Jullian, Camille: Gallia. 2e édition corrigée. In-12. 342 p., avec 140 gravures et une carte.
(Paris, Hachette 1902)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 1 (4e série), 1903-1, p. 106-107
Site officiel de la Revue archéologique
Lien avec l'édition numérique de ce livre
 
Nombre de mots : 530 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=1521
 
 

Camille Jullian. Gallia. 2e édition corrigée. Paris, Hachette, 1902. In-12. 342 p., avec 140 gravures et une carte.


          Hâtons-nous de signaler la seconde édition de cet élégant petit livre, qui, depuis l’époque de sa publication (1892), n’a cessé d’exercer une bienfaisante influence sur les études dont la Gaule romaine est l’objet. Dire à nouveau tout ce qu’on y doit louer m’entraînerait trop loin ; j’aime mieux chercher noise à l’auteur sur de petites choses, amica cavillatione.

          D’abord, p. 6, en note, je ne sais pas quelles sont les publications faites en commun, dans notre Revue, par MM. de Villefosse et Thédenat ; lire Bulletin Monumental.

          P. 15, lire Icauna et non Icaunis. On a, il est vrai, le datif Icauni (Orelli, 187), mais il s’explique comme le datif Belisami (C. I. L., XII, p. 162) du nominatif Belisama (Bull. Soc. Antiq., 1883, p. 173 (1)). 

          P. 16, je continue à ne pas croire, comme le fait M. Jullian, que Teutatès, Esus et Taranis fussent de « grands dieux », « représentant les forces éternelles de la nature ou les grands principes de la vie humaine. » Pas plus qu’Ogmios, dieu local allobroge, dont Lucien a parlé, parce qu’il le connaissait par hasard. Il n’y a de « grands dieux », ou de candidats possible à ce titre, que ceux qui sont représentés par plus d’une demi-douzaine de textes, d’inscriptions ou de monuments.

          P. 26, le fragment de Grézan ne devait pas être qualifié de buste, car c’était une statue entière, peut-être accroupie.

          P. 27, M. Jullian parle de légendes qui ont promené les Phéniciens « dans le midi et l’orient de la Gaule » ; je suppose qu’orient est pour occident.

          P. 32, 33, les reproductions des bas-reliefs de Saint-Rémy sont horribles ; on peut en dire autant de nombre de gravures, empruntées à l’Histoire des Romains de Duruy. Aux temps déjà lointains où fut publié ce grand ouvrage, les dessinateurs étaient moins conciencieux [sic] qu’aujourd’hui. Il faudra remplacer au moins trente clichés dans la troisième édition.

          P. 51, M. Jullian sait que le nom de Julien, donné à la statue des Thermes, ne repose sur rien, sinon sur l’erreur et sur la fraude, puisque j’ai montré que cette sculpture n’a pas été découverte à Paris.

          P. 96, je me demande, avec Belloguet et Seeck, si les Gaulois dont Ammien fait le portrait n’étaient pas des Germains immigrés. En tous les cas, ce que dit Ammien des viragos gauloises convient bien plutôt à des Germaines ; les mœurs des Gauloises s’étaient adoucies depuis trois siècles.

          P. 104, il vaudrait mieux ne pas reproduire un monument aussi difficile à expliquer que celui de Leontius et qui, d’ailleurs, n’existe plus.

          P. 142, parmi les chefs-d’œuvre de l’art gréco-romain découverts en Gaule, ne pas oublier la Vénus dite de Fréjus.

          P. 162, ce que M. Pottier a dit des terres cuites gallo-romaines n’est plus tout à fait exact ; il y a là autre chose que des imitations maladroites ; mais nous ne savons pas bien quel est l’X, l’élément indigène ou gréco-ligure qui doit aussi entrer en compte.

          P. 221, qu’est-ce que la Cybèle d’Abbeville ? Je ne connais de figure semblable que celle découverte près de Saint-Eustache à Paris, en 1675, et conservée au Cabinet des Médailles.

                                                             S[alomon] R[einach]

(1) Cf. S. de Ricci, Revue des études anciennes, 1902, p. 214.