Michel, André (dir.): Histoire de l’art depuis les premiers temps chrétiens jusqu’à nos jours. Ouvrage publié sous la direction de M. André Michel. Tome I. Des débuts de l’art chrétien à la fin de la période romane. Première partie. Gr. in-8 de iv-440 p., avec 5 planches et 207 gravures dans le texte.
(Paris, Colin 1905)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 6 (4e série), 1905-2, p. 178-179
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Histoire de l’art depuis les premiers temps chrétiens jusqu’à nos jours. Ouvrage publié sous la direction de M. André Michel. Tome I. Des débuts de l’art chrétien à la fin de la période romane. Première partie. Paris, Colin, 1905. Gr. in-8 de iv-440 p., avec 5 planches et 207 gravures dans le texte.


          Si la suite de ce grand ouvrage répond aux espérances qu’autorisent la première partie et le nom de M. André Michel, directeur de la publication, la France possédera, d’ici quelques années, une histoire de l’art chrétien que l’Allemagne et l’Italie pourront à bon droit lui envier. Non seulement, en effet, les chapitres signés de MM. Pératé, Enlart, Millet, Leprieur, Bertaux, etc., sont, comme l’on dit, au courant de la science ; non seulement l’illustration qui les éclaire est à la fois abondante, luxueuse et intelligemment choisie ; mais, qualité plus rare, le texte se lit avec facilité et agrément, sans être ni frivole ni superficiel. Je signalerai surtout aux archéologues l’étude d’ensemble de l’art byzantin, par M. G. Millet (p. 127-299), qui devra être désormais le point de départ de toute étude sur ce vaste sujet ; félicitons l’auteur, qui est byzantiniste de profession, d’avoir résisté à la tentation, si naturelle aux spécialistes, d’exagérer les qualités d’un art qu’il connaît si bien. 

          Chacun des chapitres qui composent ce volume devrait être l’objet d’un examen détaillé, destiné, d’une part, à en mettre en relief les idées maîtresses, d’autre part à discuter les points litigieux. C’est ce qu’il m’est impossible de faire ici ; même si je disposais de la place nécessaire, la compétence me manquerait. Voici pourtant quelques observations dont l’éditeur pourra tirer parti, s’il les croit justes, lors d’un second tirage qu’on est en droit d’espérer prochain. P. 20, 22, etc. M. Pératé ne dit rien des sources orphiques du christianisme ; les « prairies éternellement vertes », le « rafraîchissement » de l’au-delà ne sont pas des idées chrétiennes, mais orphiques. P. 24, les peintures des arcosolia de S. Prétextat ne sont nullement mithriaques, car Sabazius n’est pas Mithra. P. 37. M. Pératé traduit mal un passage essentiel de l’inscription d’Abercios ; « Le poisson très grand et très pur qu’a porté la Vierge chaste. » Il y a, dans le grec, ἐδράξατο, qui signifie a pris ou a pêché et rien n’autorise à écrire Vierge avec une majuscule. Cette inscription n’a pas encore été expliquée d’une manière satisfaisante et, parmi les commentaires qu’elle a suggérés, il en est qui — pour parler avec réserve — sont tendancieux. P. 399. Je trouve une liste de savants qui ont exposé les origines scythiques de l’art barbare ; les deux archéologues auxquels revient la priorité de cette thèse, Lasteyrie et Hampel, ne sont pas cités, alors qu’ils devraient l’être à titre exclusif. P. 426, ce qui est dit sur l’émaillerie de Bibracte est une série d’hérésies qu’on s’étonne de lire en 1905 ; l’auteur n’est pas bien informé de la question. — Les bibliographies, qui font suite aux différents chapitres, sont généralement bonnes ; il faut pourtant faire exception pour la dernière, où on lit (p. 430) Modesco pour Odobesco (avec millésime inexact), Guarrayar pour Guarrazar et où les ouvrages les plus importants sur la matière, le Handbuch de Lindenschmit et les beaux mémoires de M. Pilloy, ne sont même pas cités. 

                                               S[alomon] R[einach]