Butler, Howard Crosby: Publications of the Princeton University. Archaeological Expedition to Syria in 1904-1905. — Division II : Ancient Architecture in Syria. Section A. Southern Syria. Part 1. Ammonitis. Gr. 4°, xii-62 p , avec 5 pl. et 42 ill. — Section B. Northern Syria. Part 1. The XXX and XXX ibn Wardân. Gr. 4°, iv-46 p., avec 7 pl. et 40 ill.
(Leyden, Late E. J. Brill 1908)
Compte rendu par Louis Jalabert, Revue Archéologique t. 12 (4e série), 1908-2, p. 325-326
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Publications of the Princeton University. Archaeological Expedition to Syria in 1904-1905. — Division II : Ancient Architecture in Syria, by Howard Crosby Butler. Section A. Southern Syria. Part 1. Ammonitis. Gr. 4°, xii-62 p , avec 5 pl. et 42 ill. — Section B. Northern Syria. Part 1. The XXX and XXX ibn Wardân. Gr. 4°, iv-46 p., avec 7 pl. et 40 ill. Leyden, Late E. J. Brill. 1908. Prix total du 1er fasc. des Divisions II et III, 31 fr. 50.


     Au cours de son long Survey (13 oct. 1904-1er mars 1905) dans le Haurân et le Nord de la Syrie, la mission de Princeton University s’est donné la tâche de compléter les recherches de G. Rey, du Cte de Vogüé, de Laborde et de l’Expédition archéologique américaine de 1899-1900. Détournant leur attention des monuments déjà bien connus et suffisamment publiés, les savants explorateurs se sont attachés surtout à ceux qui avaient été peu étudiés, comme à ceux qui n’avaient pas encore été l’objet de relevés scientifiques. M. Butler était tout désigné pour cette tâche et l’on retrouve dans ce nouvel ouvrage les qualités tout à la fois sérieuses et brillantes qui ont fait le succès de sa première publication sur l’architecture syrienne.

     L’ouvrage complet embrassera, outre les ruines d’῾Arâk il-Emîr, ῾Ammân, Bosra, Umm idj-djimâl, Si’, qui seront l’objet d’une étude tout à fait approfondie, la description plus ou moins complète de 2 pyramides à degrés, 11 temples, 87 églises, 12 couvents, 52 maisons, 8 villas, 2 palais, 16 tours, 12 tombes, 3 étables, 9 forteresses ou camps, 4 ponts et 2 mosquées. L’ordre suivi est l’ordre géographique ; de là deux sections correspondant au double champ de recherches de l’expédition, Haurân et Syrie du Nord.

     La première partie de la section A (Southern Syria) comprend deux morceaux de résistance : ῾Arâk il-Emîr et Ἁmmân. Reprenant et complétant les études des de Vogüé, de Saulcy, Conder, M. B. consacre une description des plus minutieuses (p. 1-25) aux ruines d’῾Arâk il-Emîr (=Tyros), dont la principale Kasr il-῾Abd, représente tout ce qui reste de l’imposante construction attribuée à Hyrcan sur la foi de Josèphe. Temple ou palais ? M. B. déclare franchement que, tant qu’on n’y aura pas pratiqué de fouilles plus sérieuses que les quelques sondages qu’il a pu y tenter, on ne pourra pas déterminer avec certitude la nature précise de ces ruines. Peut-être cependant seraient-elles les restes d’un temple construit environ un siècle avant Hyrcan et, dans cette hypothèse, la tradition recueillie par Josèphe serait inexacte ; en tout cas, l’influence ptolémaïque ou plutôt hellénistique est évidente (p. 18).­ — A ῾Ammân, par contre, tout est romain, à la réserve peut-être de quelques parties des remparts de l’acropole, qui semblent un peu plus anciennes. Ayant examiné personnellement les ruines, j’ai pu constater avec plaisir que M. B. décrit avec beaucoup d’exactitude (p. 34-62) les monuments encore subsistants : murailles, temple de l’acropole, propylées, colonnades, théâtre, odéon, nym­phaeum. Ce dernier nom est attribué par B. aux énormes ruines où l’on reconnaissait des thermes, un palais ou une basilique ; il en donne une séduisante restitution.

     Dans la portion de la Syrie du Nord que couvre ce premier fascicule (Section B. Northern Syria. Part. 1. The ῾Alâ and Kasr ibn Wardân, les explorateurs américains n’avaient eu que très peu de devanciers (v Oppenheim, Oestrup, Hartmann) ; tout est donc à peu près inédit dans les nombreux monuments d’architecture religieuse, civile, militaire, domestique et funéraire qu’ils ont relevés dans 19 localités. Un temple représente seul l’élément païen ; toutes les autres ruines sont chrétiennes et presque toutes celles qui sont datées — églises, tours, couvents, maisons — sont de la fin du VIe siècle. Toutes ces ruines, par ailleurs, sont de proportions réduites, sauf celles de Kasr ibn Wardân (561 et 564 J.-C.) qui forment un des plus imposants groupes de constructions de la Syrie du Nord. Il y a là les restes d’une église quadrangulaire à trois nefs, surmontée d’un dôme ; ceux d’un grand palais à coupoles et d’un castrum pouvant contenir 1.000 h. et 200 chevaux. La structure, les matériaux (basalte, calcaire, briques, marbres, mosaïques et stucs), les procédés de construction (arc brisé), les détails, de l’ornementation (chapiteaux) différencient profondément ces monuments de ceux qui les entourent dans cette région de la Syrie et rappellent par contre et très près les constructions contemporaines de Justinien sur le Bosphore. Tout semble donc concourir à démontrer (contre l’hypothèse de Strzygowski) que ces édifices forment un groupe à part, probablement une résidence impériale, bâtie sous l’influence directe d’architectes byzantins ; M. B. prononce même le nom d’Isodoros, le neveu d’un des architectes de Sainte-Sophie.

    Ce beau travail, solide, précis et largement illustré, fait grand honneur à la jeune école archéologique américaine ; c’est pour les studieux d’art byzantin un instrument de travail de premier ordre. L’impression et l’illustration, confiées à la maison Brill, sont vraiment dignes de tout éloge.

L. Jalabert