Doerpfeld, Wilhelm: Troja und Ilion. Ergebnisse der Ausgrabungen in den vorhistorischen und historischen Schichten von Ilion, 1870-1894. 2 vol. in-4, avec 471 gravures dans le texte et 76 planches.
(Athènes, Beck et Barth 1902)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 1 (4e série), 1903-1, p. 317-318
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Wilhelm Doerpfeld. Troja und Ilion. Ergebnisse der Ausgrabungen in den vorhistorischen und historischen Schichten von Ilion, 1870-1894, avec la collaboration de MM. Brückner, von Fritze, Götze, Hub. Schmidt, Wilberg, Winnefeld. Athènes, Beck et Barth, 1902 : 2 vol. in-4, avec 471 gravures dans le texte et 76 planches.


          Enfin nous tenons le magnum opus qui doit nous dispenser désormais de fouiller dans les volumes successifs de Schliemann et d’ajouter foi aux gravures très arrangées qui ont plus d’une fois induit les archéologues en erreur. Il était nécessaire que cet ouvrage parût et que la rédaction en fût confiée à celui des collaborateurs de Schliemann qui a fait le plus pour assurer à la science le bénéfice de ses multiples travaux. L’illustration, presque entièrement obtenue par la similigravure, en est excellente ; je n’ai pas besoin de dire que le texte est à la hauteur des illustrations. Une indication rapide du contenu de ces deux volumes sera plus utile que des éloges.

          Tome I, p. 1-25, histoire des fouilles, 1870-1894 ; p. 26-242, les constructions des neuf couches distinguées par M. Dörpfeld (la couche VI, mycénienne, est la Troie homérique) ; p. 243-319, la céramique des différentes couches, réparties en trois groupes, couche I, couches II-V, couche VI, couche VII, couches VIII-IX (chap. très intéressant dû à M. H. Schmidt) ; p. 320-423, les petits objets en métal, en pierre et en os ; p. 429-446, les sculptures en marbre et en argile ; p. 447-476, les inscriptions ; p. 477-534, les monnaies d’Ilion ; p. 535-548, tombes et tumulus en dehors d’Hissarlik (les tumulus dits d’Achille, de Patrocle, etc.) ; p. 549-593, histoire de Troie et d’Ilion ; les Trères ou les Cimmériens à Troie au VIIIe siècle av. J.-C. ; p. 601-632, la Troie homérique.

          Parmi les illustrations qui remplissent ce volume, il en est de nouvelles et très importantes ; pl. 14, les fondations de la grande tour de la couche VI ; pl. 15, le mur d’enceinte de la même couche (mycénienne) ; pl. 33, réunion des urnes à visage des différents types ; fig. 168-173, fragments de poterie mycénienne recueillis à Hissarlik ; pl. 44, la célèbre figurine de plomb, publiée enfin d’après une photographie, sans le svastika pubien imaginé par Schliemann. J’avais admiré au Musée ethnographique de Berlin, il y a deux ans, une merveilleuse hache en lapis lazuli, encore absolument inconnue, et j’espérais la trouver représentée ici par une planche en couleurs ; les éditeurs se sont contentés de dessins qui ne donnent pas une idée adéquate de cet objet. Cette hache faisait partie d’une « cachette » sur laquelle le texte (p. 338) fournit les renseignements suivants ; « Un trésor remarquable, qui faisait partie de l’héritage de Schliemann, a passé après sa mort dans sa collection. D’après les indications de Doerpfeld, qui assistait à la découverte, il a été trouvé à 30-50 centimètres au-dessous du sol et paraît avoir été enseveli à dessein dans une niche du mur de la couche II. » Ce trésor comprenait, entre autres, trois grandes haches de pierre verte, une en lapis lazuli, six objets polis en cristal de roche (pommeaux de sceptre ?), un objet analogue en minerai de fer, etc.

          Le tome II est entièrement consacré aux vestiges grecs et gréco-romains d’Ilion. Je signalerai une belle tête de Zeus (ou de Sérapis ?), analogue à celle du musée de Naples (pl. 54), un curieux fragment de vase à reliefs avec la représentation d’un squelette (fig. 256), les magnifiques planches où sont réunies les monnaies d’Ilion (pl. 61-65). Un des chapitres les plus intéressants (p. 594 et suiv.) concerne la céramique à bossettes de la couche VII, que M. Götze, dès 1894, a rapprochée des produits de l’âge du bronze en Hongrie ; l’éditeur pense qu’il faut attribuer cette céramique aux envahisseurs cimmériens. S’il en est ainsi, nous pouvons espérer que Troie nous aura enfin fourni un point de repère pour la chronologie de l’âge du bronze sur le Danube.

                                               Salomon Reinach