Naue, J.: Die vorrömischen Schwerter aus Kupfer, Bronze und Eisen. In-4° de 126 pages, avec un album de 45 planches.
(Munich, Piloty et Loehle 1903)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 3 (4e série), 1904-1, p. 173-174
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J. Naue. Die vorrömischen Schwerter aus Kupfer, Bronze und Eisen. In-4° de 126 pages, avec un album de 45 planches. Munich, Piloty et Loehle, 1903.


          En 1885, M. Naue publia un petit mémoire sur les épées préhistoriques qui, bien que forcément incomplet, rendit des services. Depuis cette époque, l’auteur n’a cessé de prendre des notes sur le même sujet, de dessiner et de mesurer les épées qu’il rencontrait dans les musées et les collections particulières ; il a constitué ainsi un arsenal très riche, qu’il s’est enfin décidé à classer suivant des principes typologiques et à rendre accessible au public. Ce recueil est désormais indispensable à toutes les bibliothèques archéologiques ; c’est le répertoire auquel on aura recours tout d’abord — comme, pour les casques, au Corpus de M. de Lipperheide — quand on voudra identifier une arme antique ou, du moins, la rapprocher d’objets similaires.

          Cette utile publication a cependant des défauts. Alors qu’il eût absolument fallu juxtaposer les dessins au texte, pour en faciliter l’intelligence et provoquer d’instructives comparaisons, M. Naue a eu la fâcheuse idée de réunir dans un carton séparé 45 planches, dont chacune contient une dizaine de dessins numérotés. Je ne m’explique pas comment, à notre époque de zincogravure, M. N. a pu recourir à un procédé aussi incommode, qui remonte aux temps de la gravure sur cuivre et de la lithographie.

          La littérature allemande et Scandinave est assez familière à M. N. ; il n’en est pas de même de la littérature archéologique française et anglaise. La liste alphabétique de noms de lieux, à la fin de son mémoire (p. 114), suffit à témoigner de l’imperfection de ses recherches ; même les catalogues du Musée de Saint-Germain paraissent lui être restés inconnus. La bibliographie qu’il donne (p. 118-120) est très incomplète et d’ailleurs singulièrement composée ; quelques ouvrages sont cités avec lieu de publication et millésime, beaucoup d’autres sans aucun renseignement de ce genre. A peu d’exceptions près, les ouvrages de langue française font défaut. Je remarque que M. Naue cite bien le Catalogue of the Irish Academy de Wilde ; mais le nom de l’Irlande ne figure pas dans son index topographique (p. 127) et ce pays, si intéressant pour l’âge du bronze, n’est représenté, dans l’index, que par le mot Typperary (sic !) ; une épée irlandaise de ce comté est citée d’après Kemble, p. 71, et figurée pl. XXVIII, 1.

          L’épée de fer de l’époque de La Tène, avec sa soie, ne peut pas dériver typologiquement de l’épée de fer hallstattienne, qui est une simple imitation en fer de l’épée de bronze à poignée plate et à rivets. L’épée du second âge du fer eut pour modèles certaines épées de bronze à soie, assez fréquentes dans l’est de la Gaule, dont il serait intéressant de dresser la carte. Il n’y a rien de tel dans le livre de M. Naue. Aux p. 86 et suiv., il s’occupe des épées de La Tène, en distingue plusieurs variétés suivant les époques, mais ne dit rien, que je sache, sur l’origine du type et le fait si curieux que l’évolution dont il est sorti a dû se produire hors du domaine hallsttatien.

        Ainsi, quelque utile et soigné que soit le travail de M. N., il ne satisfait pas à toutes les exigences et la critique ne peut détourner personne de le reprendre avec des matériaux plus complets. D’abord, il faudrait un catalogue illustré des 1.500-2.000 épées de bronze que l’on connaît, avec un choix des types d’épées de fer ; puis, des cartes partielles indiquant la répartition des types et leur succession chronologique. Celui qui entreprendra cette besogne et la mènera à bonne fin trouvera dans les planches de M. Naue un premier fonds de documents bien classés et très clairement reproduits ; il tirera aussi grand profit du texte qui, bien que n’abordant pas toutes les questions qui se posent, en discute et en résout un bon nombre avec la compétence depuis longtemps reconnue de l’auteur.            S[alomon] R[einach]