AA. VV.: Textkritik des Neuen Testamentes, t. I et II (Gregory, Caspar René). In-8, vi-993 pp. The Text of the New Testament (Lake, Kirsopp). In-16, 104 pp. Handbook to the textual criticism of the New Testament (Kenyon, Frederic G.). In-8, xi, 321 pp. et XVI pl.
(Leipzig, Hinrichs et London, Rivingtons et Macmillan 1900-1902)
Compte rendu par Seymour de Ricci, Revue Archéologique t. 3 (4e série), 1904-1, p. 159-165
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Gregory (Caspar René). Textkritik des Neuen Testamentes, t. I et II (Leipzig, Hinrichs, 1900-1002, in-8), vi-993 pp. (24 mark).


Lake (Kirsopp). The Text of the New Testament (London, Rivingtons, 1900, in-16) 104 pp. (1 shilling).


Kenyon (Frederic G.). Handbook to the textual criticism of the New Testament (London, Macmillan, 1901, in-8) xi, 321 pp. et XVI pl. (10 shillings).


          On sait que c’est à Constantin Tischendorf que nous devons la reconstitution critique du texte grec du Nouveau Testament ; ce savant consacra à cette étude quarante années de sa vie et eut la satisfaction de publier en 1869-1872 son Novum Testamentum Graece, editio octava critica maior, édition munie d’un appareil critique énorme, le plus riche et le plus complet qu’on ait encore réuni et qui, après trente ans, n’est pas encore remplacé.

          A cette édition manquait la préface ; Tischendorf mourut en 1874, sans avoir pu l’écrire et ce fut un de ses élèves, M. Gregory, américain d’origine, qui se chargea de ce lourd travail. Ces Prolegomena furent publiés en trois parties en 1884, 1890 et 1894 ; ils étaient rédigés en latin et consacrés presque exclusivement à l’énumération détaillée de tous les manuscrits connus du Nouveau Testament. Pour les rendre plus complets, M. Gregory avait entrepris de longs voyages ; il était allé jusqu’au mont Athos.

          Depuis 1894, M. Gregory n’avait pas abandonné ses recherches ; il comprit bientôt que ces Prolegomena étaient quelque chose de plus que la préface d’une édition critique ; il voulut en faire un ouvrage indépendant et cet ouvrage, il l’a écrit en allemand, mais dans un allemand si clair et où les phrases sont si courtes et si peu enchevêtrées que l’on ne peut lui en vouloir d’avoir abandonné le latin.

          Les cinq cents premières pages de l’ouvrage de M. Gregory contiennent le catalogue des mss. grecs du Nouveau Testament ; on en connaît à l’heure actuelle à peu près trois mille.

          La description des mss. en onciale est très minutieuse, comme on pouvait s’y attendre ; l’historique du Sinaiticus s’y trouve racontée en grand détail et les paragraphes relatifs à l’Alexandrinus et au Vaticanus ne sont pas moins documentés ; il serait difficile d’être plus complet. Peut-être M. Gregory aurait-il pu émettre quelques réserves sur l’identité, trop hardiment affirmée par Tischendorf, du scribe D du Sinaiticus et du copiste du Nouveau Testament dans B (1) ; on pouvait aussi noter, avec Scrivener, que certains feuillets de B sont réparés avec du papyrus

          C’est surtout l’Egypte qui a fourni depuis quelques années des fragments en onciale du Nouveau Testament, tant sur papyrus que sur parchemin ; M. Gregory les a groupés sous la lettre T. Quelques-uns de ces fragments sont cités pour la première fois dans son travail, par exemple le ms. Th. de la collection Papadopoulos-Kerameus et Tt, Tu, Tv, fragments de la collection Rainer dont il publie le texte en onciale, d’après des copies à lui envoyées par M. Wessely. Les fragments gréco-sahidiques édités par M. Amélineau dans les Notices et Extraits sont longuement décrits par M. Gregory ; mais il se trompe quand il écrit (p. 71) ; Aus der Tafel ist es klar, dass ein anderes Blatt darauf abgedruckt ist, denn das dicke Pergament kann die Schrift nicht durchscheinen lassen. C’est bien à la transparence du parchemin qu’est dû le peu de clarté de la phototypie de M. Amélineau. Notons que le ms. Wm est dans le n. 726 et non dans le n. 762 du Supplément grec de la Bibliothèque Nationale.

          La liste des fragments en onciale du Nouveau Testament est déjà très incomplète. Outre les fragments publiés par MM. Grenfell et Hunt dans les t. II et III des Oxyrhynchus papyri et dans les deux volumes des Amherst papyri, je trouve à signaler ;

          1° Un fragment des Actes des Apôtres sur papyrus au Musée de Berlin ;

          2° Luc viii, 13-20 et viii, 56-ix, 9 et xi, 28-32 et I Pierre ii, 7-15, copiés par moi sur des parchemins gréco-sahidiques du British Museum ;

          3° Marc viii, 17-18 et 27-29 sur un parchemin d’Oxford (Bodl. Accessions 31804) ;

          4° Matthieu x, 2-4 et 11-15 et Jean xx, 11-15 et Actes xxiv, 22.26 et I Pierre ii, 22-23 et iii, 7, dans les palimpsestes gréco-hébraïques de la collection Schechter à Cambridge ;

          5° III Jean 13-15 et Jude 4-5 sur un parchemin du Louvre ;

          6° L’épître aux Hébreux sur un nouveau papyrus d’Oxyrhynchus.

          Quel dommage que nous n’ayons pas encore de recueil un peu copieux de reproductions photographiques de mss. grecs en onciale ! A l’heure actuelle, si nous savons établir d’une façon à peu près certaine la date des mss. latins en onciale et en semi-onciale, c’est grâce aux publications luxueuses de K. Zangemeister et de M. Châtelain. Seuls, par contre, quelques travailleurs privilégiés ont à leur disposition assez de spécimens d’onciale grecque pour pouvoir avec quelque certitude apprécier la date d’un codex.

          Les mss. en minuscule du Nouveau Testament sont plus faciles à dater ; le nombre en est très considérable et M. Gregory en décrit plus de quinze cents, comptant les feuillets, les lignes et les colonnes, mesurant les lacunes et donnant pour chaque ms. de précieuses indications bibliographiques.

          M. Gregory a vu lui-même la plupart des mss. qu’il décrit. Il a eu le courage d’explorer longuement plus d’une bibliothèque dont il n’existe pas encore de catalogue imprimé ; c’est ce qui donne à son ouvrage un cachet très personnel, que n’aurait peut-être pas eu une simple compilation. Il n’y a presque rien à relever dans la partie du livre relative aux Évangiles en minuscules (2) ; sur ce terrain M. Gregory est bien chez lui et il rectifie en passant plus d’une erreur de Scrivener. Relevons toutefois que Caesar de Missy est à la p. 139 un aumônier français et devient aux pp. 191 et 407 un Berlinois établi à Londres.

          La fin du premier volume est consacrée aux mss. grecs liturgiques, aux lectionnaires de toute sorte, évangéliaires, apostolaires, apostoloévangiles. C’est toute une littérature, assez mal connue encore, et que M. Gregory a eu le rare mérite d’étudier longuement. Les livres de la liturgie grecque sont publiés dans d’introuvables volumes, imprimés à Venise ou à Athènes. Quand aurons-nous des éditions critiques, je ne dis pas du triodium, du typicum et de l’anthologium, mais seulement de l’euchologium ou de l’apostoloeuangelium ? Les mss. sont innombrables et rien ne serait plus facile que de les collationner. Le P. Delehaye ouvre la voie avec sa magnifique édition du Synaxaire ; puisse son exemple être suivi !

          M. Gregory attire l’attention sur l’emploi tardif de l’onciale dans les livres liturgiques. Il y a dans ses listes près de cent évangéliaires du IXe et du Xe siècle en onciale ; M. Gregory en attribue même un au XIe siècle, le célèbre Apostoloévangile gréco-arabe de Scaliger qui appartient à l’Université de Leyde ; ce ms. vient sans doute d’Egypte ou du Sinaï, mais nous le croyons antérieur à l’an 1.000.

          M. Gregory a publié, en tête de sa liste des mss. liturgiques, un ménologe assez détaillé qui rendra de réels services, malgré les quelques inexactitudes que le P. Delehaye y a relevées.

          Dans la liste même des mss., il y a bien des choses intéressantes ; M. Wessely a communiqué à l’auteur le texte d’un fragment inédit de la collection Rainer, dans lequel il a reconnu un lectionnaire du IVe ou du Ve siècle, de beaucoup le plus ancien que l’on connaisse. M. Wessely lui a encore communiqué un feuillet d’un évangéliaire gréco-boheirique du VIe siècle ; M. Gregory le publie en onciale.

          C’est à tort que l’auteur classe dans les livres liturgiques le ms. Ev. 943, qu’il ignore être actuellement à la Bibliothèque Nationale (Suppl. grec 1120). C’est un ms. des évangiles et dont le texte est très ancien, puisqu’il coïncide presque partout avec le Vaticanus, jusque dans l’orthographe Ιωανης. Il fallait aussi renvoyer au t. IX des Mémoires de la Mission française du Caire (Paris, 1893[,] 4°), pp. 1-216, pl. I, où le père Scheil a publié tant bien que mal ces fragments de papyrus.

          Le tome II (pp. 479-993) de l’ouvrage de M. Gregory est relatif aux Versions anciennes du Nouveau Testament, aux citations patrologiques et à l’histoire de la critique textuelle.

          Les Versions se divisent naturellement en orientales et en occidentales ; parmi les premières, ce sont celles en langue syriaque qui occupent la place la plus importante ; on distingue la version vieux-syriaque, connue maintenant par le célèbre palimpseste du Sinaï et non plus seulement par le Curetonianus ; la Peschitto (3) sur laquelle M. Gregory a pu profiter du beau travail de M. Gwilliam ; la Palestinienne et l’Herakléenne, cette dernière rédigée en Egypte vers 616 (4). M. Gregory connaît environ 230 mss. syriaques du Nouveau Testament.

          Viennent ensuite les versions coptes (environ 200 mss.). Je renonce à compléter la liste de M. Gregory qui, pour la version sahidique, est extrêmement incomplète et inexacte ; il ignore que les mss. Crawford-Balcarres sont à la John Rylands library de Manchester et que les mss. Nani sont à la Marciana de Venise ; p. 551, l. 12 il prend la date de rédaction d’un article pour un renvoi à un périodique ; il ne paraît pas avoir vu lui-même le travail de O. von Lemm, Bruchstücke der sahidischen Bibelübersetzung qu’il cite p. 551, l. 24, car il y aurait trouvé publiés les passage qu’il cite aux ll. 31-33 (5). Plus bas (n. 90, p. 551), il avoue ne pas avoir vérifié une série de renvois aux Mémoires de la Mission du Caire. Il ignore complètement l’excellente édition des Manuscrits coptes du musée d’antiquités des Pays-Bas à Leide (Leide, 1897, 4°) par MM. Pleyte et Boeser, où sont publiés 22 mss. sahidiques du Nouveau Testament qui manquent dans sa liste. Enfin (p. 553, l. 7) il fait commencer l’année égyptienne au 28 août, au lieu du 29 et, prenant un homme pour le Pirée, il parle gravement (p. 545, l. 11) de la Bibliothek der Stadt Saumaise.

          M. Gregory s’occupe ensuite des versions éthiopienne (110 mss.), arménienne (6) (64 mss.), géorgienne (17 mss.), perse (28 mss.) et arabe (137 mss.). Il y aurait aussi bien des additions à faire à ce chapitre ; j’y cherche en vain un évangile de S. Jean en arabe de la Bibliothèque d’Angoulême, sans parler d’une vingtaine d’autres mss. arabes, étudiés par M. Guidi dans un remarquable travail dont M. Gregory se borne à donner le titre p. 579, note 1. P. 585, n. 38, au lieu de Mk lire Mt. P. 592, l. 15 au lieu de 1539 lire 1426. Les 17 mss. géorgiens que cite M. Gregory se répartissent en 4 à Rome et 13 à Sainte-Croix de Jérusalem. Il y en a d’autres à Paris, au Sinaï et surtout au mont Athos (Iviron), Croirait-on que parmi les mss. arméniens, manque celui ou M. Conybeare a si heureusement retrouvé le nom de l’auteur des derniers versets de Marc (7) ? Toutes ces listes devront être refaites par des spécialistes. Le zèle et l’érudition de M. Gregory ne sauraient suppléer à son ignorance actuelle de certaines langues orientales. Je dis actuelle, car M. Gregory, quand il nous dit (p. 569) ; « Je ne sais pas encore lire l’arménien », nous laisse espérer qu’il connaîtra bientôt cet idiome.

          Relevons en passant une anecdote significative (pp. 569-570) sur la destruction par les soldats turcs d’une riche collection de mss. qu’avait formée un moine arménien.

          Les versions occidentales ramènent M. Gregory sur un terrain plus familier ; la liste des 40 mss. de l’Itala est bien faite et rendra des services ; la liste des mss. de la Vulgate (près de 2.500 numéros) est naturellement loin d’être complète, mais qui aurait pu espérer ou même désirer qu’elle le fût (8) ? Une seule erreur grave m’a frappé à la lecture (9) ; l’attribution à Fréjus d’un ms. bien connu de Cividale dans le Frioul (p. 629). Il y a au moins deux endroits qui s’appellent Forum Julii (10). Pour la rédaction de cette partie de son ouvrage, l’auteur a largement utilisé l’Histoire de la Vulgate de Samuel Berger, dont il cite le nom plusieurs fois par page.

          Les citations du Nouveau Testament dans les Pères de l’Église forment l’objet du chapitre suivant. M. Gregory publie une liste utile des Pères, avec quelques indications biographiques et bibliographiques sur chaque texte. Il y manque le nom d’Ariston et l’indication de quelques éditions récentes comme l’Avitus du chanoine Chevalier. On aurait voulu y trouver aussi l’indication exacte des éditions munies, comme l’Athanase de Montfaucon, d’un Index locorum Sacrae Scripturae. Les gigantesques Indexes to the Fathers de Dean Burgon (p. 752, note 12), encore manuscrits, sont au British Museum.

          Le tableau chronologique et géographique des pères de l’Église et des mss. (pp. 824-846) est commode et instructif.

          Le volume se termine par un long chapitre sur l’histoire de la critique textuelle du Nouveau-Testament. M. Gregory s’occupe d’abord de quelques questions matérielles ; ordre des livres du Nouveau Testament, division en chapitres et en versets, canons d’Eusèbe ; on y trouvera une longue liste des variantes que présentent entre elles, pour la division du texte en versets, une soixantaine d’éditions différentes ; c’est Ezra Abbot qui est l’auteur de cette liste assez fastidieuse. Viennent ensuite quelques remarques sur la ponctuation et les accents, qui sont plus du ressort de la paléographie que de l’histoire de la critique.

          Cette dernière se divise d’elle-même en deux parties ; les éditions antérieures à l’imprimerie et les éditions imprimées. La première partie contient un document très intéressant ; c’est un résumé en quatre pages, rédigé en latin par Hort, de la doctrine de l’édition du Nouveau-Testament de Westcott et Hort. On y trouve une série de définitions précises dont chaque mot a sa valeur. Nulle part les caractères des mss. anté-syriens (neutres), alexandrins, occidentaux et syriens (deux recensions) ne sont exposés avec plus de clarté et de précision.

          Enfin, une histoire des éditions du Nouveau-Testament [sic] grec occupe les 70 dernières pages du volume : il est inutile de dire qu’elle est aussi complète et aussi documentée qu’on peut le souhaiter. Ce chapitre est bien écrit, très intéressant et laisse bien peu de chose à désirer.

          Le premier fragment du Nouveau-Testament grec que l’on ait imprimé est un passage de S. Luc publiée la fin d’un Psautier à Milan le 20 septembre 1481. La première édition intégrale est celle du cardinal Ximenès dans la bible d’Alcala (Complutensis), imprimée en 1514, mais publiée seulement en 1520. Pendant ce temps (1er mars 1516) Erasme publiait à Bâle une autre édition ; comme il y avait dans son mss. de l’Apocalypse des lacunes, il fut obligé de retraduire en grec, de son mieux, les versets manquants. On trouve ensuite l’édition Regia de Robert Estienne (1550) et surtout l’édition elzévirienne de 1633 où se lisent les mots : Textum ergo habes, nunc ab omnibus receptum. Ces mots firent fortune et l’expression Textus receptus est celle par laquelle on désigne d’ordinaire le texte de cette édition, presque identique du reste au texte de 1550 d’Estienne ; c’est encore, à l’heure actuelle, le texte le plus répandu.

          Avec Mill commence la période critique où l’on relève les grands noms de Bengel, Wetstein, Griesbach, Matthaï, Birch, Scholz et enfin Tregelles et surtout Tischendorf qui, malgré tous ses défauts, a été un des travailleurs les plus acharnés du XIXe siècle.

          Une ère nouvelle s’ouvre de nos jours avec Westcott et Hort ; MM. Nestlé, von Soden, Blass et Gregory en sont à l’heure actuelle les représentants les plus autorisés.

          La publication de la Textkritik de M. Gregory a été suivie de près par celle de deux ouvrages anglais qui, par des qualités différentes, méritent tous les deux de retenir notre attention. Le premier, d’un format et d’un prix des plus modestes (1 fr. 25), est de M. Kirsopp Lake d’Oxford. Il est intitulé The Text of the New Testament et contient, en une centaine de pages, un admirable manuel de critique textuelle sacrée, au courant des dernières découvertes et dans lequel les questions les plus ardues et les plus subtiles sont exposées et discutées avec une magistrale clarté. Je signalerai tout particulièrement un chapitre excellent sur la question des manuscrits occidentaux.

          Si l’ouvrage de M. Lake s’adresse plus particulièrement aux étudiants et aux gens d’église, l’ouvrage de M. Kenyon, sous une forme plus littéraire, est destinée à faire connaître au public lettré anglais les mystères de la critique textuelle. Le volume est d’une lecture attrayante, d’une érudition précise et sobre de détails. Un chapitre curieux est celui où M. Kenyon essaye de reconstituer l’apparence des mss. originaux, des autographes du Nouveau-Testament ; la compétence papyrologique de l’auteur lui a permis de traiter cette question peu banale sur un ton qui n’a rien de spéculatif. Le chapitre suivant, relatif aux manuscrits en onciale, ne fait en rien double emploi avec le chapitre correspondant de M. Gregory. On y trouve des observations paléographiques très intéressantes, notamment sur les relations d’И et de B et une étude approfondie de la date des principaux manuscrits. M. Kenyon propose, avec raison, de classer sous une rubrique spéciale (Pap. 1[,] Pap. 2, Pap. 3, etc.) les manuscrits sur papyrus du Nouveau-Testament. Il publie même (pp. 36-38) une liste utile de ces mss., où je relève des détails inédits sur un papyrus de Berlin (Pap. 11). Les chapitres suivants, sur les manuscrits en minuscule, les versions diverses, les citations patristiques et l’histoire de la critique textuelle sont peut-être moins personnels ; ils ont le grand mérite d’avoir été publiés antérieurement aux parties correspondantes du grand ouvrage de M. Gregory et l’on y trouvera plus d’une remarque nouvelle. Le dernier chapitre, intitulé The textual problem, contient un exposé très judicieux et très clair (malgré l’emploi regrettable des signes αβγδ) du système de Westcott et Hort, des objections qu’il a soulevées, et surtout du rôle que la critique contemporaine attribue au groupe occidental. M. Kenyon ne prétend pas nous fournir de solution nouvelle de ce grand problème ; il se contente d’exposer l’état actuel de la discussion ; sa réserve prudente est des plus justifiées.

          L’impression est excellente ; des erreurs typographiques comme p. 115 Calabia (pour Calabria) sont tout-à-fait exceptionnelles.

          Dans un volume publié par M. Kenyon, on pouvait s’attendre à trouver de jolis fac-similés. Seize planches de similis très bien venus illustrent l’ouvrage. J’y ai remarqué (pl. XIV et XV) deux mss. coptes très anciens du British Museum (l’un boheirique l’autre sahidique) et (pl. XV) une jolie reproduction d’une page du ms. K (Bobiensis) de l’Itala, qui paraît plutôt du Ve que du VIe siècle et qu’il ne serait peut-être pas impossible de faire remonter au IVe, comme le voudrait, non sans raison, M. Burkitt (11).

                                                             Seymour de Ricci

(1) Cf. Kenyon, Handbook, p. 52-53.

(2) Cf. un article de E. Zomarides, Eine neue griechische Handschrift aus Caesarea vom J. 1236 mit armenischer Beischrift, dans Studien zur Paläographie und Papyruskunde, fasc. 2 (Leipzig, 1902, in-4°), pp. 21-24. 

(3) P. 499, ligne 20, lire 1713 et non 1813. 

(4) Cf. les récentes recherches de Butler, The Arab conquest of Egypt (Oxford,

1902, 8°). 

(5) Ce sont les fragments dont il est question p. 548, l. 36. 

(6) P. 567, note 2 fin, lire ; je n’ai. 

(7) Cf. la phototypie dans Swete, The gospel according to St. Mark (London, 

1898, 8°), Préface. 

(8) On s’attendrait à trouver cité, à propos des mss. de Bruxelles, l’excellent catalogue du P. Van den Gheyn dont le t. I (Écriture Sainte et Liturgie) avait paru dès 1901.

(9) Je ne parle pas de fautes d’impression comme Du Puy pour Le Puy (p. 667, 

l. 4) ; St. Huy pour Huy (p. 664, dern. l. et p. 665, l. 11) ; Marseilles (p. 675, n. 1049) est un anglicisme que l’on cherche en vain dans les principaux atlas allemands.

(10) La bibliographie de ce ms. est très incomplète ; on la trouvera dans Paoli, 

Del papiro (Florence, 1878, 8°), p. 60, note 3 (cf. S. de Ricci, Rev. et. gr., XVI, 1903, p. 114). 

(11) Signalons quelques comptes-rendus de l’ouvrage de M. Gregory : E. N(estle), Literarisches Centralblatt, LI (1900), col. 1849-1851 et LIII (1902), col. 713-116 ; A. L(oisy), Revue critique, LI (1901), p. 345 ; A. Deissmann, Deutsche Litteraturzeitung, XXII (1901), col. 3157-3159 ; E. Preuschen, Berliner philologische Wochenschrift, XXII (1902), col. 521-522, 1377-1382 et 1411-1415 ; Bousset, Theologische Literaturzeitung, XXVI (1901), col. 545-549 ; C. Weyman, Byzantinische Zeitschrift, X (1901), p. 320 ; A. Meyer, Theologischer Jahresbericht, XX (1900), pp. 203-204 ; The Athenaeum, 16 février 1901, n. 3825, p. 208 ; (H. Delehaye), Analecta Bollandiana, XX (1901), pp. 87-89 (ce dernier article est très sévère) ; je n’ai pas vu les articles de J. Felten, Liter. Rundschau für d. Kathol. Deutschland, 1901, fasc. 8 ; K. Lake, Journal of theological studies, III (1902) ; Presbyterian and Ref. Review, july 1901 ; Studi religiosi, 1902, fasc. 1. Comme comptes-rendus du Handbook de M. Kenyon, je ne connais que le Saturday Review, XCIII (1902), n. 2420 (15 mars), p. 339 et The Athenaeum, 25 janvier 1902, n. 3874, p. 111.