AA. VV.: Science et religion. Études pour le temps présent. — I. V. Ermoni, La Bible et l’archéologie syrienne. In-16, 64 p. — II. L. Bréhier, Les origines du crucifix dans l’art religieux. In-16, 64 p. — III. G. Dottin, La religion des Celtes. In-16, 64 p.
(Paris, Bloud 1904)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 2 (4e série), 1903-2, p. 433-434
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Science et religion. Études pour le temps présent. — I. V. Ermoni, La Bible et l’archéologie syrienne. In-16, 64 p. Paris, Bloud, 1904. — II. L. Bréhier, Les origines du crucifix dans l’art religieux. In-16, 64 p. Paris, Bloud, 1904. — III. G. Dottin, La religion des Celtes. In-16, 64 p. Paris, Bloud, 1904 (chaque volume se vend 0 fr. 60).


          Les trois excellents petits volumes à douze sous que nous annonçons font partie d’une collection apologétique ; mais ils sont rédigés dans un esprit strictement scientifique et, n’était le titre commun, on ne se douterait pas qu’ils soient destinés à la défense d’idées préconçues. Peut-être, d’ailleurs, a-t-on laissé aux auteurs toute liberté ; le fait est qu’ils ne paraissent point avoir abdiqué en quoi que ce soit leurs droits d’historiens et de savants.

          I. M. Ermoni est bien connu des lecteurs de la Revue Biblique ; il a réuni, avec citations à l’appui, une foule de renseignements relatifs à la religion, à l’anthropologie, à l’ethnographie et à la géographie de la Syrie. C’est l’équivalent, avec l’appareil érudit en plus, d’une partie du volume anglais intitulé Bible Helps, qui a rendu et rend encore de si grands services. L’absence d’un index est fort à regretter ; celui qui cherchera des renseignements sur les Kelabim du Deutéronome, par exemple, aura difficilement l’idée de recourir au chapitre sur les sacrifices (p. 25). A ce propos, je m’étonne que M. Ermoni continue à considérer les Kelabim comme des prostitués sacrés ; je croyais avoir établi que c’étaient des chiens guérisseurs.

          II. M. Bréhier a relevé, dans Grégoire de Tours, un texte fort important pour l’histoire du crucifix, qui paraît en démontrer l’origine syrienne. Ce sont les artistes orientaux, peut-être les moines syriens, qui ont introduit le Crucifix dans l’art religieux du christianisme. Ce changement a été favorisé par une controverse théologique ; il s’agissait de réagir contre la tendance symboliste à outrance qui éliminait l’élément humain de l’histoire de la Passion. M. Bréhier devrait rééditer son opuscule en l’accompagnant de quelques gravures ; c’est un travail d’une réelle valeur.

          III. J’en dirai autant de celui de M. G. Dottin, qui, le premier, a donné un précis bien informé et bien documenté de ce que l’on sait actuellement des religions celtiques. Sa brochure est, à cet égard, fort supérieure au résumé, d’ailleurs si clair et si élégant, publié par M. Bloch dans son Histoire de la Gaule romaine. Bien entendu, il ne faut pas y chercher beaucoup de détails ; ainsi, sur la déesse Epona, M. Dottin se contente de moins de six lignes. Mais comme il renvoie partout non seulement aux livres spéciaux, mais aux articles de périodiques, ceux qui le prendront pour guide n’auront point de peine à apprendre désormais en quinze jours ce que j’ai mis, pour ma part, plusieurs années à connaître. Le succès de ce petit livre est assuré ; je serais heureux d’y contribuer en l’annonçant.

                                               S[alomon] R[einach]