Leclercq, Dom H.: Les Martyrs. I. Les Temps Néroniens et le IIe siècle. In-8°.
(Paris, chez Oudin 1892)
Compte rendu par René Cagnat, Revue Archéologique t. 1 (4e série), 1903-1, p. 303
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R. P. Dom H. Leclercq. Les Martyrs. I. Les Temps Néroniens et le IIe siècle. Paris, 1892, in-8°, chez Oudin.


          Bien que ce livre ne soit pas une réunion de documents originaux, mais une simple traduction de pièces connues, il n’est pas inutile d’appeler sur lui l’attention. La pensée de l’auteur, ainsi qu’il l’indique par un sous-titre, est de faire un « recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines du christianisme jusqu’au XXe siècle ». Pour commencer, il s’en tient aux deux premiers siècles, et nous donne la traduction des récits des martyres depuis celui de Jésus-Christ dont la passion inaugure la série, jusqu’à la mort des saintes Félicité et Perpétue en 203. Mais, je me hâte de le dire, il ne faudrait pas croire que l’auteur n’ait en vue que l’édification des fidèles par tous les moyens, comme tant d’autres de ses devanciers. Je lui laisse exposer lui-même comment il comprend son devoir. « J’ai pensé qu’un ouvrage dont le dessein premier est d’aider à l’édification des fidèles ne pouvait atteindre son but en faisant usage de moyens frauduleux, tel que celui qui consisterait à reproduire une fois de plus les légendes qui souillent en trop grand nombre les recueils hagiographiques. Car, quoi qu’on fasse, de telles compositions doivent appartenir nécessairement à l’une ou à l’autre des deux catégories d’arguments ; ceux qui touchent des intelligences mutilées et superficielles et ceux qui comptent pour les esprits impartiaux », et plus loin ; « Faudra-t-il donc renverser la fragile palissade légendaire qui semble à plusieurs une fortification historique inexpugnable ? Oui, sans doute ! C’est le premier collyre à appliquer à ces yeux malades que celui qui doit leur faire voir enfin que jamais une baudruche ne fut une cuirasse... Il faut donc résolument abandonner le système qui consiste à s’indigner plutôt qu’à réfuter, et à condamner plutôt qu’à convaincre. Seul, l’homme vulgaire ne doute de rien parce qu’il ne se doute de rien ». Pour rester fidèle à cette doctrine, l’auteur a divisé son recueil en deux parties. En tête, et formant le livre véritable, il a transcrit 21 actes de martyres authentiques ; à la suite, sous le titre d’Appendice, viennent 9 passions interpolées ou de rédaction postérieure, précieuses cependant pour l’histoire à plus d’un titre.

          Le volume débute par une préface assez développée et bien documentée où le R. P. Leclercq a cherché, d’après les Actes des martyrs, à réunir des renseignements sur le régime des persécutions, les procès intentés aux chrétiens, la jurisprudence adoptée à leur égard, etc. ; toutes questions qui ont déjà été traitées avant lui par Edm. Le Blant et par d’autres, mais qu’il n’était pas inutile de reprendre brièvement au commencement du livre pour l’instruction des lecteurs non spécialistes.

                                                       R[ené] Cagnat