Marçais, William et Georges: Les Monuments arabes de Tlemcen. — 1 vol. in-8 de 358 pages.
(Paris, Fontemoing 1903)
Compte rendu par Paul Monceaux, Revue Archéologique t. 3 (4e série), 1904-1, p. 175-176
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William et Georges Marçais. Les Monuments arabes de Tlemcen. — 1 vol. in-8 de 358 pages, Paris, Fontemoing, 1903.


          De toutes les villes d’Algérie, Tlemcen est assurément celle qui possède le plus bel ensemble de monuments arabes. Ces monuments ont été jadis l’objet de nombreux travaux, parmi lesquels on doit rappeler surtout ceux de l’abbé Bargès, de Brosselard, de Duthoit. Mais ces ouvrages sont incomplets et d’accès difficile. Sous le patronage du Gouvernement général et du Service des monuments historiques d’Algérie, MM. William et Georges Marçais ont entrepris une étude d’ensemble, qui est une contribution importante à l’histoire de l’art moresque. Le livre est fort agréable, plein de faits et de descriptions précises. Pour l’exécution matérielle, il est conçu exactement sur le modèle des Monuments antiques de M. Gsell. Mais le pian est assez différent, puisqu’il s’agit d’une monographie. On compte aujourd’hui, à Tlemcen ou aux environs, une quinzaine de mosquées, d’innombrables koubbas, une medersa, des ouvrages de défense, des bains, un palais et beaucoup de vieilles maisons. Presque tous ces édifices ont été construits au XIIIe ou au XIVe siècle ; ils sont plus ou moins bien conservés ; mais, en général, ils ont subi peu de transformations, et c’est précisément ce qui en fait la grande valeur historique. Les auteurs passent en revue, avec autant de soin que de compétence, tout ce qui présente quelque intérêt. En s’aidant de toutes les indications fournies soit par les ruines, soit par les écrivains et les inscriptions arabes, ils racontent l’histoire de chaque édifice et le décrivent en détail. Nous citerons notamment les chapitres sur l’enceinte de Tlemcen (p. 113), sur le minaret d’Agadir (p. 136), la grande mosquée (p. 140), le Bain des Teinturiers (p. 162), la mosquée de Sidi Bel-Hassen (p. 170), Mansourah (p. 192), Sidi Bou-Médine (p. 223), la mosquée de Sidi El-Haloui (p. 285), les Koubbas (p. 330). L’illustration est riche et soignée ; trente planches hors texte en phototypie reproduisent les principaux monuments ; quatre-vingt-deux gravures dans le texte, exécutées pour la plupart d’après les dessins originaux de l’un des auteurs, font défiler sous les yeux du lecteur des plans d’édifices et des détails d’architecture ou de décoration, chapiteaux, voussoirs, portes, consoles, mihrab, fenêtres, frises, entrelacs, plâtres ajourés, faïences, inscriptions, etc. La description des édifices est précédée d’une longue et intéressante Introduction (p. 7-111), où les auteurs étudient avec précision l’histoire monumentale de Tlemcen, le style, la construction, les motifs de décoration. C’est un véritable manuel de l’art arabe du Maghreb, et l’on y relève beaucoup de curieuses observations. MM. Marçais se sont attachés surtout à mettre en lumière la parenté des édifices de Tlemcen avec ceux de l’Andalousie. Peut-être ont-ils exagéré sur ce point. Ils signalent eux-mêmes, à mainte reprise, des rapports de détail avec l’art byzantin, même avec l’art romain, par exemple dans la grande mosquée, qui date du XIIe siècle. N’y a-t-il pas eu une influence directe des monuments chrétiens du pays sur l’art arabe du Maghreb ? La question mériterait d’être examinée de près. On trouverait bien des éléments de comparaison dans les musées d’Algérie, notamment à Tébessa, où les sculptures chrétiennes attestent l’existence d’une décoration originale. Dans quelle mesure ces motifs de décoration ont-ils été connus, adoptés ou transformés par les artistes musulmans de la contrée?

C’est ce qu’il faudrait voir.

                                                       P[aul] M[onceaux]