Jobard, Paul: L’archéologie sur le terrain. In-8, xix-221 p., avec 110 fig. dans le texte.
(Dijon, imprimerie Jobard 1903)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 1 (4e série), 1903-1, p. 443-444
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Paul Jobard. L’archéologie sur le terrain. Dijon, imprimerie Jobard, 1903. In-8, xix-221 p., avec 110 fig. dans le texte.


          Le titre adopté par l’auteur ne révèle pas suffisamment qu’il a voulu donner un petit manuel d’archéologie, à l’usage des amateurs d’excursions et des auteurs de fouilles, en insistant particulièrement sur les antiquités préhistoriques, celtiques, romaines et barbares que l’on rencontre dans la Côte-d’Or. Un livre analogue, mais, à mon avis, mieux adapté à son but, a été publié à Nancy, en 1896, par MM. Bleicher et Beaupré, sous le titre ; Guide pour les recherches archéologiques dans l’est de la France.

          M. Chabeuf a fait précéder l’ouvrage de M. Jobard d’une préface intéressante et bien informée. Toutefois, on peut se demander s’il n’a pas été trop indulgent pour Schliemann (p. vii), en écrivant que les fouilles de Mycènes ont été « conduites selon une méthode scientifique ». A la p. x, je suis arrêté par une citation à la fois erronée et de seconde main ; « Pleraque fere omnis Gallia duas res prosequitur, rem militarem agere et argute loqui, dit Caton, Origines, II, 2. » D’abord, le renvoi II, 2 fait supposer que nous possédons les Origines de Caton, alors que nous savons seulement, par une citation de grammairien, que le passage en question était dans le livre II des Origines. Ensuite, le passage conservé par Charisius (II, p. 181 Putsch, p. 202 Keil ; Peters, Veterum historicorum romanorum relliquiae, Leipzig, 1870, p. 61) est ainsi conçu ; « M. Cato originum II ; Pleraque Gallia duas res industriosissime persequitur, rem militarem et argute loqui. » Au lieu de argute loqui, un savant dont j’oublie le nom a proposé de lire agriculturam, hypothèse qui n’est pas indigne d’attention, car il est bien hardi de donner comme complément direct à persequitur un substantif (rem) et un infinitif (loqui.) Quoi qu’il en soit, M. Chabeuf n’aurait pas dû citer Caton de mémoire, en combinant ses souvenirs de ce passage avec ceux d’un texte de César.

          M. Jobard n’est pas tout à fait au courant de la science. Il croit encore (p. 16) que la flore quaternaire « présentait un mélange déconcertant d’espèces »,que « le laurier fructifiait à côté des pins et des bouleaux du nord », etc. ; la connaissance des phases du climat quaternaire lui aurait épargné cette erreur. Il parle, p. 23, du renne du Thaïngen, comme si « le Thaïngen » était un pays. A la p. 36, il écrit des choses erronées sur l’hiatus et paraît ignorer que le « tourassien » de G. de Mortillet n’est qu’une contrefaçon de l’« asylien » de M. Piette (cf. Bull. soc. anthrop., 1902, p. 95). Pour le jade et la jadéite, je crains qu’il n’en soit encore aux idées fausses qui avaient cours avant 1886 (p. 40 (1)). Son livre pourra cependant rendre service aux débutants, car il est clairement écrit, bien disposé et illustré avec goût.

                                                   S[alomon] R[einach]

(1) A peu d’exceptions près, les ouvrages que cite M. Jobard sont des travaux de vulgarisation ; quelques-uns n’ont aucune autorité.