Kraemer, H.: Weltall und Menschheit. Tome II. Gr. in-8, xiii-518, p., avec 40 pl. hors texte et 300 gravures.
(Berlin et Leipzig, Bong 1903)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 3 (4e série), 1904-1, p. 436-437
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H. Kraemer. Weltall und Menschheit. Tome II. Berlin et Leipzig, Bong, 1903. Gr. in-8, xiii-518, p., avec 40 pl. hors texte et 300 gravures.


          Cet ouvrage, écrit pour le grand public, intéresse l’archéologie par les chapitres relatifs au préhistorique (âge de la pierre éclatée) qui ont été rédigés par M. le professeur Klaatsch de Heidelberg. Ils sont loin d’être sans valeur, même pour les spécialistes. M. Klaatsch n’a pas lu tout ce qui rentrait dans le domaine de ses nouvelles études (il est, de sa profession, anatomiste) ; en particulier, il connaît mal la longue série de travaux originaux et critiques qui remplissent la revue l’Anthropologie. Mais il a beaucoup voyagé et observé ; en France même, il ne s’est pas contenté de visiter les Musées ; il est allé examiner les lieux qui ont fourni les plus anciens monuments de l’industrie humaine. Peut-être s’est-il laissé trop facilement entraîner, à la suite de M. Rutot, dans la voie périlleuse de la recherche des silex tertiaires ; en ces derniers temps, M. Schweinfurth et lui n’ont cessé de prêcher en Allemagne cet Évangile éolithique qui rencontre encore chez nous beaucoup d’incroyants.

Mais il est certain — et M. Rutot a eu le mérite de le proclamer — que l’industrie humaine n’a pu débuter avec la hache en amande de Saint-Acheul, ni même avec la pointe ou le racloir du Moustier. Ces formes sont nécessairement le produit d’une longue évolution et les silex utilisés ou accommodés à l’usage ont dû précéder les silex taillés. La difficulté commence lorqu’on [sic] veut reconnaître ces silex utilisés et qu’on prétend les ramasser non par milliers, mais par millions ; il faut lire, à ce sujet, une série d’excellents articles critiques publiés dans L’Anthropologie par M. Boule depuis 1902. M. Klaatsch a connu les premiers spécimens de peintures murales dans les cavernes quaternaires, signalés par MM. Rivière, Capitan, Breuil, etc., et il en a reproduit plusieurs d’après la Revue de l’École d’Anthropologie. L’illustration de ce volume, très abondante et soignée, aurait été meilleure encore si l’éditeur en avait résolument écarté les compositions de pure fantaisie, telles que l’Attaque du mammouth d’après Vasnetzoff et la Chasse à l’ours des Cavernes d’après W. Kühnert. Une grande planche en couleurs, d’après le même W. Kühnert, représente un troupeau de mammouths, dans une immense plaine de neige, sans même un sapin à l’horizon ; que pouvaient bien manger ces animaux-là ?

                                               S[alomon] R[einach]