Diehl, Ch.: Ravenne. Gr. in-8, 140 p., avec 130 gravures.
(Paris, Laurens 1903)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 3 (4e série), 1904-1, p. 172-173
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Ch. Diehl. Ravenne. Paris, Laurens, 1903. Gr. in-8, 140 p., avec 130 gravures.


          L’illustration de ce volume est abondante, toujours satisfaisante, parfois excellente ; nos lecteurs n’ont pas besoin qu’on leur vante la compétence de M. Diehl en matière d’archéologie byzantine. Son travail s’adresse d’ailleurs au grand public et le savant s’efface, non sans quelque coquetterie, derrière le cicérone. Tous ceux qui liront ce livre à Ravenne se réjouiront de l’y avoir emporté ; ceux qui le liront loin de Ravenne se consoleront de n’y aller point.

          Le seul défaut sérieux que je puisse relever est le peu de correspondance entre le texte et les gravures. Ces dernières ne sont même pas numérotées et il n’y a pas la moindre tentative pour renvoyer du texte à l’illustration, et vice versa. D’où cette conséquence que les pauvres touristes éprouveront quelque déception quand, après avoir lu et relu ce guide, ils devront renoncer à savoir, par exemple, ce que signifie le beau bas-relief représentant Auguste et sa famille (p. 19). Pour d’autres gravures, le commentaire est trop bref. Le lecteur s’étonnera de voir, sur le bas-relief de la chaire de Maximin, un vieux saint Jean barbu baptisant le Christ enfant et se demandera pourquoi le sculpteur a contredit aussi nettement le témoignage de l’Évangile de saint Luc. M. Diehl aurait dû faire remarquer que cette disproportion entre l’âge du Baptiste et celui du Christ se constate sur des sarcophages de Rome et d’Arles ; si la chaire de Maximin est syro-égyptienne, comme le croit M. Diehl avec M. Strzygowski, c’est donc qu’un Évangile oriental, celui des Égyptiens par exemple» autorisait cette tradition divergente et que cet Évangile aura trouvé crédit ailleurs qu’en Egypte (1).

                                                   S[alomon] R[einach]

(1) P. 128, Rondinelli n’est pas « un pâle imitateur des primitifs vénitiens », car il fut l’élève et l’auxiliaire de Jean Bellin ; le tableau attribué à ce dernier, au Musée du Louvre, signé de Bellin, est un produit de cette collaboration. — J’ai noté plus de vingt phrases qui débutent par « Et sans doute », formule chère à un de mes maîtres, qui fut aussi celui de M. Diehl, mais dont il ne faudrait pas abuser. En général, les phrases commencent beaucoup trop souvent par Et ; c’est un procédé de Michelet, qui lui est venu de la lecture de la Bible, mais qui a l’inconvénient de donner au style une allure de sermon.