Studniczka, Franz: Tropaeum Trajani. Gr. in-8, 152 p., avec 86 gravures.
(Leipzig, Teubner 1904)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 4 (4e série), 1904-2, p. 151-152
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Franz Studniczka. Tropaeum Trajani. Leipzig, Teubner, 1904. Gr. in-8, 152 p., avec 86 gravures. Prix : 8 mark.


          Dans la Dobroudja, à Adam-Klissi, près du municipe dit Tropaeum Trajani, MM. Niemann, Benndorf et Tocilesco étudièrent un grand monument qui portait une dédicace de Trajan. Non loin de là, quelque temps après, on trouva un autre monument avec inscription de Trajan, en mémoire des soldats tombés dans la guerre dacique. La date et la désignation du Tropaeum semblaient ainsi définitivement fixées. M. Furtwaengler n’en crut rien. Suivant lui, les sculptures barbares du trophée étaient augustéennes, non pas trajaniennes ; l’ensemble avait été élevé par M. Licinius Crassus, en 28 av. J.-C[.] ; les ennemis vaincus n’étaient pas des Daces, mais des Bastarnes ; la pierre portant l’inscription, laissée sans épigraphe du temps de Crassus, avait été pourvue d’une dédicace par Trajan, qui restitua le monument d’Adam Klissi, mais ne le construisit pas. Dans la défense de cette thèse, M. Furtwaengler fit preuve d’une telle habileté qu’on put croire, un instant, qu’il avait gagné la partie ; M. de Duhn et (si je suis bien informé) M. de Domaszewski furent ébranlés, presque convaincus. MM. Benndorf et Peterson ne se rendirent point ; un allié singulièrement bien armé pour la lutte, M. Studniczka, vient de leur apporter le concours de son savoir et, reprenant la question sous toutes ses faces, de leur donner raison.

          Cette controverse a été très féconde, car elle a obligé les archéologues à regarder de près, après tant de siècles d’oubli, l’art romain provincial et l’art des soldats des légions (1). C’est comme contribution à cette étude trop négligée que la dissertation de M. Studniczka est surtout précieuse ; l’architecture et la sculpture décorative du monument d’Adam Klissi ont été analysées par lui en grand détail et éclairées par la comparaison de restes analogues, dispersés aux quatre coins de l’Empire romain. C’est peut-être la première fois qu’un archéologue « classique » montre une connaissance aussi étendue des antiquités de la Gaule et de l’Afrique, unie à celle de l’Italie et de l’Orient grec. Il a, du reste, bien raison de se plaindre que les matériaux de comparaison soient dispersés et peu accessibles ; en serait-il de même si l’Institut allemand avait publié les bas-reliefs du monde antique à la façon de Clarac ou de son continuateur, au lieu de consacrer une série de coûteux volumes à la seule série des bas-reliefs funéraires attiques ?

          P. 113, note, M. Studniczka ignore que le prétendu Alexandre de Barking Hall a été déjà publié par Clarac (972, 2509 A.)

                                                             S[alomon] R[einach]

(1) Quasiarchaische Roheit dieses Soldatenwerkes (p. 152). Lorsque M. Tocilesco, en 1895, vint s’établir à Saint-Germain pour réunir les matériaux de sa publication sur Adam Klissi, je lui exprimai à plusieurs reprises l’opinion que les sculptures de ce monument, comme celles des bas-reliefs funéraires de la vallée du Rhin, étaient l’œuvre de soldats. Je suis heureux de voir que cette idée a fait son chemin. Ceci n’est pas une revendication de « priorité ! ».