Muller, Walter A.: Nacktheit und Entblössung in der altorientalischen und älteren griechischen Kunst. In-8, 175 p., avec 6 planches.
(Leipzig, Teubner 1906)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 7 (4e série), 1906-1, p. 487
Site officiel de la Revue archéologique
 
Nombre de mots : 422 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=1321
 
 

Walter A. Muller. Nacktheit und Entblössung in der altorientalischen und älteren griechischen Kunst. Leipzig, Teubner, 1906. In-8, 175 p., avec 6 planches.


          On trouvera, dans ce mémoire, une riche collection d’exemples de figures nues ou demi-nues, tant masculines que féminines, fournis par les monuments des arts orientaux et de l’art grec archaïque. Les divisions adoptées sont nombreuses et judicieusement choisies; chaque chapitre se termine par un petit résumé fort clair et les références bibliographiques sont toujours précises. Quand l’auteur se trouve en présence de questions difficiles, comportant des connaissances anthropologiques et ethnographiques, il paraît un peu dépaysé. L’introduction, qui traite de l’origine de la pudeur et du vêtement, pourrait donner lieu à des objections sérieuses. Les femmes spartiates, suivant Plutarque, se sont dévoilées aux yeux de leurs fils fuyant le combat ; c’était, dit M. M., pour leur faire honte. Les femmes lyciennes agirent de même, et par le même motif, pour forcer Bellérophon à la retraite (p. 9). Si M. M. avait feuilleté l’Année sociologique (notamment le mémoire bien connu de M. Durkheim), il ne se contenterait pas de raisons aussi faibles ; l’explication de faits de ce genre est d’ordre superstitieux et magique. A la p. 51, il aborde l’interprétation de la déesse nue sur les cylindres et il suppose que c’est la déesse Istar s’offrant ou même s’abandonnant aux amateurs de ses charmes (Augenblick der Hingabe). Pourquoi est-elle souvent figurée sur un piédestal ? M. M. constate bien ce fait, mais ne s’inquiète pas de l’expliquer. J’avais cependant insisté sur cette difficulté dans un mémoire sur les déesses nues dans l’art oriental (réimprimé dans Chroniques d’Orient, t. II, p. 566-584). A la p. 81, il conclut avec Dümmler, et contre MM. Perrot et Pottier, que les femmes sont réellement figurées nues sur les vases de Dipylon ; j’ai soutenu la même opinion contre M. Perrot et j’ai parlé, à ce propos, de « nudité rituelle » (Revue critique, 1899, I, p. 223-224). J’ai également signalé l’absence de femmes nues dans l’art mycénien et expliqué les deux bractées d’or de Mycènes comme une survivance du type des îles (L’Anthropologie, 1904, p. 270). M. M. paraît être arrivé indépendamment à la même conclusion (p. 72). Je ne dis pas cela pour reprocher à l’auteur de n’avoir pas dépouillé tous les périodiques français, mais pour constater que nous sommes d’accord sur quelques points importants (1). M. Muller est le premier qui ait traité, dans son ensemble, la question de la nudité des deux sexes dans l’art archaïque ; il l’a fait avec un soin et une compétence qui nous promettent un archéologue de talent.

S[alomon] R[einach]

(1) Cf. Cultes, mythes et religions, t. I, p. 140, 166 et suiv.