Bibliographie générale des travaux historiques et archéologiques publiés par les Sociétés savantes de la France, dressée sous les auspices du Ministère de l’Instruction publique par Robert de Lasteyrie, avec la collaboration d’Alexandre Vidier, 1901-1902. Paris, Impr. Nat., 1904, in-8°, viii-287 p.

          M. de Lasteyrie avait conduit jusqu’en 1885 sa bibliographie générale des travaux des Sociétés savantes. Ceux qui ont eu l’occasion de se servir de ce vaste recueil, d’une extrême utilité, apprendront avec satisfaction qu’un volumineux supplément comprenant tout ce qui a paru de 1886 à 1890 est actuellement sous presse. En outre, sans attendre que ce supplément ait paru, M. de Lasteyrie vient d’en publier la continuation. Avec la collaboration de M. Alexandre Vidier, sous-bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, il nous donne un nouveau fascicule contenant les années 1901-1902. L’œuvre commencée par lui il y a vingt-cinq ans et poursuivie sans défaillance se trouve donc conduite à un degré d’avancement qui permettra de la tenir aisément à jour. Elle mérite la reconnaissance de tous les travailleurs, particulièrement des Sociétés savantes dont elle met en relief l’activité féconde. M. de Lasteyrie dans son Introduction leur donne quelques conseils dont elles devraient tenir compte. Un certain nombre suivent de déplorables errements pour la publication de leurs Mémoires. 

          « Infiniment trop nombreuses, écrit M. de Lasteyrie, nos sociétés savantes sont souvent peu fortunées ; leurs ressources ne leur permettent pas de publier un volume chaque année et pour calmer l’impatience de leurs souscripteurs, beaucoup ont pris la fâcheuse habitude de distribuer, à intervalles plus ou moins réguliers, de minces fascicules composés de trois à quatre feuilles, parfois moins encore, si bien qu’il faut plusieurs années pour constituer un volume. Avec la mauvaise organisation, tant de fois signalée, du dépôt légal, on devine les lacunes qui déparent, dans nos collections nationales, des publications conduites de la sorte ».

          Deux index alphabétiques des noms propres qui se recommandent, comme l’ouvrage entier, par une exactitude irréprochable et par la correction de la typographie, complètent ce fascicule.

          Ne serait-il pas permis, à propos de cette excellente publication officielle, d’adresser un vœu au Ministère de l’Instruction publique ? Il s’agit de la Muséographie provinciale, moins bien partagée jusqu’à ce jour et pourtant non moins utile que la Bibliographie au progrès des études archéologiques. Les deux annuaires du Musée publiés par le Ministère (1896 et 1900) ne sont encore l’un et l’autre que des essais insuffisants ; ils ne dispensent pas d’avoir recours à Joanne et à Baedecker. L’Annuaire de 1900 contient tant d’erreurs matérielles qu’il est imprudent d’y prendre le nom d’un conservateur sans en contrôler l’orthographe à l’aide du Minerva. Mais je tiens à signaler un fait particulièrement édifiant. La petite ville de Château-Chinon est située à quelques lieues du mont Beuvray. En 1900, un archéologue travaillant à l’exploration de l’oppidum éduen apprit avec surprise par le nouvel Annuaire que Château-Chinon possédait un musée, installé à l’Hôtel-de-ville, renfermant des antiquités préhistoriques et gallo-romaines, des objets du Moyen-âge, etc. Il est juste d’ajouter que le nom du conservateur était resté en blanc. Honteux de son ignorance, il s’empressa d’aller visiter cette collection inconnue et obtint du secrétaire de la mairie ce pénible aveu ; Château-Chinon avait bien possédé jadis un musée archéologique, mais un beau jour la municipalité, ennemie du collectivisme, s’était décidée à en partager le contenu entre les habitants.

          Voilà qui diminuera la besogne du rédacteur d’une troisième édition de l’Annuaire... et aussi celle des Inspecteurs des Musées.

                                               J[oseph] D[échelette]

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