Ménard, Louis: Du Polythéisme hellénique
2e édition, in-12°
(Paris, Charpentier 1863)
Compte rendu par A. M., Revue Archéologique 8, 1863-4, 2e série, p. 192
Site officiel de la Revue archéologique
Lien avec l'édition numérique de ce livre
 
Nombre de mots : 498 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=140
 
 

Du Polythéisme hellénique, par Louis Ménard, docteur ès-lettres. 2e édition. Paris, 1863, in-12.


On a déjà composé plusieurs histoires de la religion des anciens Grecs. Presque tous les points importants de leur théogonie et de leur culte ont été traités dans des dissertations ou des livres spéciaux. Les personnes qui veulent se faire une idée du polythéisme antique se perdent facilement dans cette multitude d’écrits et ont de la peine à se guider pour étudier systématiquement la religion hellénique. M. Louis Ménard a entrepris dans ce livre de présenter sous une forme concise, substantielle et attrayante, les résultats généraux auxquels la critique a été conduite. Il expose successivement les origines de la religion des Grecs, qu’il va cher­cher chez les premiers poëtes ; les rapports de l’art avec la religion el le culte ; la constitution du sacerdoce, des oracles et des mystères ; enfin l’influence de l’Orient et de la philosophie sur les croyances helléniques : tout cela est présenté dans un style élégant, avec une érudition sobre mais solide. Artiste en même temps qu’érudit, l’auteur était plus propre qu’un autre à mettre en relief la liaison étroite qui existait en Grèce entre l’art et la religion, sujet qui fait précisément le domaine d’une des branches les plus importantes de l’archéologie. Plein d’enthousiasme pour la Grèce primitive, il cherche la trace de ses chefs-d’œuvre aujourd’hui en grande partie dispa­rus. Peut-être refuse-t-il trop aux monuments que nous avons conservés le pouvoir de nous en donner l’idée. Une étude plus attentive des vases l’aurait sans doute convaincu que nous n’avons pas là seulement des pro­duits des dernières périodes de l’art. Ce qui reste du Parthénon, du temple de Phigalie, du mausolée d’Halicanasse, du sanctuaire d’Olympie, sont des échantillons, à certains égards suffisants, pour nous donner autre chose qu’une intuition du génie antique animant ses créations d’un pro­fond sentiment religieux. Mais à part quelques jugements qui pourront paraître hasardés, le livre de M. Ménard n’en est pas moins un tableau des plus vrais et des plus sincères de la religion hellénique. Il est très propre à initier ceux qui veulent aborder l’étude de l’antiquité, et à faire naître chez les antiquaires, demeurés auparavant absorbés dans des travaux de détails, une conception d’ensemble qui élèvera leurs vues et ajoutera à la portée de leurs jugements. Si, après avoir lu le livre de M. Ménard, on ne se sent pas aussi convaincu qu’il l’est de l’excellence de la vieille société grecque, on aura du moins appris à la mieux connaître et à l’aimer davan­tage. Cet ouvrage est déjà arrivé à sa seconde édition, et, en le réim­primant, l’auteur y a introduit d’heureuses améliorations. Il règne encore aujourd’hui tant de notions fausses sur les religions de la Grèce, provenant de ce qu’une foule de personnes s’en tiennent à des ouvrages arriérés, qu’un livre comme celui de M. Ménard rendra d’incontestables services ; après l’avoir lu, on recourra sans danger à des publications antérieures où se trouvent mêlées à des assertions inexactes, des choses excellentes, car on aura alors un guide qui permettra d’opérer le départ entre la vérité et l’erreur. A. M.