Déchelette, Joseph: L’oppidum de Bibracte. Guide du touriste. In-12, 78 p., avec cartes et gravures.
(Paris et Autun 1903)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 2 (4e série), 1903-2, p. 367-368
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Joseph Déchelette. L’oppidum de Bibracte. Guide du touriste. Paris et Autun, 1903. In-12, 78 p., avec cartes et gravures.


          Ce petit guide est très bien fait ; on en voudrait autant pour chaque centre archéologique de la Gaule. Comme le succès dont il est assuré obligera bientôt à en publier une édition nouvelle, voici quelques observations que je soumets à l’auteur. P. 17, il faut dire que Divitiac était Druide. P. 20, le passage cité de M. Jullian n’est pas entièrement fondé sur les textes ; le fait que le concilium totius Galliae s’est réuni à Bibracte n’en a point fait « la tête et la citadelle de la Gaule entière ». P. 23, quels sont donc aujourd’hui les « certains manuels classiques » qui représentent les pierres druidiques comme « les témoins les plus authentiques de l’occupation gauloise sur le sol français ? » P. 29, en 1865 Napoléon III ne « préparait » pas sa Vie de César (lire Histoire de César), puisque le t. Ier de cet ouvrage parut cette année même. P. 31, est-il vrai que Biffractus soit un « dérivé normal » de Bibracte ? P. 37, je crois pouvoir revendiquer l’hypothèse qui met la construction des oppida gaulois en relations avec l’invasion des Cimbres. P. 39, la pénétration de la civilisation italique en Gaule est antérieure à César ; un des motifs de la conquête fut précisément, à mon avis, d’assurer plus de facilités aux négociants romains, qui étaient mal reçus ou ne l’étaient pas du tout parmi les peuples du nord-est de la Gaule. P. 43, si M. D. pense qu’Esus, Teutatès et le dieu au maillet étaient panceltiques, il ne devrait pas se contenter de l’affirmer, mais le prouver. P. 54, le corail provenait surtout des îles d’Hyères, non « des côtes de l’Italie méridionale ». P. 57, je crois que l’on ne peut guère parler, malgré l’exemple de Mortillet qui a prodigué cet italianisme, de « récoltes céramiques ». P. 64, sur la monnaie éduenne figurée par M. D., je ne vois pas du tout un « personnage ailé debout sur un quadrupède ». P. 71, la description des cérémonies encore en usage sur le Beuvray, empruntée par M. D. à Bulliot, contient des détails bien suspects ; il semble qu’un demi-savant ait passé par là (plantes cueillies avant l’aurore, baguette jetée derrière l’épaule gauche). II faudrait un garant plus ancien que Bulliot. P. 77, M. D. dit que « une fois par an, au printemps, l’âme de cette cité morte, comme certaines divinités de la Fable, s’échappe de la tombe ». Quelles divinités ? Il fallait écrire, je crois, « certains héros des fables celtiques et germaniques ».

          Au mois de septembre 1903, on a inauguré, sur le Beuvray, un modeste monument érigé en l’honneur de Bulliot (1817-1902). Il est de toute justice que le souvenir et l’image de cet archéologue diligent restent attachés aux lieux qu’il a explorés avec tant de zèle. M. Déchelette, son neveu, a bien mérité, à son tour, de la vieille cité éduenne ; voilà deux noms que les amis de l’archéologie celtique n’oublieront pas.

                                               S[alomon] R[einach]