Hulin (de Loo), G.: L’Exposition des primitifs français au point de vue de l’influence des frères Van Eyck sur la peinture française et provençale. 52 p. in-8.
(Paris, Floury 1904)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 4 (4e série), 1904-2, p. 155
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G. Hulin (de Loo). L’Exposition des primitifs français au point de vue de l’influence des frères Van Eyck sur la peinture française et provençale. Paris, Floury, 1904, 52 p. in-8.


Le catalogue de M. Bouchot, très remarquable d’ailleurs, abuse parfois de l’épithète française appliquée à des peintures flamandes ; l’école dite picarde par M. Benoît comprend des artistes « mal mariés ». L’art qui fleurissait en France vers 1400 est franco-flamand, non français. Depuis 1425, nous avons des portraits flamands où les modèles sont figurés de trois quarts et non de profil ; cette formule est née dans les Pays-Bas et a gagné de là la France et l’Italie. C’est l’époque de « l’expansion triomphale de l’art eyckien ». Les Anges de Bourges (avant 1453) en révèlent l’influence ; M. Hulin se garde de les attribuer à Fouquet. Mais, dans les œuvres authentiques de Fouquet, on rencontre, sur un fond bien français, « des influences italiennes et surtout flamandes entrecroisées ». Le maître du portrait de la galerie de Liechtenstein n’est pas Fouquet, mais un disciple immédiat de Van Eyck. Celui de l’Annonciation d’Aix est un Flamand travaillant en Provence, qui ressemble au peintre bâlois Conrad Witz et a peut-être été son maître ; ne serait-ce pas Barthélemy de Clerc, qui, à en juger par son nom (de = le), devait être Flamand de naissance ? La Résurrection de Lazare, de la collection Kaufmann, est peut-être du Hollandais Copin Delf, qui travailla pour le roi René de 1456 à 1488. En revanche, Nicolas Froment est bien un Provençal, mais qui imite les Flamands. Le Couronnement de la Vierge d’Enguerrand Charonton est une œuvre où se combinent les influences françaises, italiennes et eyckiennes. La tradition autochtone en Avignon est représentée par la Pietà de Villeneuve, œuvre qui ne relève ni de Tours ni de Paris, où l’on sent « une âpre saveur de terroir ». Chez ce maître innommé, « ce qui est d’origine flamande n’est que moyen, au service de son idéal national ». En résumé, il n’y a, au milieu du XVe siècle, que deux types de peinture tout à fait originaux et doués d’une puissance d’expansion ; celui de l’Italie centrale et celui des Pays-Bas. Le second domine d’abord, puis le premier. Pourtant, les régions intermédiaires ont eu leurs traditions et leur caractère propre ; l’école de Provence en est un exemple significatif.

S[alomon] R[einach]