Allemagne, Henry-René d’: Les cartes à jouer du XIVe au XXe siècle. In-4°; 2 vol. de xvi-504 et 640 pages, avec 3.200 reproductions, dont 956 en couleurs.
(Paris, Hachette et Cie 1906)
Compte rendu par Jean-Joseph Marquet de Vasselot, Revue Archéologique t. 7 (4e série), 1906-1, p. 220
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Henry-René d’Allemagne. Les cartes à jouer du XIVe au XXe siècle. Paris, Hachette et Cie, 1906, in-4°; 2 vol. de xvi-504 et 640 pages, avec 3.200 reproductions, dont 956 en couleurs.


         Dans son premier volume, l’auteur a étudié l’origine et les transformations diverses du jeu de cartes, la législation, la fabrication et la vente ; puis l’histoire du jeu et l’emploi des cartes en dehors du jeu. Dans le second volume, il a examiné les conditions et l’histoire de la fabrication des jeux en France, en groupant les villes d’après les régions où étaient édités les différents « patrons» (Paris, Bourgogne, Lyon, Auvergne, Dauphiné, Provence, Languedoc, Guyenne, Limousin).

          M. d’Allemagne n’a pas beaucoup insisté sur la période du début, pour laquelle, au reste, les documents ne sont pas très nombreux. Du moins a-t-il cherché à préciser la date vers laquelle les cartes ont commencé à être en usage : elles apparaissent durant le troisième quart du XIVe siècle. Pour leur origine précise on ne saurait être aussi affirmatif ; il semble toutefois qu’elles doivent avoir été imaginées en Allemagne et qu’elles dérivent indirectement du jeu des échecs. Il s’agit, bien entendu, des cartes numérales ; car on sait que le jeu de tarot (qui provient en partie d’une suite de dessins composant une sorte d’encyclopédie sommaire, destinée à l’instruction des enfants) prit naissance dans l’Italie du Nord, au troisième quart du XIVe siècle. 

          Il eût peut-être fallu montrer plus clairement les différences de conception et surtout de style qui séparent ces deux séries de jeux. On serait tenté, en effet, de regretter que M. d’Allemagne n’ait pas insisté davantage sur l’intérêt artistique des cartes les plus anciennes. Nous lui aurions su gré de faire mieux voir en quoi leur connaissance est fort utile pour l’histoire des origines de la gravure ; comment les éléments septentrionaux et italiens s’y sont fondus et aussi comment les graveurs de cartes à jouer, artistes populaires, ont conservé jusqu’au XIXe siècle certaines traditions de simplification, de stylisation, qu’ils tiennent de leurs plus lointains prédécesseurs. 

          Mais il ne faudrait point exagérer l’importance de ces critiques ; l’ouvrage monumental de M. d’Allemagne demeurera, pour un très long temps, le traité spécial auquel on devra nécessairement se reporter, et il est appelé à rendre de très grands services.

                                       J[ean-Joseph] M[arquet de] V[asselot]