Rabe, Hugo: Bibliotheca Teubneriana. SCHOLIA IN LUCIANUM. In-8, xii-336 p., avec 2 planches.
(Leipzig, Teubner 1906)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 8 (4e série), 1906-2, p. 200-201
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Bibliotheca Teubneriana. SCHOLIA IN LUCIANUM, edidit Hugo Rabe. Leipzig, Teubner, 1906. In-8, xii-336 p., avec 2 planches.


Félicitons le jeune érudit qui, au prix d’un travail ingrat et pénible, nous donne enfin une édition complète des scolies de Lucien. Tout n’est pas sans valeur dans cette farrago, qui contient, du moins en partie, les notes de Byzantins instruits comme Alexandre de Nicée et Aréthas. Les scolies sur les Dialogues des courtisanes, autrefois publiées par Erwin Rhode (Rhein. Mus., t. XXV), apportent de précieux compléments à notre connaissance de l’antiquité (voir, p. 275, la petite dissertation sur les Thesmophories). Les scoliastes de Lucien sont parfois bien amusants : c’est quand ils se fâchent contre l’auteur qu’ils commentent. Α la suite de ses excellents et copieux index, Μ. Rabe a dressé une liste des injures dites à Lucien, convicia Luciano facta. On le traite adjectivement de « cochon », χοιρώδης (p. 80, 6) et de « mauvaise tête », κακὴ κεφαλή (p. 11, 3). Cette dernière invective, que notre langue populaire a conservée, eût réjoui l’auteur de la Conformité du langage françois avec le grec ; la première, d’ailleurs, n’est pas tombée en désuétude. Voici encore un curieux exemple. Dans le Pere­grinus, Lucien parle avec ironie de l’admirable sagesse des Chrétiens. « Oui, sans doute, lui crie le scoliaste, elle est admirable, misérable que tu es (ὦ μιαρέ), et au-dessus de toute admiration, bien que toi, dans ton aveuglement et ton insolence, tu ne puisses en saisir ni en comprendre la beauté ! » Lucien est qualifié 8 fois de μιαρός et 8 fois de κατάρατος ; heureusement pour nous, si on l’injuriait à Byzance, on ne cessait pas de le copier.

S[alomon] R[einach]