AA. VV.: Malaria. A neglected factor in the history of Greece and Rome. In-8, vii-108 p.
(Cambridge, Macmillan 1907)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 11 (4e série), 1908-1, p. 446
Site officiel de la Revue archéologique
Lien avec l'édition numérique de ce livre
 
Nombre de mots : 269 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=1172
 
 

W. H. S. Jones, R. Ross et G. G. Ellett. Malaria. A neglected factor in the history of Greece and Rome, Cambridge, Macmillan, 1907. In-8, vii-108 p.


 

Bien que ce petit livre ne soit pas bien composé et qu’il s’y trouve des erreurs singulières (comme la citation d’une inscription fausse d’après Gruter), on ne peut que signaler à l’attention des historiens l’importance de la thèse qu’il énonce (sans toutefois la démontrer). La décadence de la Grèce depuis le IVe siècle av. J.-C. et de l’Italie depuis le IIe siècle seraient dues aux ravages de la malaria ; maladie peu mortelle, mais déprimante comme l’influenza et qui, à la différence d’autres fléaux naturels, n’opère pas une sélection bienfaisante en éliminant les faibles. Du silence à peu près complet des auteurs jusqu’à Aristophane, de l’apparition du mot μελαγχολία dans la littérature du IVe siècle et du passage d’Hérodote sur les régions fiévreuses à moustiques de la Basse-Égypte, on conclut que la malaria, sous sa forme épidémique, est d’origine africaine, qu’elle fut répandue en Grèce par les mercenaires et les esclaves originaires de ce pays, en Italie par les soldats d’Hannibal. Tantôt la malaria déprime, tantôt elle exalte la cruauté et les mauvais instincts, comme chez les Européens qui terrorisent l’Afrique ; le premier de ces effets se serait surtout produit en Grèce, le second dans la Rome impériale. Une chose certaine, c’est que la géographie de la malaria permet d’affirmer, même après la découverte de la quinine, l’infériorité des pays où elle prévaut sur les pays qu’elle épargne ; il est assurément curieux que la malaria soit inconnue au Japon, dont les qualités viriles et la santé morale ont fait, à l’aurore du XXe siècle, l’admiration de l’Europe.

S[alomon] R[einach]