Bayet, C.: Précis d’histoire de l’art. Nouvelle édition entièrement refondue. In-8, 462 p. avec 230 gravures dans le texte.
(Paris, Picard et Kaan 1905)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 6 (4e série), 1905-2, p. 187
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C. Bayet. Précis d’histoire de l’art. Nouvelle édition entièrement refondue. — Paris, Picard et Kaan, 1905. In-8, 462 p. avec 230 gravures dans le texte.


          Cette nouvelle édition du Précis de M. Bayet diffère des précédentes par plusieurs caractères ; elle est richement illustrée, l’histoire de l’art (embrassant même les pays d’Extrême-Orient) est conduite jusqu’à la fin du XIXe siècle et l’auteur a ajouté des bibliographies à la fin de chaque chapitre. L’ouvrage est bien disposé, clair et sans prétention ; on le lit avec plaisir et ou le relira volontiers.

          Dans la préface, M. Bayet s’excuse d’avoir éliminé beaucoup de noms et de faits ; il me semble qu’il en a laissé encore trop. Est-il bien nécessaire à un commençant de connaître Marouyama (p. 148), Moitte (p. 371), Paganino

(p. 278), Paulsen (p. 442) et bien d’autres encore ? Je crois qu’en pareille matière il faut résolument élaguer pour donner plus de relief aux grands noms ; il faut aussi faire une place digne d’eux aux vrais génies. Quelques-uns de ces derniers pourraient se plaindre. Ainsi, dans le Précis, il y a trois lignes et quart sur un des peintres les plus charmants de tous les siècles, Andréa del Sarto, et il y en a onze sur Jean-Baptiste Lemoyne, dix sur Ary Scheffer. N’est-ce pas faire tort à Andréa del Sarto que de paraître le subordonner à des médiocrités comme Lemoyne et Scheffer ? (1) 

          Dans la bibliographie, les ouvrages sont cités tantôt avec millésime, tantôt sans millésime ; l’absence de date n’est pas sans inconvénients, car le millésime d’un ouvrage d’art indique souvent le cas qu’il convient d’en faire. P. 16, lire Grosse ; Muther n’a pas écrit une histoire générale de la peinture. P. 17, l’ouvrage de Gonse n’est pas un catalogue. Ibid., ce n’est pas rendre justice au Musée d’art que de le qualifier d’album ou d’atlas ; le texte de cet ouvrage contient des chapitres excellents (par exemple ceux de MM. Diehl et Mâle) et s’il y en a de faibles (en particulier ceux de Muntz, signés Del Monte), le texte en est plus développé que celui du Précis même de M. Bayet. P. 64, c’est Trawinsky qui a traduit Helbig, non Engelmann. P. 252, Jan van Eyck est mort en 1441, non en 1440. P. 256, je me frotte les yeux quand je lis que Bouts, Van der Goes et Gérard David sont des « artistes de second ordre ». Ce sont les héros de la peinture ; demandez à Fromentin.

          On pourrait multiplier ces observations de détail ; elles n’empêcheront pas ce livre de rendre, sous sa forme complétée et rajeunie, de bons services à l’enseignement de l’histoire de l’art.

                                                   S[alomon] R[einach]

(1) En revanche, Sassoferrato manque à l’index ; c’était pourtant un meilleur peintre que Natoire (p. 344) ou que Jacques Stella (p. 328).