Weicker, G.: Der Seelenvogel in der alten Litteratur und Kunst. In-4°, vii-218 p., avec 103 gravures.
(Leipzig, Teubner 1902)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 2 (4e série), 1903-2, p. 378-379
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G. Weicker. Der Seelenvogel in der alten Litteratur und Kunst. Leipzig, Teubner, 1902. In-4°, vii-218 p., avec 103 gravures.


          Une collection privée de Munich contient une barque funèbre en ivoire, appartenant à l’époque de Nagadah, c’est-à-dire à l’Egypte préhistorique ; dans cette barque, au lieu d’hommes assis, il y a des oiseaux (1). Ainsi l’art égyptien primitif a représenté les âmes sous l’aspect d’oiseaux (2). Cette conception, peu à peu anthropomorphisée, est à l’origine du type grec de la Sirène. « Les Sirènes sont des génies de la mort, des démons isolés de la grande masse des âmes errantes et pourvus de fonctions spéciales, tout à fait analogues aux autres créations de la mythologie grecque inférieure, aux Kères, aux Erinyes, aux Harpyes, aux oiseaux de Stymphale. » Tel est le point de départ de M. Weicker, que les travaux de MM. Crusius et Rohde lui ont suggéré. Ce qui lui appartient en propre, c’est la réunion des textes et des monuments qui concernent les Sirènes, travail non de compilation, mais de classification et de critique, dont il s’est acquitté avec une conscience et un zèle dignes de tous éloges. Si l’on songe que l’auteur est professeur dans un lointain gymnase, à Annaberg dans l’Erzgebirge, on trouvera quelque chose de louchant dans ce dévouement passionné à la science, qui lui a permis de traiter un pareil sujet avec tous les développements littéraires et archéologiques qu’il comporte. L’illustration, fort abondante, reproduit bon nombre de monuments inédits, en particulier des terres cuites et des peintures de vases. Le texte comprend deux grandes divisions ; 1° L’oiseau de l’âme dans les croyances populaires et dans la littérature ; la Sirène considérée a) comme l’âme d’un mort ; b) comme un oiseau à tête humaine ; la Sirène dans les littératures épique, lyrique, attique, dans l’Italie méridionale, à l’époque gréco-romaine ; 2° Le type figuré de la Sirène en Orient, dans la Grèce orientale, dans la Grèce continentale, en Étrurie, en Italie et à Rome. Cette monographie peut être citée comme un modèle ; il est à souhaiter que la critique, en lui faisant bon accueil, encourage la composition de travaux aussi laborieux et aussi utiles.

                                                             S[alomon] R[einach]

(1) Renseignement fourni par M. Loeschcke à M. Weicker (p. 218). 

(2) Je me suis souvent demandé si sur les vases à barques, publiés par M. de Morgan, où M. Cecil Torr a voulu reconnaître des parcs à autruches, il ne s’agirait pas de barques funèbres où les grands oiseaux représenteraient les morts. Le rôle joué par l’œuf d’autruche dans les anciennes religions de l’Orient, serait en faveur de mon hypothèse ; j’ajoute que, sur les vases en question, les personnages humains peuvent être interprétés comme des pleureurs ou des pleureuses. Je dois dire, toutefois, que les autruches ne paraissent pas dans les bateaux, mais au-dessus, ce qui ne se comprend guère, d’ailleurs, quelque explication que l’on adopte de ces sujets.