Babelon, Ernest: Histoire de la gravure sur gemmes en France, depuis les origines jusqu’à l’époque contemporaine. Gr. in-8, xx-263 p., avec 22 planches et 56 gravures dans le texte.
(Paris, Société de Propagation des Livres d’art 1902)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 1 (4e série), 1903-1, p. 306-307
Site officiel de la Revue archéologique
Lien avec l'édition numérique de ce livre
 
Nombre de mots : 518 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=1538
 
 

Ernest Babelon. Histoire de la gravure sur gemmes en France, depuis les origines jusqu’à l’époque contemporaine. Paris, Société de Propagation des Livres d’art, 1902. Gr. in-8, xx-263 p., avec 22 planches et 56 gravures dans le texte.


          Avec Mariette, Brunn et Furtwaengler, M. Babelon est certainement parmi les savants qui ont rendu le plus de services aux études de glyptique ; on peut même dire qu’il leur est supérieur à tous par l’étonnante variété, j’allais dire l’universalité de ses connaissances. Après avoir contribué, par ses beaux catalogues et un excellent mémoire des Monuments Piot, à faire mieux connaître les monuments de la glyptique grecque, romaine et sassanide ; après avoir, seul au XIXe siècle, osé embrasser dans un volume toute l’histoire de la glyptique, il a véritablement découvert la glyptique carolingienne, dont on qualifiait les productions de byzantines, montré la floraison de la glyptique dans l’école française du XIVe et du XVe siècle et introduit dans l’histoire de l’art, qui les abandonnait à la curiosité de rares amateurs, les remarquables spécimens de la gravure en pierres fines du XVIIIe siècle et de nos jours. Le volume que nous annonçons, avec son beau papier, ses planches luxueuses, sa rédaction brillante et facile, pourrait paraître au premier abord une œuvre de vulgarisation. Mais regardez-y de près ; pour une bonne partie du livre. M, Babelon n’a guère eu d’autre précurseur que lui-même et la bibliographie qui concerne les questions exposées par lui se compose, à titre presque exclusif, des articles qu’il leur a consacrés ailleurs. Aussi les bibliothèques se hâteront-elles de faire une place à cette Histoire de la gravure sur gemmes en France, qui suscitera sans doute des émules à l’étranger et sera, chez nous, le point de départ de recherches locales dont, hier encore, on ne pouvait soupçonner l’utilité.

          M. Babelon a tiré grand parti, pour l’histoire et la glyptique médiévales, des empreintes sigillaires. Il devient urgent de recueillir, dans tous les dépôts d’archives, des moulages en plâtre de ces fragiles reliefs en cire et d’en former un Corpus. C’est un travail qui pourrait être patronné par le Comité des travaux historiques. Il est de ceux qu’on ne peut remettre d’année en année, à cause des chances de destruction ou d’altération qui menacent les empreintes. Pour les graveurs français du XIVe siècle, artistes d’une étonnante habileté, ce sont des empreintes qui ont permis à M. Babelon de suppléer au très petit nombre d’originaux parvenus jusqu’à nous.

          Les belles intailles carolingiennes, réunies sur les pl. II et III, méritent particulièrement d’appeler l’attention. Évidemment, il y a eu, à cette époque, une sorte de renaissance avortée, qui n’est pas encore appréciée suivant ses mérites. Tout récemment, M. Léopold Delisle a signalé (Journal des Savants, 1902, p. 473) la conformité des miniatures du Sacramentaire d’Autun et des Évangiles de Prüm avec les monuments de la glyptique carolingienne. A la même occasion, il a recommandé l’étude de la Bible offerte à Charles le Chauve par le comte Vivien, au nom de l’abbaye de Saint-Martin de Tours, à cause de l’analogie de son illustration avec les mêmes intailles. Le futur historien des arts à l’époque carolingienne prendra pour point de départ et de repère les gemmes et les miniatures ; plût au ciel que celles-ci fussent rendues aussi accessibles que le sont maintenant les pierres gravées !

                                               S[alomon] R[einach]