Duchesne, L.: Histoire ancienne de l’Église. Tome I, in-8°, de xi-577 pages.
(Paris, Fontemoing 1906)
Compte rendu par Paul Monceaux, Revue Archéologique t. 9 (4e série), 1907-1, p. 479-480
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L. Duchesne. — Histoire ancienne de l’Église, tome I, in-8°, de xi-577 pages. Paris, Fontemoing, 1906.


          On sait quel a été jadis le succès des Origines chrétiennes de Mgr Duchesne. Cependant l’auteur, qui ne se contente pas aisément, a voulu arrêter la circulation du « vieux cahier de cours, lithographie depuis bientôt trente ans », qui lui semble, dit-il, « avoir trop vécu pour sa gloire ». Pour cela, il a commencé la publication de cette Histoire ancienne de l’Église, qu’attendaient ses élèves et les gens bien informés. 

          Le premier volume, qui seul a paru jusqu’ici, annonce une grande œuvre. En vingt-sept chapitres, il conduit l’histoire de l’Église jusqu’à la fin du IIIe siècle. Mgr Duchesne, qui aime les terrains solides, passe vite sur le premier siècle. Il résume brièvement, avec une prudence très avisée, ce qui lui paraît certain ou probable pour cette période. C’est l’objet de dix chapitres très nourris : l’Empire romain, patrie du christianisme, la primitive Église à Jérusalem, Antioche et les missions de saint Paul, le chrétien dans l’âge apostolique, les origines de l’Eglise romaine, les premières hérésies, les origines de l’épiscopat, le christianisme et la légalité, la fin du judéo-christianisme, les débuts de la littérature chrétienne. Avec le second siècle, nous sortons de l’hypothèse ou de la pénombre, pour entrer vraiment dans l’histoire. En traits vigoureux, l’auteur peint les Églises, les doctrines, les hommes et les œuvres : Églises de Rome, d’Orient, de Gaule et d’Afrique ; hérésies gnostiques et montanisme ; persécutions, controverses pascales et autres ; apologistes, polémistes, premiers exégètes et premiers théologiens ; Hippolyte, Origène et son école, Paul de Samosate, Denys d’Alexandrie, précurseurs de l’arianisme. Le volume se termine par un tableau de la société chrétienne à la fin du IIIe siècle : mœurs, organisation, concurrence du culte de Mithra, du Néo-Platonisme et du Manichéisme. 

          Avec une sûreté magistrale, l’auteur présente sous presque tous ses aspects le christianisme des trois premiers siècles. Il le suit dans sa propagande et dans ses épreuves, dans le développement de son organisation, des institutions, de la discipline et de la morale, de la vie sociale, de l’apologétique et de la polémique, de la théologie, de la littérature. De tout cela se forme un tableau complet, exact et harmonieux. Quant à la méthode, c’est un modèle de critique prudente et sagace : la méthode d’un historien très réaliste, ami des faits et de la lumière, dédaigneux des aventures de l’exégèse comme des partis-pris apologétiques.

P[aul] M[onceaux]