Chassaigne, L. - Chauvet, G.: Analyses de bronzes anciens du département de la Charente. In 8, 67-lx p.
(Ruffec, Picat 1903)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 2 (4e série), 1903-2, p. 375-376
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L. Chassaigne et G. Chauvet. — Analyses de bronzes anciens du département de la Charente. Ruffec, Picat, 1903. In 8, 67-lx p.


          Les bronzes analysés par M. Chassaigne appartiennent à la collection de M. G. Chauvet, qui a accompagné de notes érudites l’exposé des résultats obtenus par son collaborateur. Les haches plates sans rebord sont en cuivre à peu près pur, quelquefois avec une faible proportion d’étain ; les haches à bords droits relevés sont quelquefois en cuivre, mais contiennent généralement une assez forte proportion d’étain ; cette proportion augmente (10 à 15 0/00) dans les haches à talon et, dans les haches à ailerons et à douille, le plomb est employé concurremment avec l’étain (jusqu’à 21 0/00 dans un spécimen). A l’époque gauloise, dans les tombes du second âge du fer, on voit apparaître le zinc (3,40 0/00 dans un clou de la sépulture marnienne du Gros-Quignon). Un bronze romain, le cerf d’Auge, contient 20,38 0/00 de plomb, mais pas de zinc. L’analyse d’un culot de cuivre presque pur, faisant partie de la cachette de Vénat, prouve qu’à l’époque de cette cachette (1) le bronze ne se fabriquait pas en fondant ensemble les minerais des métaux composants, mais en les alliant à l’état isolé. En un, une même cachette contient des objets de forme semblable, mais de composition assez différente, parce que les fondeurs procédaient par à peu près et ne se conformaient pas à des règles fixes.

          D’autres faits curieux ont été mis en lumière par M. Chassaigne. Les métallurgistes de la Charente devaient avoir une industrie spéciale, car le plomb entre pour une partie importante dans leurs bronzes, alors qu’on en trouve seulement des traces dans ceux de l’Europe centrale. En revanche, l’antimoine, qui manque aux bronzes de la Charente, se rencontre dans la proportion de 3 0/0 en Allemagne.

          Le chapitre II de cet ouvrage ; Rappel des travaux déjà faits pour l’analyse des objets préhistoriques, contient des renseignements très utiles, complétés par des tableaux résumant quelques notes recueillies sur les analyses d’anciens bronzes (p. ii-liii). Ces collectanea sont les bienvenus. On peut se demander, cependant, si des analyses faites par des chimistes ou des amateurs de savoir fort inégal méritent toutes la même confiance ; les chimistes de profession ne le pensent pas.

          A la page numérotée f, il est parlé des tablettes de plomb avec inscriptions cunéiformes recueillies à Tell-el-Amarna ; c’est une erreur, car toutes ces tablettes sont en argile.

                                                             Salomon Reinach

(1) Les auteurs la placent vers le Xe siècle avant J-.C. ; je la croirais volontiers plus ancienne.