Ruggiero, Ettore de: Dizionario epigrafico di antichità romane. Grand in-8° à deux colonnes, en cours de publication.
(Roma, L. Pasqualucci 1895-6)
Compte rendu par Robert Mowat, Revue Archéologique t. 4 (4e série), 1904-2, p. 431-435
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Ettore de Ruggiero. Dizionario epigrafico di antichità romane. Roma, L. Pasqualucci, 1895 et suiv. ; grand in-8° à deux colonnes, en cours de publication.


          Losqu’en 1886 M. Ettore de Ruggiero, conservateur du Museo nazionale Romano installé dans les thermes de Dioclétien, fonda le Dizionario epigrafico avec le généreux concours de l’éditeur L. Pasqualucci, le directeur du Bulletin épigraphique de la Gaule eut la bonne fortune d’être le première saluer l’apparition du fascicule spécimen en dehors des frontières italiennes. « Cette œuvre magistrale, disait-il, sera bientôt entre les mains des érudits, jeunes ou vétérans, trop heureux d’avoir enfin un aide-mémoire informateur sous une forme aussi commode ; dès à présent, on ne se compromet pas en lui prédisant un succès comparable à celui des spicilèges épigraphiques d’Orelli, d’Henzen, de Wilmanns. Les articles sont sobres, substantiels et à hauteur de la science ; quand le sujet le comporte, ils prennent les proportions d’une dissertation monographique. M. de Ruggiero mérite les félicitations et la reconnaissance des savants ». 

          A notre tour, nous nous félicitons de n’avoir pas hésité à encourager cette entreprise, bien qu’elle pût paraître un peu prématurée à un moment où le Corpus des inscriptions latines, qui en constitue nécessairement la substruction fondamentale, était à peine parvenu à mi-chemin de son accomplissement. Il est bon de rappeler qu’alors les dix-sept tomes formant la matière encore incomplète des volumes I-X sans leurs suppléments étaient seuls à la disposition des rédacteurs du Dizionario en formation ; quant aux vingt et un tomes ou fascicules entre lesquels se répartissent les volumes XI-XV et le surplus, ils étaient à l’état de lettres closes.

          La tentative, on le voit, était aussi hardie qu’ardue ; mais puisqu’il se présentait un groupe suffisant de savants de bonne volonté, il fallait la soutenir à tout prix et ne pas laisser passer une occasion qui pouvait ne pas renaître plus tard. C’est ce qu’ont compris ceux qui ont eu foi dans l’énergie persévérante des promoteurs de l’œuvre, mais qui ne se dissimulaient pas les difficultés d’exécution, tant financières que techniques. Qu’on y réfléchisse un instant, et l’on ne sera point surpris que le Dizionario ait subi naguère une interruption ; heureusement, ce n’était qu’une éclipse temporaire ; la publication reprend sa marche régulière, qui paraît d’autant mieux assurée qu’elle coïncide avec l’achèvement virtuel du Corpus inscriptionum latinarum. Il est possible qu’elle subisse de nouveaux ralentissements, mais, au point où elle est parvenue, on peut tenir pour certain qu’elle aboutira quand même. Une publication parallèle, avec laquelle elle a des affinités essentielles, le Dictionnaire des antiquités grecques et romaines de Daremberg et Saglio, est passée par des vicissitudes analogues dues à la même cause, savoir l’extension des notices dont le nombre et le développement imprévus ont déjoué les calculs les plus réfléchis. Ainsi en est-il du Corpus lui-même et de tous les autres grands recueils similaires ; pour la bibliothèque d’un particulier, devenue trop petite pour suffire à l’envahissement, il y a là évidemment une cause de gêne ; mais les trésors d’érudition sont avant tout destinés aux dépôts des grands établissements scientifiques, qui ont pour eux l’avantage de la pérennité.

          Étant de ceux qui ont l’instinct, — ou la manie, si on le préfère — du conservatisme, j’ai toujours recommandé à mon relieur de respecter les couvertures de brochage, prospectus, etc. afin d’y retrouver une foule de renseignements utiles à l’occasion. Cela me procure la satisfaction de relire le programme lancé par l’éditeur du Dizionario et d’y noter la promesse contenue dans ces mots ; « La pubblicazione sarà compresa in circa 80 fascicoli ». Aujourd’hui, bien que le nombre de pages de chaque fascicule, primitivement fixé à 24, ait dû être dès le début porté à 32, la publication est précisément arrivée au 80e fascicule. Or, à quel degré d’avancement alphabétique correspond ce chiffre ? Tout au plus à la lettre G, et encore y manque-t-il la totalité du D et du E, sans compter une bonne partie du C. Évidemment, pour ne pas bouleverser la tomaison, il faudra dédoubler le numérotage des volumes.

          Si curieuse que soit cette espèce de statistique, il ne faut point en fatiguer le lecteur. Aussi bien, l’intérêt principal est-il moins de chercher à deviner l’échéance finale que de mesurer le chemin parcouru et de se rendre compte des résultats acquis ; pour le moment, tenons-nous en au positif.

          Le premier volume est complet en 1087 pages, y compris la feuille de titre, le faux-titre et les Indici. C’est désormais un livre de bibliothèque qui a sa place marquée sur les rayons, comme une pierre d’attente. Pour continuer la comparaison avec le Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, on constate un autre point de ressemblance ; le volume de tête de chacun des recueils a le même sous-titre concis, A-B ; d’où il suit que la même envergure alphabétique s’est imposée de part et d’autre.

          Depuis le mot Abacus jusqu’à Byzacena le Dizionario n’a pas enregistré moins de 1.290 articles d’étendue nécessairement très variable suivant leur nature et leur importance, les uns courts et rédigés en deux ou trois lignes au plus, comme « ABILICI. — Popolazione della Spagna nota soltanto per una lapide ritrovata nell’Asturia (Astures Transmontani) ; C. II, 2698….. ex gente Abilicorum. » La dernière phrase signifie que l’exemple cité est tiré du Corp. insc. lat., vol. II, n. 2698. A ce propos, je relève sur la couverture des premiers fascicules l’avis suivant ; « Alla fine dell’opera sara dato un elenco completo di tutte le abbreviazoni. » L’attente sera forcément assez longue ; il semble qu’il eût été plus pratique d’annexer à la fin de chaque volume la table des abréviations bibliographiques qu’il comporte. A défaut de quoi, gardez les couvertures.

          D’autres notices ont exigé un développement de plusieurs pages, soit 4 pour Accensus, 14 pour Achaia, 60 pour Aedes, Aedicula, 21 pour Asia. Je prends cette dernière comme spécimen de la division en paragraphes numérotés avec renvois à leurs pages respectives ;

          Asia [D. VAGLIERI]….. 714.

          1. Istituzione della provincia 715. — 2. Confini della provincia. — 3. Governatori 716 ; titoli ed elenco 717. — 3 a legati del proconsole 722 ; titoli ed elenco. — 4. Quaestor provinciae Asiae 724 ; elenco. — 5. Praefectus fabrum proconsulis. — 6. Lictor proconsulis. — 7. Procuratores 724 ; elenco 725. — 8. Riforme posteriori 725. — 9. Demanio imperiale (procurator, adores, conductores etc.). — 10. Imposte 726 ; fiscus asiaticus. — 11. Officiali, inferiori 727. — 12. Divisione in regioni. — 13. Conventus iuridici. — 14. Dieta 727 ; 728. — Asiarcha, ἀρχιερεὺς 728 ; elenco 729 ; titoli delle città (μητρόπολις, νεωκόρος, πρώτη) 731. — 15. Ordinamento delle città 732. — 16. Ordinamento governativo posteriore. — 17. Presidio e reclutamento 733. — Vie pubbliche.

          Les articles qui n’ont pas de signature d’auteur sont de la plume de M. E. de Ruggero en sa qualité de rédacteur en chef ; ils sont en si grand nombre qu’il devient difficile de faire un choix entre eux. Quant aux collaborateurs dont il s’est assuré le concours éprouvé, il en est un, M. le professeur Dante Vaglieri, qui doit être considéré comme son premier lieutenant ; il a signé les notices ; Adiutrix (legio) ; Aedituus ; Aesculapius ; Ala ; Alaudae (legio V) ; Albinus (D. Clodius Septimius) ; Alexander Severus ; Apollinaris (legio XV) ; Apollo ; Aquileia ; Asia ; Augusta (legio II, III, III) ; Belenus ; Bellona ; Bona Dea.

          Les autres ouvriers de la première heure ont également droit à une citation avec éloges ;

          E. Ciccotti, Amicus ; Ammon ; Antoninus Pius ; Arcadius ; Augustus ; — L. Cantarelli, Anagnostes ; — J. Fuchs, Arca ; Atrium ; Aurelianus. — E. Bormann, Arna ; Asisium. — G. Beloch, Arretium. — G. Gatti, Arvales. — 

P. Sticotti, Asseria. — S. Ricci, Athleta. — F. Cumont, Attis. — V. Spinazzola, 

Augur. — A. von Premerstein, Augustales. — L. Quatrana, Aurum. — 

E. Ferrero, Balbinus ; Britannica (classis). — G. Chiesa, Bellunum. — B. Kuebler, Beneficium ; Bibliotheca. — P. Rotla, Beneventum. — M. Pestalozza, 

Bergomum ; Bononia. — L. Papini, Bovianum. — A. Brambilla, Brixia. — 

L. Cappelli, Brundisium.

          En pareille entreprise, le terme est fatalement marqué par la feuille des corrections et additions, aussi inexorable que celle des contributions directes à l’échéance annuelle. Aussi, le promoteur l’a-t-il fait entrer dans ses prévisions, s’engageant galamment à tenir compte des observations éventuelles qu’il est tout le premier à provoquer ; « Accoglierò quindi con gratitudine quei consigli e quelle osservazioni che ispirerà l’amore degli studi e sarò lieto se mi sarà

dato di valermene a tempo nel corso della pubblicazione, ovvero, in fine di 

essa nelle appendici ». C’est dans la même disposition d’esprit que je signale à 

M. E. de Ruggiero quelques indications, s’il veut bien les accepter comme une faible part de collaboration cordiale au futur post-scriptum du Dizionario.

          ABARCERE. Inscription de Barran (Gers). Bull. épigr. de la Gaule, II, 1882, p. 136, heredum me[orum] di(i) habeant abarcere us[ione] monumentum meum ; ou avec d’autres suppléments, C., XIII, 485, heredum meo[rum fun]di habeant abarcere usq(ue) ad monumentum meum. Fiestus a expliqué le mot ainsi ; arcere prohibere est ; similiter abarcet prohibet.

          ABIANIVS. Nom d’une divinité gauloise. Inscription de Roussillon près

Gordes (Vaucluse) ; C., XII, 6034, deo Abianio. Petit autel en terre cuite découvert à Substantion (Hérault) en 1856 et signalé dans Revue celtique, III, 1876-78, p. 153, avec la transcription fautive Abiano et Mercurio. La lecture exacte a été donnée par Fr. Germer-Durand dans Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, XV, 1892, p. 1073, n. 1864 ; cf. Em. Bonnet, Antiquités et monuments du département de l’Hérault, 1904, p. 129 ; Abian et . Mercurio v. s. l. m. Nigrinus

          ACCIDERE. Inscription de Rome. Gruter, 874, 5,... si cui quid vestrum

humanitus acciderit

          ACERVUS. Inscription de Pise, cénotaphe de Caius et de Lucius Césars.

Orelli, 642….. lignorumque acervos

          ACIANNVS ou AGIANNVS, nom d’une divinité gauloise fautivement transcrit Acciannus dans Revue des Sociétés savantes, VIII, 1869, p. 110. Inscription de Camaret, au musée Calvet d’Avignon, n° 65 F, d’après un estampage communiqué à M. Mowat par feu Deloye, l’ancien conservateur ; ex imperio | Acianni | . Une cassure, qui a entamé le bas des trois premières lettres de la deuxième ligne, a emporté le reste de l’inscription. Inédit.

          ACTOR. Le paragraphe Actor municipii, reipublicae, col. 68-70, est pauvre en exemples épigraphiques, sans doute à raison même de la rareté des découvertes ; ce doit être un motif de plus pour recueillir tous les monuments relatifs à ces petites magistratures locales.

          Actor publicus [sic]. Inscription de Lyon. C., XIII, 1684... praef(ecto) coloniæ, actori public(o), IIviro ab aerario, item IIviro a iure dicundo, flamini Augustali. Inscription sur plaque de bronze trouvée à Sens (Yonne), l’ancien Agiedicum (alias, Agendicum) C., XIII, 2949 : C. Amatio, C. Amati(i) Patern(i) fil(io), Paternino, aedil(i) vikan(orum) Agied(icensium), aedil[(]i) c(ivitatis) S(enonum), actor(i) p(ublico) pagi Touti(iaci?), act(ori) p(ublico) quinquenn(ali) civit(atis), IIviro ab aer(ario) muner(ario), praef(ecto) annon(ae) design(ato).

          Actor vicanorum portensium [sic], titre de deux magistrats du vicus maritime dépendant de la civitas Namnetum. Inscription de Nantes (Loire-Inférieure). C., XIII, 3106... M. Gemel(lius) Secundus et C. Sedat(ius) FLorus, actor(es) vicanor(um) portens(ium). Ces adores du port nantais sont de condition ingénue ; de même devait-il en être de l’actor portus Lilybitani, mentionné C., X, 7225. Par conséquent, le passage du Dizionario, p. 682, l. 24, Logus ser(vus) act(or) port(us) Lilybit(a)ni, doit être corrigé en ser(vus) act(oris) port(us) Lilybit(a)ni.

          AFRICA. Il faudra désormais, dans l’établissement de la liste des proconsuls d’Afrique, prendre pour base celle de Pallu de Lessert, Fastes des provinces africaines et y ajouter les noms ; 1° de Flavius Antoninus, dans le premier quart du IIe siècle, d’après Cagnat, Deux nouveaux proconsuls de la province d’Afrique, 1898, p. 4 ; 2° de Pollenius Auspex, sous Septime-Sévère (ibid., p. 7) ; et 3° de M. Nummius Umbrius Primus Senecio Albinus, le consul de l’an 106 d’après un plomb que j’ai signalé dans le Bulletin de la Société des Antiquaires de France, 1898, p. 272.

          ALAMBRIMA, nom d’une divinité gauloise. Inscription de la Piarre (Hautes-Alpes), incorrectement transcrite dans le Dizionario, col. 382, ligne 11 en remontant ; au lieu de Alambrina Severus Perpetui fil. Exsvot(o), lire Alambri | mae | Severus | Perpetui | fil. exs. voto |.

          AQUAE NISINCII. Au lieu de ; oggi Bourbon d’Ancy, lisez : oggi Bourbon-Lancy.

          ASIA. A la suite des proconsuls d’Asie ajouter les noms : 1° de Ményllius Attalus, dans le premier quart du IIe siècle, d’après Cagnat, Deux nouveaux proconsuls, p. 4 ; 2° de Faltonius Pinianus, qui aurait été gouverneur d’Asie à une époque comprise entre le 1er avril 286 et le 1er mai 305, d’après un passage de la Vie de Saint Anthime dans les Acta Sanctorum, 11 mai, p. 616 ; Faltonio Piniano qui missus est, cum hanc (scil. Aniciam Lucinam) haberet uxorem, proconsul Asiae, acceptis codicillis Diocletiano et Maximiano Augustis ; et 3°, de C. Salvius Liberalis Nonius Bassus, qui, nommé dans le tirage au sort des provinces vers l’an 78, refusa cette mission, d’après le C., IX, 5533 ; sorte [procos. fac]tus provinciae Asiae se excusavit. Il doit donc figurer dans les Fastes proconsulaires, du moins pour mémoire.

          BAGINAHAE, col. 9601, à corriger en BAGINATIAE. Ce nom d’un groupe de divinités féminines, gravé dans une inscription de Bellecombe (Drôme), avait été, dans le principe, mal déchiffré par Allmer, son premier éditeur (Rev. épigr., II, p. 438), article qui a servi de source au Dizionario. Mais dans la Rev.

épigr., III, 219, il s’est corrigé lui-même et a donné la véritable lecture ; Félix.

Sme | ri . f. Bagino | et . Bagina tiabus v . s . l . m.) | 

          Une dernière observation. Il semble que les locutions et les mots empruntés à l’épigraphie chrétienne aient été systématiquement omis dans le Dizionario. Cette exclusion est regrettable et se comprend d’autant moins qu’Orelli avait admis dans son recueil ceux qui lui paraissaient les plus remarquables, tels que angeli sancti (Or. 2528), accersitus ab angelis (Or. 4724). Les inscriptions chrétiennes des sept premiers siècles appartiennent à l’antiquité latine aussi bien que les inscriptions des empereures [sic] Maurice et Focas, enregistrées non seulement par Orelli, mais par Henzen et par Wilmanns.

          Nous n’examinerons les volumes II et III qu’après leur complet achèvement.

                                               R[obert] M[owat]