Lebeuf, abbé - Cocheris, Hippolyte: Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris. Nouvelle édition, annotée et conti­nuée jusqu’à nos jours, par Hippolyte Cocheris, tome ler
1 fort vol. in-8. Prix : papier vélin, 12 fr.
(Paris, Auguste Durand 1863)
Compte rendu par A. V., Revue Archéologique 9, 1864-5, 2e série, p. 147-149
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Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, par l’abbé Lebeuf, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Nouvelle édition, annotée et conti­nuée jusqu’à nos jours, par Hippolyte Cocheris, membre de la Société impériale des antiquaires de France, etc., tome ler. Paris, Durand, libraire, rue des Grès, 7. 1863,1 fort vol. in-8. Prix : papier vélin, 12 fr.


L’Histoire du diocèse de Paris de l’abbé Lebeuf est un de ces livres dont la réimpression se faisait désirer de la manière la plus sensible. Au point de vue archéologique proprement dit, et surtout au point de vue de l’art, cet ouvrage, qui compte plus d’un siècle d’existence (le 1er volume ayant été publié en 1754), paraîtra peut-être à plusieurs un peu suranné. Je ne rappellerai pas ici les appréciations quelque peu singulières que le bon abbé laisse échapper souvent de sa plume sur la bâtisse de telle ou telle église, ou sur l’afreux gothique (sic), dont il se plaint en compa­gnie de tous les séculiers (et quelquefois des réguliers, par exemple les Bénédictins), ses contemporains. Ce sont là questions de goût et qui, on le sait, comportent une extrême diversité dans les façons de voir et de sentir. Mais où sa doctrine peut sembler plus aisément controversable, c’est lorsque il définit l’architecture gothique, par « celle qui n’est pas romaine et dont les arcs et les cintres sont pointus par le haut, » et autres propositions semblables (1).

Mais ces jugements eux-mêmes, ces défectuosités, quelles qu’elles soient, portent avec elles un cachet de bonhommie et de candeur qui distingue tout l’ouvrage et qui le fait aimer dans toutes ses parties. Il n’est pas jusqu’à son format in-12, qui, divisant l’œuvre en petits volumes portatifs et commodes, n’ait rendu chère cette histoire au bibliophile, à l’archéo­logue ambulant et fureteur. Terminons cet éloge en rappelant les qua­lités si sérieuses de ce livre solide, consciencieux et approfondi.

M. H. Cocheris, membre de la Société des antiquaires de France, a réso­lument abordé la tâche, très-difficile, de rééditer l’Histoire du diocèse de Paris, et nous avons sous les yeux le tome 1er de cette publication. .Le nou­vel éditeur ne s’est dissimulé aucun des écueils, aucune des épines qui hérissaient une pareille entreprise. Lui-même rend compte des divers plans, des divers modes qui se sont présentés à son esprit pour réaliser son dessein, et des avis ou observations qui d’avance lui ont été suggérés. Les développements qui vont suivre, en faisant connaître l’œuvre propre de M. Cocheris, montreront du même coup la marche qu’il adopte et le plan qu’il a suivi.

Après une dédicace à M. Silvestre de Sacy, petit-fils du notaire Silvestre, l’un des exécuteurs testamentaires de l’abbé Lebeuf, et une courte pré­face, M. Cocheris a placé une introduction étendue, mais parfaitement remplie et de beaucoup d’intérêt. Il y passe en revue les divers auteurs qui ont écrit sur l’histoire de la capitale, et se trouve conduit tout naturel­lement à une notice sur la vie et les écrits de l’abbé Lebeuf. Ce travail, très-substantiel, appuyé sur des documents de premier ordre et authentiques, offre en même temps une lecture vraiment agréable par l’esprit et le goût qui en assaisonnent l’érudition. A la fin de cette notice, l’éditeur a placé le catalogue, probablement complet et par ordre chronologique, des diverses productions, opuscules et articles de l’abbé Lebeuf, au nombre de deux cent cinquante-neuf.

Vient ensuite un autre mémoire, ou chapitre préliminaire, intitulé ; De l’Histoire du diocèse de Paris et de cette nouvelle édition. Puis commence le texte de Lebeuf.

Les deux premiers feuillets offrent un fac similé du faux-titre et du titre de l’édition originale. M. Cocheris, qui du reste a dû substituer l’in-8° à l’in-12, n’a pas poussé plus loin la reproduction matérielle de l’œuvre primitive. Aussi bien l’Histoire du diocèse, ayant été imprimée sans que l’auteur en ait pu corriger les épreuves, se trouve par ce motif criblée de fautes que le nouvel éditeur, avec tout le respect possible, ne pouvait répéter superstitieusement. M. Cocheris a donc réimprimé le livre en ca­ractères modernes, faisant descendre les notes ou renvois, des manchettes, au bas des pages, sans addition ni changement autre que la correction typo­graphique. Il a de plus rappelé, à l’aide d’un titre courant, la concordance de tome et de pagination entre l’édition originale et la nouvelle. Le texte, dans l’édition de M. Cocheris, s’arrête à la page 124 du tome Ier de l’abbé Lebeuf, publié en 1754.

La secondé moitié du volume, comprenant dix-neuf feuilles d’impression in·8° (plus de 500 pages pour tout le volume), est spécialement composée de notes et additions et le plus souvent en indications ou renseignements très-précieux, tirés des archives mêmes de ces institutions supprimées par la révolution fran­çaise, archives que cette même révolution a réunies pour l’usage du public et au grand profit de notre histoire. Elles comprennent en outre la liste chronologique des ouvrages imprimés qui ont trait à ces diverses communautés.qui appartiennent en propre à notre savant confrère. Ces notes suivent la même marche que les chapitres du texte, et se réfè­rent successivement à chacun de ces chapitres. Elles se divisent unifor­mément en deux parties : Les unes sont historiques ou critiques. Elles servent à contrôler, quelquefois à rectifier, et toujours à éclairer le texte de l’auteur. Elles continuent aussi, en général, jusqu’à nos jours l’histo­rique des établissements, communautés ou édifices, décrits par l’abbé Lebeuf et qui ont survécu plus ou moins longtemps à leur premier anna­liste. Les autres ont le caractère bibliographique. Elles consistent d’abord

Ces notes et additions, fruit d’une compilation immense, dénotent chez M. Cocheris l’activité la plus laborieuse, jointe à beaucoup de discerne­ment et à la connaissance approfondie de son sujet. Elles nous semblent, et ce n’est pas là un vulgaire éloge, tout à fait dignes de figurer au lieu qu’elles occupent. Nous nous permettrons toutefois une critique de détail qui peut-être trouvera une application utile dans le reste de l’édition. M. Cocheris, au prix d’un travail infini, a dépouillé la vaste collection des épitaphiers de Paris, manuscrits que renferment nos bibliothèques publi­ques. Il a ensuite réparti les diverses portions de ce texte, en les restituant aux diverses églises qui les avaient respectivement fournies. C’est là une très-heureuse pensée, dont les amateurs d’érudition lui tiendront compte avec gratitude. Malheureusement ces listes, composées d’articles uni­formes (un nom et une date de décès), sont annexées en masse à chaque chapitre, sans que l’on puisse saisir un ordre quelconque : chronologique, alphabétique, ou autre, dans leurs dispositions. Il sera facile de remédier à cet inconvénient en suivant un meilleur système pour les volumes suivants. Nous ne doutons pas d’ailleurs que l’ouvrage réimprimé de l’abbé Lebeuf se termine par une ample table onomastique. La mort seule a empêché l’auteur primitif de joindre à son œuvre ce genre d’appendice, qui s’im­pose en quelque sorte ici par son caractère de nécessité indispensable.

 

A. V.

 

(1) « En fait d’écriture, dit encore l’abbé Lebeuf, on appelle aussi gothique celle qui n’est pas romaine. » L’auteur méconnaît ensuite l’écriture onciale dont le caractère est si distinct, et l’appelle de la gothique majuscule Avertissement ; l’histoire, etc. ; sub fine. Voir (ibid.), de ses observations sur les pointes et notamment les six pointes de l’o.