Helbig, W.: Sur les attributs des Saliens. Gr. in-8, 72 p.
(Paris, Klincksieck 1905)
Compte rendu par Adolphe Joseph Reinach, Revue Archéologique t. 6 (4e série), 1905-2, p. 175-176
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W. Helbig. Sur les attributs des Saliens. Paris, Klincksieck, 1905. Gr. in-8, 72 p.


L’institution des Saliens est antérieure au synoikismos qui a fondé Rome. Les deux confréries primitives ont toujours subsisté ; Saliens du Palatin adorant Mars Gradivus, Saliens du Quirinal adorant Quirinus. Représentants sacerdotaux de l’ancien patriciat militaire, ils en ont religieusement conservé l’habillement et l’armement. Les écrivains de la Rome impériale ont plusieurs fois décrit les Saliens ; mais, pour comprendre leurs descriptions confuses et parfois contradictoires, il fallait les éclairer des découvertes de l’archéologie ; tombes à fosse et à puits de l’Étrurie et du Latium, tombes à coupole du monde mycénien. C’est surtout l’idée, aujourd’hui universellement admise, de l’influence prépondérante de la civilisation mycénienne sur l’Occident comme sur l’Orient aux environs du Xe siècle, qui a permis à M. Helbig de reconstituer le vêtement et l’armement des Saliens et, par là, des peuplades latines du IXe au VIIe siècle av. J. C. Sur une tunique courte, de couleurs vives, où domine le pourpre (φοινίκοι, ποικίλοι, pictae), ils portaient une trabea blanche ornée de bandes et d’un bord de pourpre (περιπόρφυρος, φοινικοπόρυφος), serrée au bas-ventre par une ceinture plaquée de bronze ou entièrement en bronze (χαλκαῖ μίτραι, πλατεῖαι) ; un pectoral de bronze (aeneum pectoris tegumen), retenu par une courroie passée derrière la nuque, complétait leur armement défensif. Leur tête était protégée par une calotte en cuir, feutre ou grosse laine, haute et raide (pilei, κυρϐασίαι), se terminant en pointe (apex) ; le cimier et la base étaient d’ordinaire garnis de plaques de bronze ; parfois la coiffure entière et la mentonnière qui la fixait étaient cerclées de métal, formant un véritable casque ; leurs jambes étaient garnies de guêtres en cuir ou en étoffe noire (κρηπῖδες) ; leurs pieds de sandales pourvues d’un système de courroies qui les protégeaient jusqu’au dessus de la cheville (ἀρϐύλαι). Au flanc, ils portaient un glaive court, en fer, ayant de 30 à 50 cm. de long, ne pouvant servir que d’estoc (ἐγχειρίδια μικρὰ) ; à la main droite, une lance légère qu’on pouvait lancer comme un javelot, avec une pointe de fer d’environ 30 cm. fixée à la hampe par une spirale en bronze d’environ 

0,20 cm. ; au bras gauche, enfin, l’ancile, arme caractéristique des Saliens, bouclier oblong, échancré des deux côtés, passé au cou par une courroie 

(τελαμών, lora) et muni sans doute de deux poignées (ὄχανα). C’est le bouclier mycénien, de dimensions réduites et plus maniable, tel que l’avaient modifié à leur usage les mercenaires ioniens ou cariens. 

                                       A[dolphe] J[oseph] R[einach]