Bégule, Lucien: Les incrustations décoratives des cathédrales de Lyon et de Vienne. In-4° de 104 p., avec 159 figures.
(Lyon et Paris, Rey et Picard 1905)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 6 (4e série), 1905-2, p. 363-364
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Lucien Bégule. Les incrustations décoratives des cathédrales de Lyon et de Vienne. Lyon et Paris, Rey et Picard, 1905. In-4° de 104 p., avec 159 figures.


          Monographie admirablement illustrée et qui met en lumière tout un important ensemble de faits nouveaux. Dans les cathédrales de Lyon et de Vienne, dans une église de Vienne et dans les débris du tombeau de S. Lazare à Autun, le marbre blanc est souvent décoré d’incrustations en ciment coloré dont il n’y a pas d’exemple dans les cathédrales du nord de la France. M. Bégule a recherché les origines de ce système de décoration, après en avoir décrit très exactement les spécimens. Il a prouvé qu’une technique toute semblable se constate dans les églises grecques du XIe siècle, qu’elle a d’abord été adoptée en Italie, vers 1100, dans les villes à demi-byzantines de la Pouille et de la Vénétie, qu’elle a passé de là en Lombardie et s’est développée en Toscane. Entre 1150 et 1180 elle pénètre à Lyon, à Vienne et à Autun. Venise a sans doute servi d’intermédiaire entre la Grèce et la Toscane ; les incrustations françaises sont peut-être l’œuvre de scarpellini lombards, qui franchissaient volontiers les monts. Au XIIIe siècle, le magnifique développement de l’architecture française élimine cet élément étranger ; mais la pratique de l’incrustation fut conservée dans la décoration des monuments liturgiques et des pavements.

          Dans le monde byzantin, la technique de incrustation est elle-même l’hériritière [sic] d’une longue évolution, qui commence avec de curieuses sculptures chaldéennes, mises en lumière par M. Heuzey, et se poursuit avec les marqueteries de marbre alexandrines de l’opus sectile romain. M. Bégule est parfaitement informé de tout ce développement ; je ne vois guère à ajouter qu’une mention des sculptures de Palmyre et de Baalbeck, où le procédé de l’incrustation paraît avoir été souvent appliqué (cf. Revue, 1902, I, p. 19-33).

          Ce livre est digne de l’auteur, aussi savant que modeste, auquel on doit la belle Monographie de la cathédrale de Lyon, publiée il y a vingt-cinq ans avec M. Guigne.

                                               S[alomon] R[einach]