rédacteurs des deux autres Synoptiques ont dû connaître Marc dans sa forme actuelle. Mais l’hypothèse de sources que Matthieu et Luc auraient connues, comme ils ont connu Marc, semble recevable pour Marc lui-même (2). »

                                                                    S[alomon] R[einach]

 

(1) Cela étant, il semble que le résumé donné par M. Loisy de ce qu’on peut savoir de la vie de Jésus (passage reproduit dans la Correspondance mensuelle, mars-avril 1908, p. 167-182) soit encore une concession à l’évhémérisme more Renani.

(2) Dans ce grand ouvrage où la « littérature »  allemande est si bien utilisée, on regrette parfois que les critiques français, tels que Nicolas et Reuss, n’aient pas reçu toute l’attention qu’ils méritent.