Enlart, G.: Origine anglaise du style flamboyant français (extr. de l’Archaeological Journal, vol. LXIII) ; Origine anglaise du style flamboyant, (extr. du Bulletin Monumental). Deux brochures de 46 p. chacune, avec nombreuses gravures.
(London, Harrison et Caen, Delesques 1906)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 9 (4e série), 1907-1, p. 188-189
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G. Enlart. Origine anglaise du style flamboyant français, London, Harrison, 1906 (extr. de l’Archaeological Journal, vol. LXIII) ; Origine anglaise du style flamboyant, Caen, Delesques, 1906 (extr. du Bulletin Monumental). Deux brochures de 46 p. chacune, avec nombreuses gravures.


 

« A l’inverse des variétés antérieures du style gothique français, qui obéissent à des considérations de structure, le style flamboyant a pour élément générateur principal un caprice décoratif arbitraire: l’opposition des contre-courbes aux courbes. » Ce style paraît en France vers 1380 et s’y développe au XVe siècle sans qu’on puisse découvrir de lien, de transition entre le style nouveau et celui qu’il remplaça. D’autre part, en Angleterre, on a des exemples parfaitement caractérisés du style flamboyant avant 1380 (chapelle de la Vierge à Ely, 1321-1349) (1) tandis que le style gothique anglais est le perpendiculaire, qui est tout différent (2). Ces singularités avaient déjà frappé M. Prior, qui, en 1900, concluait à l’origine anglaise du flamboyant français, mais admettait à tort que l’influence insulaire s’était exercée par la Bretagne et la Normandie. M. Enlart s’est rallié, en 1894, au principe de l’opinion de M. Prior (Manuel, t. II, p. xii), et l’a savamment défendu contre les objections de M. Anthyme Saint-Paul. Ainsi « le style nouveau qui apparut en France au jour où elle s’affranchit de la domination anglaise... serait un emprunt fait à l’ennemi... Les modèles dont s’est inspiré l’art français du XVe siècle appartiennent à l’architecture anglaise, non du même temps, mais du siècle précédent. C’est précisément ce qui arriva à la Renaissance, quand les artistes français du XVIe siècle imitèrent les modèles italiens du XVe. Pour qu’un art fasse école, il faut qu’il ait porté ses fruits. » Les deux mémoires de M. Enlart, qui ne diffèrent que par des détails de rédaction, sont dignes d’être lus et médités par tout historien de l’art.

                                                             S[alomon] R[einach]

 

(1) Le fenêtrage flamboyant paraît à Oxford (chapelle du collège de Merton) peu après 1310.

(2) A l’origine (Gloucester, 1340), ce style paraît contemporain du style flamboyant ; il n’a toutefois évolué qu’en Angleterre, où il se maintient encore aujourd’hui.