Waddington, W. H.: Édit de Dioclétien
(Paris, Didot 1864)
Compte rendu par A. B., Revue Archéologique 9, 1864-5, 2e série, p. 232
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Édit de Dioclétien, établissant le maximum dans l’empire romain, publié avec de nouveaux fragments et un commentaire, par M. W. Waddington. Paris, 1864.


 

M. W. Waddington, chargé, par l’Académie des inscriptions, de continuer l’œuvre de feu Ph. Le Bas, en publiant le commentaire des inscriptions recueillies par le savant académicien en Asie Mineure, nous donne pour premier fascicule l’Édit de Dioclétien sur le maximum. On ne pouvait mieux débuter. Tout le monde lira, comme nous, avec le plus vif intérêt, et le texte et le commentaire. « Rien n’est plus intéressant et plus utile, a dit M. Guizot, en présentant le commentaire de M. Waddington à l’Académie, que le souvenir des fautes des gouvernements passés, constatées par des monuments irrécusables. » C’est un précieux enseignement pour nous, en effet, que de savoir, par un témoignage contemporain de Dioclétien même, que l’édit n’eut aucun succès. « Il ne réussit qu’à faire couler beaucoup de sang (la peine de mort était prononcée contre ceux qui n’obéissaient pas à l’édit). Du moment où l’édit fut en vigueur, tout disparut des marchés et la cherté ne fit qu’augmenter. L’on se vit dans la nécessité, après beaucoup de condamnations à mort, de retirer l’édit. Le mal alors seulement cessa. » On voit que les fausses idées en économie politique datent de loin. Le nombre des objets taxés est incroyable. La sollicitude indiscrète de l’empereur descend aux plus petits détails. M. Waddington est parvenu à nous donner une traduction de presque tous ces termes dont quelques-­uns seraient pour nous fort obscurs sans le commentaire qui les accompagne. Veut-on avoir une idée des taxes ? En voici un échantillon en monnaie actuelle d’après M  Waddington : seigle, l’hectolitre 21 fr. 55 ou 25 fr. 15 ; avoine, 10 fr. 75 ; vin ordinaire, le litre 92 cent. ; huile ordinaire, l fr. 38 ; viande de porc, le kilogr. 2 fr. 28 ; viande de bœuf, 1 fr. 52 ; lard, 1re qualité 3 fr. 04 ; une paire de poulets, 3 fr. 72 ; une paire de ca­nards, 2 fr. 48 ; un lièvre, 9 fr. 10 ; un lapin, 2 fr. 48 ; œufs, le cent, 6 fr. 20.

Quelques salaires nous sont aussi indiqués. Car les salaires étaient tarifés comme le reste. A l’ouvrier·de campagne nourri, par jour 1 fr. 55 ; au maçon charpentier nourri, par jour 3 fr. 10 ; au barbier, par personne 12 cent ; au maître de lecture, par enfant et par mois, 3 fr. 10 ; au maître de grammaire, par enfant et par mois, 12 fr. 10, etc.

L’énumération des objets tarifés nous donne, de plus, une idée assez exacte·de la manière de vivre et des relations commerciales des populations des provinces d’Orient au commencement du IVe siècle, car le tarif paraît surtout fait pour l’Orient. C’est, à tous les points de vue, un document de la plus haute importance. M. Waddington en a rendu la lecture très-­facile. Le monde savant accueillera, nous en sommes certains, avec empressement et reconnaissance ce beau·travail. A. B.