Butler, Howard Crosby: American Archaeological Expedition to Syria. Architecture and other arts. In-4, xxv-433 p., avec de nombreux plans, gravures, etc.
(New-York, The Century Co. 1903)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 3 (4e série), 1904-1, p. 179-180
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American Archaeological Expedition to Syria. Architecture and other arts, by Howard Crosby Butler. Publisher by The Century Co., New-York, 1903. In-4, xxv-433 p., avec de nombreux plans, gravures, etc.


          En 1899-1900, une expédition américaine, subventionnée par MM. Macy, Hyde et Stokes, a exploré la partie septentrionale de la Syrie Centrale et le Djebel Haurân, marchant sur les traces de MM. de Vogüé et Duthoit (1861-1862), du comte de Laborde et de M. Guillaume Rey. M. Butler, de Princeton University, publie, dans le magnifique volume que nous annonçons, les résultats de l’expédition dans les domaines de l’architecture et de la sculpture. Les gravures ne sont pas numérotées, mais il y en a au moins 600 ! C’est un véritable trésor d’informations sur des régions particulièrement riches en monuments et où, chose très intéressante, les monuments datés par des inscriptions sont plus nombreux que partout ailleurs. De la fin du Ier siècle au commencement du VIIe, il n’y a que dix décades — 100 ans sur 600 — pour lesquelles on ne possède pas un ou plusieurs monuments datés. 

          Un caractère frappant de l’architecture de la Syrie du nord est son indépendance à l’endroit des modèles romains ; c’est vraiment une architecture néo-grecque, suivant l’expression de Courajod, dont le centre était probablement Antioche. Les influences orientales n’y deviennent sensibles qu’après le IIIe siècle. Dans le Haurân, les éléments orientaux sont plus en évidence, mais les monuments de basse époque témoignent d’un style qui n’est proprement ni grec ni romain ; il s’est formé là une école locale qui aimait à travailler le basalte.

          Les fragments de sculpture reproduits dans l’ouvrage de M. Butler n’offrent qu’une importance secondaire, en comparaison avec les restes de temples, de maisons, de basiliques et de tombeaux ; les quelques bas-reliefs relevés sur des tombes païennes sont d’une singulière grossièreté. La sculpture en ronde-bosse n’est représentée que par quelques spécimens du Djebel Haurân, un lion à Shakka (p. 416), une Niké à Si (p. 417), un torse de femme drapée à Il-Haiyât (p. 418), une Niké (?) à Shehba (p. 420). Évidemment l’art de ces régions était surtout décoratif et presque exclusivement au service de l’architecture. Cependant il devait exister un peu partout des statues d’empereurs romains ; si l’on n’en connaît pas, c’est que tous les emplacements marqués par des ruines importantes restent à fouiller. Dans la Syrie centrale, on en est encore à cette époque héroïque où les archéologues sont certains de belles découvertes rien qu’en photographiant et en dessinant à la surface du sol.

          Les généreux citoyens qui ont fait les frais de l’expédition américaine ont droit aux éloges et aux félicitations de la critique. Ils ont bien servi la science et ont été bien servis par elle ; leur libéralité, bien secondée, a porté de beaux fruits.

                                               S[alomon] R[einach]