Schlumberger, G.: L’Épopée byzantine à la fin du dixième siècle. 3e partie. Les Porphyrogénètes Zoé et Théodora (1025-1057). In-4°, trois cents planches et gravures.
(Paris, Hachette 1905)
Compte rendu par Fernand de Mély, Revue Archéologique t. 7 (4e série), 1906-1, p. 223-224
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Schlumberger (G.). L’Épopée byzantine à la fin du dixième siècle. 3e partie. Les Porphyrogénètes Zoé et Théodora (1025-1057). Paris, Hachette, 1905, in-4°, trois cents planches et gravures.


          Avec ce troisième volume prend fin cette Épopée que M. G. Schlumberger a consacrée à l’histoire glorieuse des basileis byzantins des Xe et XIe siècles. 

          Si les historiens sont certains de trouver ici des faits nouveaux, de connaître là l’existence si extraordinaire des basilissa Zoé et Théodora, de pénétrer les curieuses figures de cette époque si riche en aventures amoureuses, en drames extraordinaires, en terribles révolutions de palais, les archéologues découvriront, dans l’illustration si copieuse de l’ouvrage, les documents les plus précieux, les mieux choisis, les plus patiemment réunis, pour montrer la place occupée par l’art à une époque remplie cependant d’événements aussi imprévus que sinistrement tragiques.

          M. Schlumberger a fouillé les bibliothèques ; il y a trouvé les plus admirables miniatures byzantines. L’Ambroisienne de Milan lui a fourni un Psautier du Xe s., le Vatican, le Menologion de Basile II et une Vie de saint Benoît et de saint Maur provenant du Mont Cassin, la Bibliothèque nationale de Madrid, l’Histoire de Skylitzès, la Marcienne de Venise, un Évangéliaire, la bibliothèque du couvent du Sinaï, un Cosmas Indicopleustes, un Livre de Job et un Évangéliaire, Cividale, le Psautier d’Egbert, Modène, un bien curieux Epitome Historiarum, la bibliothèque de l’Université de Turin, le merveilleux manuscrit des Petits Prophètes, la Laurentienne de Florence, un Octateuque, le monastère 

D’Iviron du Mont Athos, un magnifique Évangéliaire

          Nulle part nous ne retrouverons pareille collection d’Exultet. Ceux du Mont Cassin, du Vatican, de Bénévent, de Bari, de la Bibliothèque Barberine, du British Museum, y sont admirablement reproduits.

          Dans les églises, nous admirerons les mosaïques de Daphni, de Kiew, de Nicée, de Saint-Luc en Phocide, de Salonique, de Sérès en Macédoine, de Saint-Juste de Trieste, de Saint-Marc de Venise ; puis nous nous arrêterons devant les fresques de Kiew, de San Lorenzo près Fasano, de Sant Angelo in Formis près Capoue, de Saint-Elia près Nepi.

          Avec le savant écrivain, nous visiterons, en Orient, les ruines d’Ani, la vieille capitale détruite des rois Pagratides d’Arménie, les vieilles églises de Soulou Monastir, de Saint-Luc en Phocide, de Daphni, du Mont Athos, de Salonique, de Salamine dans l’île de Chypre, de Chio, de Mesembria, de Nicée, du Saint-Sépulcre ; puis revenant en Occident, nous demanderons aux grands Musées, aux collections particulières, d’étaler devant nos yeux leurs richesses byzantines. Nous verrons là des bronzes : une Vierge de la basilique de Torcello, un saint Théodore du British Museum, un Aigle, qui provient de la porte de Saint-Paul-hors-les-murs de Rome, une Annonciation de la collection Martin Le Roy, un Couronnement de sceptre de la collection de l’auteur.

          La suite de camées byzantins est puisée dans les trésors du British Museum, de l’Heiligen Kreuz près de Vienne, de Munich, du Cabinet des médailles de Paris.

          Mais ce sont surtout les ivoires, les os, les bois, dont le choix admirable nous permet d’étudier la délicatesse de cet art byzantin, qui, pour beaucoup cependant, paraît absolument lié par les règles d’un canon qui étreint les artistes. Mais au contraire, dans la toreutique, les artistes demeurent bien eux-mêmes, et les coffrets de la cathédrale de Capo d’Istria, du Musée de Florence, du Musée Olivieri à Pesaro, du Musée civique à Bologne, d’Arezzo, de Sens, du South-Kensington et surtout la plaque si précieuse du Musée du Louvre mettent la chose tout à fait en évidence.

          Peu nombreuses, malheureusement, sont les pièces d’orfèvrerie byzantine. Combien rares en effet sont celles qui ont échappé au creuset, alors qu’au contraire les camées, les ivoires, de nulle valeur intrinsèque, survivaient à tous es [sic] désastres ! Ils n’en sont donc que plus intéressants ces reliquaires de la Vraie Croix, du Mont Athos, du Musée de Sofia, ces plaques de reliures de la collection Martin Le Roy, de Saint-Marc de Venise, de Quedlinbourg, de la collection de la comtesse de Béarn, cette icône du Saint-Sépulcre qui nous montre l’origine des Véroniques occidentales, cette staurothèque de la collégiale d’Alba Fucense (Abruzzes), ce médaillon de Riazan, cette merveilleuse Pala d’Oro de Venise, enfin ces feuillets du diptyque byzantin de San Giovanni de Florence, dont il ne reste plus, hélas ! que l’empreinte en plâtre conservée au Vatican.

          Voilà que je m’aperçois qu’au lieu de faire le compte rendu du livre c’est la simple énumération de ses richesses que je rapporte. Mais comme je crois qu’au fond il est difficile de faire un plus bel éloge d’un ouvrage que de mettre en valeur, aussi exactement que possible, les documents intéressants qu’il contient, je ne changerai rien, je n’ajouterai rien, sinon qu’il faut maintenant citer les trois volumes de l’Épopée byzantine de M. G. Schlumberger comme le plus important monument élevé jusqu’ici à la gloire et à l’honneur de l’art byzantin.

                                               F[ernand] de M[ély].