Ulysse Chevalier. Répertoire des sources historiques du moyen âge. Topo-Bibliographie. Montbéliard, 1894-1903. In-4°, 3383 p. sur deux colonnes.

          Ce monumental fouillis inspire à la fois le respect et l’aversion ; le respect, parce qu’il y a là un travail matériel énorme, effroyable, témoignant d’un esprit de sacrifice poussé jusqu’à l’héroïsme ; l’aversion, parce que rien n’a été fait pour distinguer l’utile de l’inutile, pour tenir toute l’information au courant des travaux du XIX^e siècle, pour soumettre les rubriques alphabétiques à des règles quelconques. Exemple ; je cherche l’article Philologie. Le répertoire concerne le moyen âge ; donc, il faudrait trouver, sous cette rubrique, les répertoires concernant la philologie chrétienne et byzantine, notamment les manuels de Krumbacher, de Koerting, de Groeber, de Paul. Il n’y a rien de tout cela, mais l’Engelmann de 1868 (rien d’Engelmann-Preuss), l’Ersch de 1845, une History of Philology de Fiske, 1869, essai publié dans une Revue (ni Bursian, ni Hübner, ni Gudeman), et d’autres livres, les uns vieillis, les autres indignes de toute mention. Enfin, quelques revues, comme le Philologus, mais ni la Philologische Wochenschrift, ni la Wochenschrift für klassische Philologie. Sur la même page, il y a une rubrique Philopatris, mais le dernier ouvrage indiqué à ce sujet est une dissertation (sans valeur aucune) de 1864. — Hiérapolis ou Hiéropolis en Phrygie est une ville assez importante pour l’histoire du christianisme, sur laquelle Ramsay, notamment, a beaucoup écrit ; il n’y a que des renvois à Lequien, à Gams et aux conciles. Le Priscillianisme, ou hérésie de Priscillien, nous est connu surtout depuis la découverte et la publication par Schepss (1889) des traités de Priscillien, ce qui a donné lieu à toute une littérature ; or, la Topo-bibliographie n’en sait rien, et le travail le plus récent qu’elle cite est une dissertation espagnole de 1878. — L’article Sibérie se compose de quatre lignes ; l’ouvrage le plus récent qui y soit cité est une dissertation archéologique de Spassky, 1822 ! — Il suffit presque d’ouvrir ce livre au hasard pour trouver matière aux critiques les plus graves. Et pourtant, il est indispensable aux bibliothèques ; tiré a [sic] 2.000 exemplaires, je suis certain qu’il sera bientôt épuisé. C’est surtout comme répertoire de bibliographie géographique qu’il est appelé à rendre de grands services, d’autant plus qu’il n’existait encore aucune œuvre de ce genre.

Malgré les lacunes et l’arbitraire qu’on y constate presque à chaque page, les grands articles tels qu’Allemagne, Espagne, France, Rome, Russie, etc., sont aussi des mines d’information. L’impression est très correcte et même belle ; seuls, les caractères grecs laissent à désirer. 

                                               S[alomon] R[einach]

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