Héron de Villefosse, Ant.: Fondation Eugène Piot. Monuments et Mémoires publiés par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. V. Le Trésor de Boscoreale. In-4°.
(Paris, E. Leroux 1899-1902)
Compte rendu par Étienne Michon, Revue Archéologique t. 1 (4e série), 1903-1, p. 94-95
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Fondation Eugène Piot. Monuments et Mémoires publiés par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. V. Le Trésor de Boscoreale, par Ant. Héron de Villefosse. Paris, E. Leroux, 1899-1902, in-4°.


          Le trésor de Boscoreale a pu, grâce au recueil des Monuments Piot, être l’objet d’une luxueuse publication vraiment digne de cette magnifique argenterie ; un volume, le tome V de la collection, paru en 2 fascicules comprenant 290 pages, 36 planches en héliogravure de Dujardin et 57 vignettes dans le texte, lui est entièrement consacré.

          Il était de toute justice que, en tête de ce volume, fût inscrit le nom de M. le baron Edmond de Rothschild, dont la libéralité nous a seule permis de conserver ce trésor, et ce sont les sentiments unanimes de reconnaissance de tous ceux qui ont l’honneur d’appartenir à notre grande maison du Louvre, de tous ceux qui s’intéressent à son accroissement et à sa richesse, qu’a traduits avec émotion M. de Villefosse en racontant dans le détail, dans un premier chapitre, non seulement les circonstances de la découverte, mais celles aussi de cette princière donation. 

          Le deuxième chapitre, qui ne comprend pas moins de 88 pages, est consacré à la description des 95 pièces données par M. E. de Rothschild ; description d’étendue inégale, depuis la patère avec le buste de l’Afrique, les aiguières aux Victoires ou les gobelets aux squelettes jusqu’aux cuillers et aux récipients les plus simples, mais qui, nulle part, n’omet aucun détail, forme, sujets représentés, dimensions, grafittes, marques pondérales, et permettra ainsi, avec le secours des planches, à ceux mêmes qui n’auront pas sous les yeux les originaux de se livrer à une étude vraiment utile et scientifique.

          Quelques pièces moindres, offertes par MM. E.-P. Warren, le comte Tyszkiewicz, C. et E. Canessa et décrites à la suite, portent à 102 le nombre des pièces appartenant au Louvre.

          Il y faut encore ajouter des bijoux d’or, décrits dans le sixième et dernier chapitre, que le Louvre a tenu à n’en point séparer, quoique le travail en soit bien inférieur à celui des vases et ustensiles d’argent.

          M. E. de Rothschild, enfin, a bien voulu engager M. de Villefosse à compléter son travail en faisant connaître au public six pièces de même provenance qui font partie de son cabinet. Du nombre sont deux vases dont l’importance historique est de premier ordre. Sur l’un, Auguste, maître et pacificateur de l’univers, entouré de Rome, du Génie du peuple romain et de Livie qui lui présente une Victoire, reçoit Agrippa qui lui amène les nations vaincues, tandis que, de l’autre côté, un général conduit vers l’empereur un groupe de barbares soumis.

          Sur l’autre vase se déroule le cortège consulaire de Tibère, auquel fait suite le sacrifice offert par Tibère avant de partir en campagne devant le temple de Jupiter Capitolin. Les rapprochements abondent avec les bas-reliefs romains trop négligés jusqu’à ces dernières années et dont les plus importants, la procession de l’Ara Pacis, viennent seulement d’être l’objet, de la part de M. Petersen, d’une publication définitive. On saura grand gré à M. de Villefosse de l’étude approfondie qu’il a faite de ces deux vases insignes, des comparaisons qu’il a instituées, et l’on sera d’accord avec lui pour reconnaître qu’ils devront occuper désormais dans la série des monuments romains à représentations historiques une place hors de pair.

          Le nombre des pièces conservées au Louvre n’avait pas permis, au cours du travail de description proprement dite, de consacrer, même aux principales, d’aussi longs développements ; mais, dans deux nouveaux chapitres, auxquels servent de préface quelques mots sur les plus célèbres trouvailles de vaisselle d’argent qu’il connaît mieux que personne, M. de Villefosse a groupé les observations générales qu’appelaient les différentes classes d’objets entre lesquels se divise le trésor de Boscoreale ; phiales ornées d’emblemata, instruments de toilette féminine tels que les miroirs, argenterie de table comprenant les vases à verser, les vases à boire et la vaisselle à manger, plats, coupes, supports, salières et ustensiles divers. Il a pu ainsi noter au passage les emprunts dont témoignent sur tel ou tel vase le style et le décor, reconnaître la place considérable qu’y occupent les influences alexandrines et, s’il réserve leur part à la Grèce, à l’Asie Mineure et à la Syrie, c’est par une adhésion formelle aux vues de M. Schreiber que termine l’auteur, en émettant l’avis que « l’influence que l’Egypte a exercée sur le monde romain et notamment sur toutes les manifestations de l’art industriel apparaîtra de plus en plus et très clairement aux yeux de tous ».

                                               Étienne Michon