Petrie, W. M. Flinders: Methods and aims of archaeology. In-8, xvii-208 p.
(Londres, Macmillan 1904)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 3 (4e série), 1904-1, p. 158-159
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W. M. Flinders Petrie. Methods and aims of archaeology. Londres, Macmillan, 1904. In-8, xvii-208 p.


          A lire le titre de ce petit livre, on croirait qu’il contient des conseils généraux aux archéologues ; en réalité, il n’y est guère question que de l’Égypte et de la manière d’y pratiquer des fouilles. Cela se conçoit, vu le domaine spécial où s’est déployée la féconde activité de M. Flinders Petrie ; encore fallait-il en prévenir le lecteur. 

          M. Petrie a rendu un service incontestable en mettant à la portée de tous les connaissances si variées qu’il doit à sa longue expérience d’explorateur ; on apprendra de lui comment on engage des ouvriers, comment on les surveille, comment on conduit les fouilles — le levé des plans, l’estampage, la photographie, les moyens de conserver les objets, les modes de publication et d’illustration. Le dernier chapitre concerne la déontologie archéologique, ce que M. Pétrie appelle « the ethics of archaeology » ; il est bon que ces questions difficiles et délicates aient été portées enfin devant le public.

          Évidemment, un des principes de la déontologie archéologique, c’est le suum cuique. M. Pétrie s’en est-il inquiété suffisamment ? Il a traité un sujet qui l’a déjà été plusieurs fois, par moi dans mes Conseils aux voyageurs, par des anonymes allemands dans le Merkbuch, surtout par MM. Blanchet et de Villenoisy dans leur Guide pratique de l’antiquaire. Si M. F. P. a renvoyé à un seul de ces ouvrages, ce doit être dans quelque passage du sien qui m’a échappé.

          A la p. 123, on lit ce qui suit : « La réunion d’objets connus dans un corpus a été bien faite par les systematisers de l’ancien temps, en particulier par Montfaucon ; et bien que son ouvrage soit vieux de près de deux siècles, il n’a pas encore été remplacé par de nouvelles productions dans chaque département... En outre, on ne possède pas d’ouvrage général de références ni de notation commode pour signaler de nouvelles découvertes. »

          Il y a plus de vérité dans cette seconde phrase que dans la première. L’Antiquité Expliquée ne vaut absolument plus rien ; le Dictionnaire dirigé par

M. Saglio, pour les petits objets, ma Bibliothèque des monuments figurés et mes Répertoires, pour les statues, vases, pierres gravées, etc., donnent bien davantage et des matériaux autrement dignes de confiance. Les énormes in-folio de notre vieux bénédictin ne doivent pas faire illusion ; je crois avoir publié, dans des formats maniables, beaucoup plus de monuments que lui. 

          P. 131, il est dit que la Vénus de Milo est très mal éclairée (hopelessly bad) ; par quel temps M. F. P. a-t-il donc visité le Louvre ? A la p. 170, à propos du vandalisme, l’auteur parle du French sack of Rome ; je suppose qu’il s’agit du sac de Rome par les bandes allemandes de Bourbon. Mais si M. F. P. croit qu’on a détruit à cette occasion beaucoup d’œuvres d’art merveilleuses (wonders), c’est qu’il a été mal renseigné.

          L’exposé de M. F. P. se lit avec plaisir et les 66 simili-gravures dont il est orné sont admirables.

                                               S[alomon] R[einach]