Déchelette, Joseph: Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine (Narbonnaise, Aquitaine et Lyonnaise). 2 vol. in-4°, illustrés de plus de 1700 dessins et de nombreuses planches.
(Paris, Picard 1904)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 3 (4e série), 1904-1, p. 445-450
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Joseph Déchelette, conservateur du Musée de Roanne. Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine (Narbonnaise, Aquitaine et Lyonnaise). Paris, Picard, 1904. 2 vol. in-4°, illustrés de plus de 1700 dessins et de nombreuses planches. Prix : 50 francs.


          Voici un grand ouvrage dont j’ai vu avec joie éclore le projet, dont j’ai pressé la préparation de tous mes vœux et dont j’annonce aujourd’hui la publication avec un plaisir que partageront, j’en ai la confiance, bien des lecteurs de la Revue archéologique.

          En 1895, M. Dragendorff publia, dans les Bonner Jahrbücher, une première étude d’ensemble sur les vases sigillés, fabriqués tant en Italie que dans les diverses provinces de l’Empire ; il y passait en revue les principaux centres de production, en insistant particulièrement sur les vases ornés d’Arezzo. M. Dragendorff a eu le mérite de proposer une première classification chronologique des vases sigillés, d’après leurs formes et leur ornementation. En ce qui concerne les vases ornés, il démontra que les types gaulois étaient différents des types arrétins et que, de plus, ils avaient varié au cours des trois premiers siècles de notre ère, c’est-à-dire pendant la période d’activité des ateliers de la Gaule.

          Avant l’an 70 environ av. J.-C, le profil du bol orné présentait un galbe caréné. Après cette date, la forme devient hémisphérique et ne varie plus jus- qu’aux derniers temps de la poterie sigillée. M. Dragendorff avait publié cinquante-cinq formes de vases sigillés de techniques diverses, vases unis, vases moulés et vases barbotinés, de fabriques italique et gauloise ; les types italiques numérotés de 1 à 14, les types gaulois de 15 à 55. M. Déchelette, après une enquête plus étendue, a pu réunir un bon nombre de formes nouvelles. Il avait à choisir entre deux partis ; ou bien établir une nouvelle série de numéros pour tous les vases ornés, rentrant dans le groupe des vases sigillés, ou bien adopter ceux de M. Dragendorff, en attribuant aux formes nouvelles des numéros pris à la suite de 55. C’est à ce dernier parti qu’il s’est arrêté, en considérant que les trois formes de vases moulés, distinguées par M. Dragendorff, sont de beaucoup les plus répandues et que, d’autre part, leur désignation numérique est en quelque sorte consacrée par l’usage dans les récentes publications archéologiques, tout au moins en Allemagne. Il a ainsi évité la confusion qu’eût, entraînée l’emploi d’une double sériation numérique.

          On trouvera également dans son livre, avec la même cote, la forme n° 11 de M. Dragendorff, qui, dans sa classification, l’avait fait figurer seulement parmi les formes italiques, alors qu’elle est commune aux ateliers de l’Italie et de la Gaule. Cette constatation fait disparaître une sorte de hiatus. L’industrie de la poterie sigillée ayant été apportée en Gaule par des ouvriers italiques, il était inexplicable que les formes des vases fussent entièrement distinctes. En réalité, il y a eu une très courte période durant laquelle on a fabriqué dans les ateliers gaulois le vase n° 11, c’est-à-dire une forme proprement arrétine.

          En résumé, sur vingt formes de vases moulés de fabrique gauloise, quatre conservent leur numéro allemand (nos 11, 29, 30 et 37), tandis que les seize formes nouvelles sont désignées par des nombres pris à la suite de la même série, soit de 56 à 71.

          M. Déchelette s’est occupé exclusivement des vases ornés, fabriqués dans les trois provinces narbonnaise, aquitanique et lyonnaise. Deux motifs l’ont déterminé à ne pas comprendre les vases unis dans le plan de son travail.

D’une part, le relevé des marques aurait constitué la tâche principale d’une étude sur les vases unis ; or, cette tâche laborieuse s’achève en ce moment, par les soins des rédacteurs du Corpus. D’autre part, ce ne sont pas les vases unis, mais les vases ornés qui peuvent conduire à la solution des principaux problèmes que soulève l’étude de la céramique gallo-romaine. Voici, à ce sujet, ce qu’écrivait l’auteur dans son récent mémoire sur la fabrique de la Graufesenque ; « Je suppose que trois assiettes semblables et signées de la même marque, d’un nom peu répandu, tel que celui de Mommo, se soient rencontrées l’une à Londres, l’autre en Campanie, la troisième dans les ateliers de la Graufesenque. Il est tout naturel de penser que les deux premières ont été exportées de la fabrique où l’on a recueilli la troisième. Mais depuis un demi-siècle que l’on discute sur ces problèmes de céramographie, on a proposé tant de solutions diverses qu’il semble difficile de produire une opinion sans se heurter à des contradicteurs. Il y aura certainement des archéologues pour défendre encore la théorie des « potiers nomades. » Depuis longtemps les épigraphistes ont constaté la diffusion des mêmes marques sur une grandes partie du territoire romain ; mais la plupart ont eu une tendance à admettre que les potiers avaient dû voyager beaucoup plus que leurs propres produits. On pourra donc prétendre que notre potier Mommo, après avoir exercé son industrie en Italie, aurait gagné de là les ateliers de la Gaule pour passer plus tard en Bretagne. D’autres se demanderont si les potiers gaulois n’auraient pas ajouté à la vente de leurs propres produits, le commerce de certaines catégories de poteries importées d’Italie. Mais, avec les vases ornés, toutes les difficultés s’aplanissent. Les hypothèses se changent en certitude, et cela pour cette seule raison que la fabrication de ces vases comportait l’usage du moule. Si nous prêtions à Mommo une vie plus ou moins nomade, dans tous les ateliers où il se sera livré à la fabrication des vases moulés, nous devrons trouver des débris de ces moules. Mais si, en fait, on ne les rencontre que dans une localité, il sera démontré que ce potier n’a jamais eu qu’une seule résidence et que la dispersion de ses produits est bien le résultat d’un commerce d’exportation. A ce sujet, le résultat de mon enquête est tout à fait significatif ; les moules portant la même marque sont localisés dans une même région ; je dis dans une même région, mais non dans une même fabrique, car autour des grands centres de fabrication se créaient des ateliers de moindre importance. C’est ainsi que Lubié dépendait de Lezoux et Montans de la Graufesenque, de même qu’en Italie Cincelli relevait d’Arezzo ». 

          M. Déchelette classe les vases ornés de la Gaule romaine en cinq catégories, d’après la technique et la fabrication ;

          1° Vases moulés, c’est-à-dire intégralement fabriqués à l’aide d’un moule, sauf le pied, les lèvres et parfois les anses, façonnés séparément et ajustés sur le tour. Cette série est de beaucoup la plus nombreuse ;

          2° Vases à reliefs d’applique. Les reliefs sont moulés séparément et soudés ensuite sur la panse du vase. Ils correspondent aux emblemata des vases métalliques ;

          3° Vases ornés à la barbotine ;

          4° Vases incisés. Le décor est obtenu au moyen d’enlevages dans la pâte crue, à l’aide d’un instrument analogue aux gouges des sculpeurs [sic] ;

          5° Vases ornés au moyen de procédés divers (poteries peintes, estampées, etc[.]).

          Les quatre premières catégories, et la cinquième (en partie seulement) appartiennent à ce qu’on est convenu d’appeler la poterie sigillée, dénomination toute moderne et d’ailleurs assez vague.

          On croyait jusqu’ici que tous les vases moulés de la Gaule dérivaient de prototypes arrétins ou de vases italiques similaires (fabriques de Pouzzoles, par exemple). M. Déchelette a démontré l’existence, dans la Haute-Italie, d’un centre de fabrication importante à l’époque d’Auguste, mais qui ne peut encore être exactement localisé. C’est là que travaillaient les potiers Aco (nom gaulois), L. Sarius et Norbanus, dont on connaît les esclaves ou affranchis Surus, Acastus et Buccio. Aco expédiait ses produits à Bibracte et jusque chez les Atrébates, mais on les rencontre surtout dans la Haute-Italie et la Carinthie.

          Ces fabriques de la Cisalpine ont disparu au premier siècle de notre ère, en même temps que celles d’Arezzo, lorsque la création des manufactures gauloises et leur rapide développement eurent ruiné l’industrie italique. Les ateliers de Saint-Rémy-en-Rollat (Allier), de Vichy et de Gannat imitèrent les vases à pâte blanchâtre des fabriques de la région du Pô. A la même époque, vers le milieu du premier siècle de notre ère, une localité des Butènes, Condatomagus, aujourd’hui la Graufesenque, commune de Millau (Aveyron), se substituait à Arezzo et accaparait la grande clientèle de l’Empire. Les rédacteurs du Corpus avaient déjà observé en Italie un assez grand nombre de marques qui ne leur paraissaient pas indigènes ; ils se fondaient sur la forme des estampilles ; en effet, les sigles des mots manu, officina, fecit, ne se rencontrent jamais sur les vases italiques. M. Déchelette a établit définitivement que là où M. Dressel avait écrit, dans l’Instrumemtum domesticum du tome XV du Corpus ; Originis externae videtur, il fallait presque toujours dire originis rutenae. Aux musées da [sic] Naples et de Pompéi, les vases ornés de la Graufesenque sont à peu près aussi nombreux que ceux d’Arezzo.

          Ces vases, retrouvés sous les cendres du Vésuve, ont fourni les points de repère les plus sûrs pour une classification chronologique des poteries moulées, d’après le style du décor.

          La classification de M. Déchelette, dont on trouvera le détail dans son ouvrage, se rapproche beaucoup de celle qu’avait proposée M. Dragendorff, mais elle est, à bien des égards, plus complète et plus exacte. M. Dragendorff regardait le décor à figures libres, c’est-à-dire sans divisions en compartiments, comme plus récent que le décor à médaillons ; cette distinction, comme l’a montré M. Déchelette, n’est pas exacte pour la fabrique de Lezoux.

          Le décor de transition et le décor à métopes appartiennent à la fin du premier siècle de notre ère et au commencement du second.

          Les divers décors de la troisième catégorie se rencontrent simultanément au second siècle.

          Il est certain qu’au quatrième siècle on ne fabriquait plus de vases moulés. Pour le troisième siècle, les nécropoles à date certaine font à peu près défaut jusqu’à ce jour. Il y a donc encore quelque incertitude sur le style des vases ornés de cette époque et même sur la date exacte de la fin de la fabrication des vases sigillés. M. Déchelette pense, avec feu Plicque, que la destruction de la grande fabrique de Lezoux se place au temps de l’invasion de Chrocus et de la ruine du temple de Mercure Dumias, c’est-à-dire en 259 ap. J.-C. d’après Grégoire de Tours.

          Le Condatomagus des Rutènes, après avoir détenu le premier rang pour la fabrication des vases sigillés, non seulement en Gaule, mais dans toute l’Empire, le céda à son tour aux ateliers de Lezoux qui, après des débuts modestes, furent extraordinairement florissants durant le second siècle.

          Quelques extraits des diverses statistiques établies par M. Déchelette suffiront à établir ce point important.

          Voici le relevé des moules et vases portant la signature de Cinnamus, un des principaux potiers de Lezoux. M. Déchelette a recueilli son estampille sur 10 moules et sur 142 vases. Tous les moules proviennent de Lezoux. Quant aux vases, ils se répartissent sur une immense zone géographique, qui s’étend jusqu’aux frontières de la Prusse orientale. La marque de ce potier présente des particularités de forme tout à fait caractéristiques, qui excluent entièrement l’hypothèse d’une confusion entre plusieurs potiers homonymes. Le style de l’ornementation démontre, d’ailleurs, que ces 152 moules ou vases sont bien sortis du même atelier.

          Ces statistiques sont tout à fait concluantes en faveur de l’importance du commerce d’exportation des ateliers arvernes. Même les ateliers athéniens du Ve siècle n’ont pas joui d’une clientèle aussi étendue.

          La troisième partie de l’ouvrage comprend le recueil général de tous les types figurés et des principaux motifs d’ornement que M. Déchelette a pu recueillir sur les poinçons, moules ou vases sortis des officines de la Narbonnaise, de l’Aquitaine et de la Lyonnaise.

          Les potiers de la Gaule avaient l’habitude de grouper arbitrairement, au hasard des rapprochements et sans tenir compte des mythes et des légendes, les poinçons variés dont il disposaient ; M. Déchelette a donc pu, sans inconvénient, dissocier les figures que la simple fantaisie du fabricant de moules avait juxtaposées et les classer d’après la nature des sujets.

          Au total, ce Corpus des reliefs céramiques gallo-romains comprend 1.238 types, tous reproduits dans le texte, d’après des dessins de MM. Champion et Bourguin. A la suite de chaque description, on trouve les divers noms de potiers relevés sur les pièces estampillées où le type apparaît.

          Voici la répartition par fabriques de ces 1.238 types ;

          a) Types de la Graufesenque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

          b) Types de Lezoux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 792

          c) Types communs à ces deux fabriques . . . . . . . . . . . .  . 20

          d) Types de Montans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

          e) Types de Saint-Rémy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

          f) Types de Banassac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

          g) Types de fabriques diverses et d’origine indéterminée. . 201

                                                             Total général. . . . . 1238

 

          Il résulte de cette statistique que chaque centre de fabrication possédait son matériel de poinçons-matrices. Les types de la Graufesenque ne se rencontrent pas à Lezoux et vice versa, à part quelques exceptions. On peut donc, le plus souvent, déterminer la provenance d’un vase orné sigillé à l’aide de l’ornementation qu’il porte. C’est là un résultat de tout premier ordre.

          Pour que tous les reliefs composant le décor des vases moulés de l’époque romaine fussent mis à la disposition du public, il resterait à dresser le Corpus 1° de ceux d’Arezzo et des autres fabriques italiques ; 2° de ceux des ateliers de Rheinzabern et de Westerndorff. M. Déchelette a limité l’horizon géographique de son ouvrage aux trois provinces narbonnaise, aquitanique et lyonnaise. La Belgique et les deux Germanies sont donc exclues de son cadre ; mais la tâche de celui qui complétera son travail est désormais aisée. Il semble que, contrairement à ce que M. Déchelette a constaté pour les fabriques énumérées ci-dessus, il y ait un assez grand nombre de types communs aux vases de Lezoux, de Rheinzabern et de Westerndorf.

          Comment s’est constitué le « trésor des types » des potiers gaulois ? M. Déchelette démontre, avec une connaissance étendue des monuments, qu’il a été emprunté par eux à des sources très diverses. Les céramistes qui ont modelé les matrices n’ont eu aucun souci d’originalité. Ils ont cherché des motifs dans la statuaire, dans les bas-reliefs, dans les types monétaires, dans la vaisselle d’argent, en un mot un peu partout.

          Un grand nombre de sujets appartiennent à l’art dit alexandrin ; Amours porteurs de toutes sortes d’attributs, scènes de pêche, sujets de genre, arbres et rochers empruntés à des paysages pittoresques, grues et cigognes, pygmées, aigle dévorant un lapin, corbeilles de fruits et attributs divers. Le dieu Anubis figure parmi les divinités. Un ou deux types néo-attiques font aussi partie du répertoire des potiers gaulois. Enfin, les représentations de l’amphithéâtre ont exercé sur l’art industriel une grande influence. Il est évident qu’aucun sujet n’était plus goûté de la clientèle des céramistes que les combats de gladiateurs et les venationes. Thraces, secutores ou samnites, rétiaires, pegniaires, combattant par paires, bestiaires pourchassant des fauves, captifs livrés aux bêtes féroces, auriges, pugilistes, etc., tous ces professionnels et toutes ces victimes de l’arène et du cirque apparaissent en grand nombre sur les vases sigillés, à toutes les époques.

          La partie de l’ouvrage que je viens d’analyser est celle qui concerne les vases moulés. Pour les vases à reliefs d’applique de Lezoux, les lecteurs de la Revue archéologique connaissent les conclusions de M. Déchelette, par son article sur le type du Laocoon. Quatre-vingts pages du tome II sont consacrées à la série des médaillons de la vallée du Rhône, si intéressants par la variété des sujets qu’expliquent parfois des inscriptions métriques. On y trouvera la reproduction de tous ces petits monuments dont un certain nombre étaient connus, mais disséminés dans diverses publications. M. Déchelette a ajouté toute une série de médaillons inédits, parmi lesquels un buste d’Antinoüs — c’est la première fois qu’il apparaît sur une œuvre d’art d’origine gauloise — Vulcain montrant à Thétis le bouclier d’Achille, Cybèle sur un lion, le mythe de Minos et de Scylla, Danaé et le jeune Persée enfermés dans l’arche. M. Déchelette pense que la plupart de ces médaillons sont inspirés de représentations scéniques, en même temps que des jeux du cirque et de l’amphithéâtre. Plusieurs figurent des scènes de tragédie ; « Après avoir applaudi l’acteur Parthénopée (n° 99), engagé quelque pari sur un aurige de la faction verte (nos 122-124), acclamé à l’amphithéâtre les gladiateurs les plus célèbres, Aquileus (n° 113), Rusticus (n° 108), Audax (n° 108), Malisius (n° 107), Saturnus (n° 106), Velox (n° 112) ou le pegniaire Servandus (n° 120), le spectateur pouvait, à l’issue du spectacle, faire emplette d’un vase portant l’image du vainqueur ou la reproduction de quelque belle scène de tragédie. Telle fut, croyons-nous, la vraie destination de ces vases qui se classent dans la catégorie des poteries décoratives et non pas, à proprement parler, parmi les poteries domestiques. Dès lors, on ne doit plus être surpris de rencontrer ici des sujets qui n’étaient nullement familiers aux artistes céramistes de la Gaule. Ceux-ci, livrés à leurs propres ressources, travaillaient à l’aide de poncifs. Des scènes de la fable aussi peu populaires dans l’art industriel gallo-romain que Minos et Scylla, Danaé et le jeune Persée, Hercule et Philoctète etc., ne devaient pas figurer dans leurs recueils de modèles. C’est aux représentations scéniques que ces sujets ont été empruntés. » Si, comme je le crois, M. Déchelette a raison, quelles curieuses comparaisons pourront être faites entre ces médaillons, les vases peints grecs à sujets scéniques et les miniatures et peintures du moyen âge où M. Mâle vient de signaler si justement l’influence des Mystères !

          Les dernières parties de l’ouvrage traitent des vases barbotinés, estampés, incisés ; c’est-à-dire de séries céramiques moins importantes que les précédentes. M. Déchelette s’est attaché à en établir la classification chronologique, qui restait presque entièrement à établir.

          En somme, ce magnifique ouvrage, riche en révélations inattendues — même après les publications de détail de l’auteur — est bien plus qu’un chapitre de l’industrie gallo-romaine sous l’Empire ; c’est une contribution de haute valeur à l’histoire industrielle et commerciale de toute l’Europe occidentale pendant trois siècles et à la connaissance des types figurés qui reflètent l’idéal artistique, les occupations et les mœurs de ce temps-là. Souhaiter qu’il se répande rapidement est bien inutile ; il suffit d’indiquer ce qu’il contient pour que le public lui fasse l’accueil auquel il a droit.

                                               S[alomon] R[einach]