Vasseur, G.: Note préliminaire sur l’industrie ligure (poteries et silex taillés) en Provence au temps de la colonie grecque. Extrait des Annales de la Faculté des sciences de Marseille, t. XIII, 1903, 46 p. et 5 phototypies.
( 1903)
Compte rendu par Joseph Déchelette, Revue Archéologique t. 3 (4e série), 1904-1, p. 180-181
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G. Vasseur, professeur de géologie à l’Université de Marseille. Note préliminaire sur l’industrie ligure (poteries et silex taillés) en Provence au temps de la colonie grecque. Extrait des Annales de la Faculté des sciences de Marseille, t. XIII, 1903, 46 p. et 5 phototypies.


          Le titre de ce mémoire promet à l’archéologie protohistorique quelques informations sur un domaine jusqu’à ce jour demeuré stérile. Il faut bien reconnaître que si l’histoire et la philologie ne nous avaient pas révélé l’existence d’un groupe ethnique distinct des Celtes et des tribus italiques, au sud-est de la Gaule et au nord-ouest de la Péninsule, ce n’est pas l’archéologie qui l’aurait découvert. Le peuple ligure n’a pas eu d’industrie originale. Bien plus, il n’a même pas su, comme les Scythes de la Russie méridionale, profiter du contact de la civilisation des colonies grecques.

          M. Vasseur a cru retrouver les vestiges d’une station ligure au Baou Roux, plateau rocheux situé entre Marseille et Aix. Il y a recueilli des poteries variées, une fibule gauloise, quelques monnaies grecques et objets divers. Des restes de murailles en pierres sèches ont été mis à découvert. Au nombre des trouvailles céramiques figurent cinq à six échantillons de poterie peinte, de fabrique grecque ou italiote. Ces débris, malheureusement bien menus, ont pu être déterminés par M. Pottier ; ils se classent aux VIe et Ve siècles. La trouvaille est donc intéressante, en raison de l’extrême rareté des poteries similaires dans le voisinage de Marseille.

          A côté de ces spécimens de la céramique classique, l’auteur reproduit, sur une des planches phototypiques, qui sont toutes excellentes (pl. XIII, 5 et 6), des tessons d’une poterie grise estampée de rosaces et de triangles ponctués. MM. Pottier et Salomon Reinach, consultés par M. Vasseur, les considèrent comme appartenant à quelque céramique barbare. On peut, à, mon avis, préciser davantage en toute assurance et dire céramique wisigothique des Ve-VIe siècles de notre ère. Les poteries de ce groupe ne se rencontrent qu’à cette époque et seulement sur le territoire des Wisogoths, entre la Loire, le Rhône inférieur et les Pyrénées. Baou Roux se trouve situé près des limites du domaine des Wisigoths et des Ostrogoths. Je me propose d’ailleurs de consacrer prochainement une étude à cette série céramique, assez bien représentée maintenant dans quelques musées du midi et de l’ouest de la France.

          Quant aux poteries classées comme ligures par M. Vasseur, elles sont assez grossières et peuvent se confondre avec celles de diverses époques, non seulement de la période néolithique, mais du haut moyen âge.

          En somme, la station est intéressante à étudier, parce qu’elle a été occupée durant une longue période. Il faut donc souhaiter que l’auteur poursuive ses premières explorations. Peut-être réussira-t-il à exhumer quelques vestiges matériels plus typiques de l’industrie ligure, ou — ce qui semble plus probable — des reliques nouvelles des occupations hellénique et barbare.

                                               J[oseph] D[échelette]