Rodocanachi, E.: Le Capitole romain antique et moderne. xliv-223 p., 74 gravures dans le texte et 6 planches hors texte.
(Paris, Hachette 1904)
Compte rendu par Alfred Merlin, Revue Archéologique t. 4 (4e série), 1904-2, p. 149-151
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E. Rodocanachi. Le Capitole romain antique et moderne. Paris, Hachette, 1904. xliv-223 p., 74 gravures dans le texte et 6 planches hors texte.


           M. Rodocanachi vient de consacrer un volume très luxueusement édité et orné de nombreuses gravures à l’histoire du Capitole. La rédaction de la première partie, le Capitole dans l’antiquité, a été confiée à M. Homo, que ses belles études de topographie romaine désignaient mieux que tout autre pour cette tâche, et qui a donné sur la topographie de la hauteur capitoline, les destinées de ses sanctuaires, les épisodes de ses annales une vue d’ensemble tout à fait précise et bien documentée (p. iii à xliv). M. Rodocanachi s’est réservé pour lui-même le Capitole au moyen âge et dans les temps modernes ; il s’est attaché à nous tracer de la formation des palais, des changements et des restaurations qu’ils ont subis, une description minutieuse, où nous pouvons suivre dans le plus petit détail l’évolution architecturale de ces édifices ; aussi intéressantes que les phases diverses de ces remaniements et de ces constructions nouvelles, sont les scènes qui se déroulent dans ou devant le palais sénatorial, auquel vient s’ajouter, depuis la fin du XIVe siècle, le palais des Conservateurs ; marché, couronnements poétiques, fêtes, exécutions[.] M. Rodocanachi a réuni sur tous ces faits de l’histoire du Capitole des renseignements très nombreux qu’il a disposés avec méthode et dont certains sont fort curieux. L’auteur s’arrête longuement, avec raison, aux modifications que subissent les palais au XVIe siècle ; c’est à ce moment que le palais du Sénateur perd l’aspect de château-fort féodal qu’il avait depuis l’origine et qu’il devient « le correct monument symétriquement encadré qu’il est aujourd’hui ». Cette transformation a été décidée à l’occasion de la venue de Charles-Quint à Rome en 1536 ; Michel-Ange traça le plan des embellissements, mais, faute d’argent, l’exécution de ce programme ne marcha pas très vite et ce n’est qu’à la fin du XVIe siècle, sous Clément VIII, que l’œuvre fut terminée. Une des phases principales de ces travaux fut le transfert de la statue de Marc-Aurèle, qui décorait la place du Latran, sur la place du Capitole. M. Rodocanachi (p. 70-77) rappelle les légendes qui se rattachaient au moyen âge à ce cheval de bronze. Il insiste aussi, à bon droit, sur les musées capitolins, et leur consacre une partie étendue de son volume (p. 139 à 161). Fondée par Sixte IV qui donna au palais des Conservateurs, entre autres, la Louve de bronze et la statue du Tireur d’épine, inaugurée solennellement le 14 décembre 1471, la collection d’antiques s’accrut assez vite ; déjà, en 1523, des ambassadeurs vénitiens étaient frappés de « l’infinie quantité de figures en marbre et en bronze » qu’elle renfermait. Les générosités des papes (Léon X, Paul III, Grégoire XIII), les scrupules religieux de Pie V, les legs des particuliers, les acquisitions du Conseil enrichirent de notable façon au XVIe siècle le premier fonds constitué par Sixte V ; au début du XVIIe siècle, qui fut moins fructueux pour le musée, on se mit à classer tous les objets qui étaient jusque-là entassés confusément et sans méthode et, pour remédier à l’encombrement qui régnait dans le palais des Conservateurs, on se décida à opérer le transport de certaines pièces dans le nouveau palais situé en face, qui avait été commencé sous Clément VIII et venait d’être achevé, au moins à l’extérieur, sous Innocent X. Décrétée au milieu du XVIIe siècle, cette translation se fit avec une lenteur remarquable ; ce fut seulement en 1734 qu’eut lieu l’inauguration de la nouvelle galerie. Clément X en fut le véritable créateur ; il lui attribua une partie des antiquités du cardinal Alessandro Albani, entre autres la série des bustes impériaux qui en est une des curiosités et lui donna le Gladiateur mourant. Benoît XIV mérite aussi d’être rangé au nombre des bienfaiteurs du musée qu’il gratifia de la Vénus (1752). L’abondance des détails qui y sont contenus fait du chapitre de M. Rodocanachi une contribution très importante à l’histoire des collections capitolines et qui est à consulter au même titre que l’étude si remarquable que M. Michaelis avait écrite sur ce sujet en 1891 dans les Roemische Mittheilungen.
          L’intérêt du volume de M. Rodocanachi est, comme on le voit, très réel, par l’ensemble des documents jusqu’ici épars ou nouveaux qui y sont réunis et utilisés, et par les renseignements très précieux qu’on y trouve sur le Capitole antique, médiéval et moderne ; c’est un livre de synthèse qu’on lira et dont on se servira avec profit.
A[lfred] M[erlin]