Benndorf, Otto: Zur Ortskunde und Stadtgeschichte von Ephesos (Sonderdruck aus Forschungen in Ephesos veröffentlicht vom Oesterreichischen archaeologischen Institute, I). 1 vol. in-folio, 110 p., 29 fig. et une carte.
(Vienne, Hölder 1905)
Compte rendu par Georges Lafaye, Revue Archéologique t. 7 (4e série), 1906-1, p. 221-222
Site officiel de la Revue archéologique
 
Nombre de mots : 735 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=1309
 
 

Otto Benndorf, Zur Ortskunde und Stadtgeschichte von Ephesos (Sonderdruck aus Forschungen in Epehsos [sic] veröffentlicht vom Oesterreichischen archaeologischen Institute, I). 1 vol. in-folio, 110 p., 29 fig. et une carte. Vienne, Hölder, 1905.


          Dans ce magnifique volume, édité avec un luxe qui fait le plus grand honneur aux presses viennoises, M. Benndorf nous donne les prémices de la grande exploration que l’lnstitut archéologique autrichien poursuit sur le territoire d’Éphèse. Nous avons là comme l’Introduction de l’ouvrage où seront exposées ses découvertes ; l’auteur y récapitule en les précisant les données fournies par les textes anciens sur l’histoire et la topographie de la ville, et il rectifie, dans une minutieuse analyse, les travaux de ses prédécesseurs de toute nationalité. On connaît assez son talent pour qu’il soit inutile d’insister beaucoup sur la valeur de ce premier volume, base solide d’un monument en préparation, où s’emploie activement toute une école d’archéologues exercés. Quand il sera achevé, on en pourra mieux faire ressortir la nouveauté et la perfection. Mais il convient de signaler au moins, sans plus attendre, l’intérêt de ces pages préliminaires. M. Benndorf a délimité très exactement l’étendue de l’antique Éphèse, déterminé l’emplacement de ses principaux édifices et condensé ce que l’on savait déjà, notamment sur le temple de Diane ; il a même pu indiquer plus sûrement que ses devanciers d’où l’on avait tiré le marbre nécessaire à la construction de ce sanctuaire fameux. La légende racontait qu’au moment où les autorités allaient s’adresser à des carrières lointaines, un berger découvrit par hasard dans les collines des environs un marbre d’une très grande beauté. Jusqu’ici on l’avait cherché dans les grottes du Panajir-dagh, sur lequel s’élevait la ville haute ; mais le calcaire de ce quartier n’est pas du marbre ; de plus Vitruve assure que la distance entre le temple et la carrière était de 8.000 pas ; pour rendre l’identification possible, on avait changé dans le texte les « pas » en « pieds ». M. Benndorf montre que c’était là une erreur. Il a retrouvé la carrière à la distance indiquée, et dans une tout autre direction : elle est située au Nord-Est du village d’Ajasolouk, entre Bélévi et Khalkabounar, sur le flanc des collines qui bordent la vallée du Caijstre ; des échantillons ont été rapportés par la mission autrichienne; ils attestent la présence en cet endroit de deux variétés de marbre : l’un est d’une blancheur et d’une pureté absolues, l’autre sillonné de veines légèrement bleues et grises. Du point d’extraction on amenait les blocs à Ajasolouk par la vallée et peut-être aussi par le fleuve.

          M. Benndorf discute avec le plus grand soin les identifications proposées pour les noms des montagnes et des cours d’eau ; il fixe la direction des aqueducs, la situation des ports et, à ce propos, il examine une dédicace à Isis et à Sérapis souvent alléguée dans ce débat ; comme il y est question de ναυϐατοῦντες et qu’on la disait trouvée près du temple de Diane, on en concluait qu’un canal avait dû amener les eaux de la mer jusqu’en cet endroit. Mais il est certain qu’elle a été recueillie à proximité des Thermes et du grand port, en un point où a dû s’élever un temple des divinités égyptiennes. Dans les ναυϐατοῦντες certains savants ont vu des prêtres qui participaient à la fête annuelle du Navire d’Isis. Il y aurait encore une autre hypothèse possible: c’est qu’ils aient joué un rôle dans un drame sacré, où l’on représentait Isis repêchant les membres épars d’Osiris (Foucart, Recherches sur l’origine et la nature des mystères d’Eleusis, Mém. de l’Acad. des inscr. et b.-lettres, XXXV, 1896, p. 37). Mais il parait plus probable que ces personnages sont simplement les matelots ou les passagers d’un navire à l’ancre dans le port d’Éphèse ; c’est l’opinion à laquelle se tient M. Benndorf et sa démonstration lui donne une nouvelle consistance. 

          La dernière partie contient un aperçu rapide, mais substantiel, de l’histoire d’Éphèse à l’époque impériale. Sans s’attarder aux périodes sur lesquelles on a fait une lumière suffisante, M. Benndorf a rassemblé avec précision les témoignages relatifs à l’incendie allumé par les Goths en 263, catastrophe dont la métropole d’Asie ne se releva jamais. Il faut ajouter qu’une excellente carte à grande échelle, dressée par l’Institut impérial de géographie, est jointe à l’ouvrage. Dans les volumes suivants seront exposés les résultats des fouilles ; l’éminent directeur de cette belle entreprise a des collaborateurs dignes de lui, parmi lesquels M. Heberdey ; malgré les difficultés énumérées dans sa Préface, il y a tout lieu de penser qu’ils ont déjà réuni les matériaux nécessaires et que le tome second sera bientôt en état de paraître.

G[eorges] L[afaye]