Fossey, Charles: Manuel d’assyriologie. Tome Ier. Gr. in-8, xiv-470 p., avec une carte et trois plans.
(Paris, Leroux 1904)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 4 (4e série), 1904-2, p. 435-436
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Charles Fossey. Manuel d’assyriologie. Tome Ier Paris, Leroux, 1904. Gr. in-8, xiv-470 p., avec une carte et trois plans.


          M. Fossey sait fort bien qu’un manuel d’assyriologie risque de devenir bien vite un vieux livre ; mais, comme il le dit joliment (p. vi), il est encore trop près du début de ses études pour avoir oublié combien un tel livre lui a manqué. Tous ceux qui se serviront du sien lui devront une gratitude qui sera la meilleure récompense de son labeur.

          Ce premier volume comprend trois parties, qu’il a divisées chacune en cinq chapitres ; I. Histoire des explorations et des fouilles en Chaldée, en Assyrie et en Perse. II. Déchiffrement des écritures cunéiformes (perse, susienne et assyrienne). III. Origine et histoire des cunéiformes (origine idéographique de l’écriture cunéiforme, origine sumérienne de l’écriture babylonienne). Viennent ensuite une copieuse bibliographie, une carte et trois plans des ruines de Hilleh, de Koujoundjik et de Tello. Ce dernier, qui appartient à M. Heuzey, était inédit et a été prêté à M. Fossey par ce savant.

          Une grande partie du volume est occupée par un examen très approfondi de la célèbre théorie de M. Halévy sur le déguisement qui constituerait la prétendue langue sumérienne. On y trouvera aussi de bien curieux détails sur les fantaisies d’un Gobineau et d’un Schöbel, sur les hésitations de Renan, sur les inspirations géniales des fondateurs de l’assyriologie, dont un des plus doués vit encore et s’agite au milieu de nous.

          L’histoire des fouilles, un peu sèche pour le grand public, est très exacte et entre dans tous les détails nécessaires. M. Fossey a eu le courage de dire ce que pensent bien des personnes informées, à savoir qu’il serait grand temps de confier les fouilles assyriologiques à des assyriologues, ou, du moins, de ne pas les en écarter systématiquement. Les fouilles du consul Sarzec paraissent avoir été conduites mollement et insuffisamment surveillées (p. 51) ; à Suse, où l’énergie de M. de Morgan a fait merveille, c’est à peine si l’on a vu de loin en loin un assyriologue. « Comme au temps de Botta et de Flandin, et comme si on ne lisait pas les cunéiformes, c’est encore à des consuls, à des architectes ou à des ingénieurs que l’on confie la direction des fouilles » (p. 63). Je crois, pour ma part, que personne n’est plus propre à conduire une fouille qu’un ingénieur doublé d’un architecte, comme il s’en trouve heureusement beaucoup, mais que ce maître du chantier doit avoir à côté de lui et à poste fixe un interprète autorisé des trouvailles. Cela ne serait pas encore, comme le demande M. Fossey, « subordonner le terrassier au savant » (p. 64), mais ce serait les associer ; le bon sens indique qu’une pareille association servirait les intérêts de la science.

                                               S[alomon] R[einach]