Brugsch, Heinrich (éd.): Zeitschrift fur Ägyptische Sprache und Alterthumskunde,
paraissant chaque mois par cahiers de 1 ou 2 feuilles in-4
(Leipzig, J. C. Hinrichs’sche Buchhandlung 1863)
Compte rendu par P. de H., Revue Archéologique 9, 1864-5, 2e série, p. 225-226
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« Zeitschrift fur Aegyptische Sprach-und Alterthumskunde, » paraissant chaque mois par cahiers de 1 ou 2 feuilles in-4, rédigé par le docteur Henri Brugsch.


C’est sous ce titre que l’éminent égyptologue de Berlin vient de créer un organe de publicité spécialement consacré aux études égyptologiques. Le but du savant docteur est non·seulement de faire connaître ses propres observations, mais de rassembler, dans un « journal » à la portée de tout le monde, les découvertes philologiques, archéologiques et historiques qui se font continuellement dans le champ vaste et fécond de l’égyp­tologie. Ces découvertes, en effet, ont déjà puissamment contribué aux progrès rapides que cette science a faits dans les dernières années ; et, répandues à l’avenir par ce nouveau moyen, elles promettent des résultats encore plus importants.

M. Brugsch invite les égyptologues à l’assister dans cette tâche difficile, en lui communiquant soit en langue allemande, soit en langue française ou anglaise, les travaux de toute nature qui sont le résultat de leurs études. La création de cette publication mensuelle était certainement une nécessité qui se faisait sentir depuis longtemps, et c’est ainsi que M. Brugsch a répondu aux vœux que formaient dans toute l’Europe les disciples de Champollion. Mais pour vaincre les difficultés matérielles qui s’opposaient à une telle entreprise, difficultés causées principalement par le manque de types hiéroglyphiques, il a fallu toute la volonté et toute la persévérance qui distinguent l’infatigable auteur de la Grammaire démotique et de la Géographie de l’ancienne Égypte.

Les cinq premiers numéros qui ont paru contiennent les derniers fruits de ses recherches : des dissertations pleines d’intérêt, enrichies de nombreux exemples hiéroglyphiques, des documents et des textes inédits, et enfin un grand nombre d’articles consacrés aux comptes rendus et à la critique des ouvrages les plus récents, relatifs à l’Egyptologie.

Voici les points les plus saillants qui y sont traités par l’auteur ; ils donnent une excellente idée du haut intérêt qu’offre le « journal » du savant égyptologue : Listes nouvelles et inédites des nomes de l’Ancienne Égypte. – L’Aphrodite étrangère à Memphis. – Les Sources du Nil d’après les monuments antiques de l’égypte. Depuis la découverte récente des sources de l’ancien fleuve sacré, par les capitaines Speke et Grant, il est intéressant d’examiner les indications que nous fournissent, à ce sujet, les monuments pharaoniques. – Les Groupes à Phallus dans les hiéroglyphes, dissertation d’un intérêt philologique tout particulier, développée par le savant docteur avec sa sagacité habituelle. – Les Cadenas égyptiens et leur signification dans les hiéroglyphes. C’est en Perse que M. Brugsch a constaté qu’on se sert encore aujourd’hui, dans ce pays, de l’antique cadenas en forme d’animal employé par les anciens Égyptiens. – La Valeur phonétique du signe représen­tant une plume d’autruche, etc.

Répondant à l’appel de M. Brugsch, M. Lauth, professeur à Munich, s’est empressé de publier, dans son recueil, trois articles fort intéressants. M. Lauth, déjà connu dans le monde scientifique pour avoir, le premier, constaté l’importance de la statue de Bak-en-Khensu, qui fait partie de la Glyptothèque de Munich, explique l’inscription démotique d’une momie, la valeur du signe de l’Etoile, et signale le nom égyptien du fameux Cha­ron de Diodore, qu’il croit avoir reconnu dans les hiéroglyphes. D’autres savants imiteront prochainement, nous n’en doutons pas, le bon exemple qu’a donné M. Lauth.

Le journal de M. Brugsch offre donc tout ce qu’on pouvait attendre d’un égyptologue aussi distingué, qui s’est élevé au premier rang, et dont la réputation solide garantit le succès d’un recueil devenu indispensable à tous ceux qui s’intéressent aux études égyptologiques. Espérons que le public érudit et tous les amis de la science donneront à M. Brugsch les encouragements et l’appui qu’il mérite. P. de H.