Spiegelberg, Wilhelm: Demotische Studien, Heft I : Aegyptische und griechische Eigennamen aus Mumienetiketten der römischen Kaiserzeit. 4°, vii-72-58 p. et XXXIII planches lithographiées.
(Leipzig, Hinrichs 1901)
Compte rendu par Seymour de Ricci, Revue Archéologique t. 5 (4e série), 1905-1, p. 435-442
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Wilhelm Spiegelberg, Demotische Studien, Heft I : Aegyptische und griechische Eigennamen aus Mumienetiketten der römischen Kaiserzeit. — Leipzig, Hinrichs, 1901, 4°, vii-72-58 p. et XXXIII planches lithographiées.


          On appelle Mumienetiketten « Étiquettes de momie » ou plus simplement Tablai, de petites fiches en bois de forme oblongue ou rectangulaire, longues de 10 à 20 et larges de 5 centimètres, portant gravées au burin, ou plus souvent tracées à l’encre, quelques lignes de grec ou de démotique.

          L’inscription, généralement très courte, contient un nom, un patronymique, un matronymique, une profession, un âge, une provenance et une destination. Ces six éléments ne se rencontrent jamais tous sur la même tabla et la plus grande fantaisie règne dans la rédaction de ces petits textes.

          C’est à l’étude de ces tablai que M. Spiegelberg a consacré son volume.

Dans divers pays on en avait publié plus de deux cents, en de nombreux ouvrages que M. Spiegelberg ne paraît pas avoir tous connus ; il ne cite en effet, comme sources utilisées par lui, que les sept travaux suivants ; 

          1° E. Le Blant, Tablai égyptiennes à inscriptions grecques, dans Revue arch., N S., t. XXVIII (1874), p. 244-252, 307-314 ; t. XXIX (1875), p. 179-182, 231-243, 304-312 ;

          2° F. Krebs, Griechische Mumienetikette aus Aegypten, dans Zeitschr. f. Aeg. Sprache, t. XXXII (1894), p. 36-51 ;

          3° E. Revillout, Planchettes bilingues trouvées à Sohag en Thébaïde, dans Revue égyptologique, t. VI (1891), p. 43-45, 100-101 et t. VII (1892), p. 29-38 ;

          4° C. Wessely, Holztäfelchen der Sammlung der Papyrus Erzherzog Rainer, dans Mittheilungen aus der Sammlung Erzherzog Rainer, t. V (1889), p. 11-20 ;

          5° W. Goleniscbeff, Ermitage Impérial. Inventaire de la collection égyptienne (1891), p. 191.

          6° Merriam, Amer. journ. of arch., t. II (1886), p. 152. 

          7° W. F. Petrie, Hawara, Biahmu and Arsinoe (Londres, 1889, 4°), pl. VIII.

          Je relève dans les fiches préparatoires de mon Corpus des inscriptions grecques d’Egypte un certain nombre de renvois additionnels qui éviteront peut-être des recherches aux savants tentés de compléter les dépouillements de M. Spiegelberg ;

          Le Blant, Recueil des inscr. chrét. de la Gaule, t. II, p. 339 ; Le Blant, Catal. des monum. chrét. du mus. de Marseille (Paris, 1894, 8°), p. 99-112 ; Grenfell, Hunt et Hogarth, Fayum towns and their papyri (Londres, 1900, 4°), p. 41 (cf. Hogarth et Grenfell, Eg. expl. Fund, arch. report 1895-96, p. 16) ; W. Weinberger, Tavolette greco-egizie [du mus. de Florence] dans Rendic. accad. Lincei, t. II (1893), p. 890-896 ; Wilcken, Jahrb. Arch. Inst., t. IV (1889), p. 11-12 [tablai Graf (1) et Fouquet (2)] ; Kraus, Die altchristlichen Inschriften der Rheinlande (Fribourg, 1890, 4°), t. I, p. 156, n. 3 [tabla Kraus] ; W. F. Petrie, Dendereh (Eg. Expl. Fund, t. XVII), pl. XXVI b, nn. 37 et 53, cf. p. 32, 68 et 56 [tablai en pierre] ; G. Lumbroso, Atti accad. Torino, IV (1868-69), p. 698-702 (= Docum. greci del mus. di Torino, pp. 20-24[)] ; G. Lumbroso, Atti. accad. Torino, V (1869-70), p. 225-228 (= Papiro LXIII del Louvre, p. 21-24) ; Letronne, Egger et Brunet de Presles, Papyrus grecs du Louvre, p. 434-436 ; Dubois, Catal. de la coll. Mimaut (1837), p. 86, n. 539 ; C. Wessely, Wiener Studien, t. VII (1885), p. 75-76 [Bibl. Nationale, suppl. gr. 724, 725 ; CIG. 4970] ; P. Pierret, Catal. de la salle historique, mus. du Louvre (Paris, 1873, 16°), p. 166-168 ; G. Botti, Notice du mus. d’Alexandrie (Alex. 1893, 12°), p 185-190 et 2e édition (1901), p. 492-497 (cf. p. 119) ; G. Maspero, Guide du visiteur au Mus. de Boulaq (Paris, 1884, 16°), p. 408-409 ; G. Tischendorf, Notitia editionis cod. Bibl. Sinaitici (Leipzig 1860, 4°), p. 69 [Tablai de Saint-Pétersbourg] ; C. Schmidt, Zeitschr. f. Aeg. Sprache, t. XXXIV (1894), p. 52-63 et t. XXXIV (1896), p. 79-81 ; J. J. Hess, ibid., t. XXX (1892), p. 121 [tabla de Londres] ; Notice sur le musée Dodwell (Rome, 1837, 8°), p. 8, n. 44 ; *Felton, Proceedings of the American Academy of arts and sciences, t. IV. p. 23-27 [3 tablai] ; G. Steindorff, Zeitschr. f. Aeg. Sprache, t. XXVIII (1890), p. 49-53 [2 tablai coptes] ; U. Bouriant, Recueil de travaux, t. XI (1889), p. 143-144 ; Birch, Gentleman’s magazine, t. XVI (1841), p. 366-367, n. 2 [= Le Bl. n. 88] ; Montfaucon, L’Antiquité expliquée, t. V, 2, pl. CXXXIV, à la p. 182 (de là Birch, l. c., p. 367 et CIG., III, p. 458, n. 4975) et Chabouillet, Catal. du cab. des médailles (1858), p. 407-408, 

n. 2732, cf. p. 626 [tabla en faïence] ; A catalogue of the Egyptian antiquities in the possession of F. G. Hilton Price (London, 1897, 4°), p. 236, n. 2124- 2127 a (le n. 2127 a aussi publié par Sayce, Proc. soc. bibl. arch., t. XXVI, 1904, p. 91, n. 2) ; Grenfell et Hunt, Arch. Report., 1901-1902, p. 3. 

          Parmi les publications postérieures au volume de M. Spiegelberg, signalons surtout J. G. Milne, Catal. général du musée du Caire. Greek inscriptions (Oxford, 1905, 4°), p. 79-105 [102 tablai, bons fac-similés] et W. Spiegelberg, Ein bilingues Mumienetikett der Strassburger Bibliothek dans Recueil de travaux, t. XXVI (1904), p. 57-58. 

          De plus, M. Spiegelberg a utilisé des tablai inédites du Musée de Weimar, du Musée Guimet (une partie seulement des 90 tablai qui s’y trouvent), du Musée du Caire (quelques-unes seulement sur plus de cent), de la bibliothèque de Strasbourg, des collections Forrer, Wiedemann, Mac-Gregor, Todros, Schmidt, Eisenlohr, Pétrie et Amherst, sans parler d’une tabla isolée du Louvre.

          Aux tablettes inédites, signalées ou publiées par M. Spiegelberg, je peux ajouter (3) ;

1. Musée de Florence n. 7442 (au même musée une autre en démotique) ; 

          Θμεσιωτι | Βησαιτι μελιτα.

 

2. Beni-Hasan, fouilles Garstang (1904) ; copie de J. G. Milne ; 

          Σιλϐανος Τε|ληλις επικα|λουμενος Ατηρ ια(ετους).

 

3. Anc. coll. Harris ; copie de feu Aug. Eisenlohr ; 

          Απολλως εξεγητης | ετων ν ευψυχει.

 

4. Oxford, bibliothèque Bodléienne ; 

          Κλαυδιος Κολανθος | υιος Διοσκορατος μητρος Κολλωθιος | εϐιωσεν ετη πεν|τηκοντα τεσσαρα | L ιϐ Παυνι.

 

5. Londres, coll. Hilton Price n. 2126 ; 

          Σοντοουτος Ψαις | μητρος Σεναρυ|ωτιδος επιλεγομ(ενης) Τσεετος απο νησου | Απολλιναρ[ια]δος L ιη(?)et 4 lignes de démotique.

 

6. Londres, coll. Hilton Price n. 2127 ; 

          Πεκυσις Πεκυσιος | μητρος Σενταιτος απο | Ψωνεως εϐιωσεν ετων | εικοσι εξ L ε = Μεσορη et 4 lignes de démotique.

 

7-9. Bruxelles, Musée du Cinquantenaire ; 

          7. Ψενταιλουρου | Πετεμπωτος

          8. Σαλουταριος | Ψαις Πελειλειος | L = λη.

          9. Σενπκυλις | Αροννωφριος | Αωρσεναπιτος | εϐιωσεν LII.

 

          Il faut distinguer dans l’ouvrage de M. Spiegelberg plusieurs parties. Tout d’abord les trente-trois planches lithographiées donnant d’excellents fac-similés, en grandeur nature, de cent-dix-sept tablai inédites de la collection Forrer. Ce complément utile aux planches de Le Blant (l. c.) est du plus haut intérêt paléographique et l’on ne peut que regretter que M. Milne, dans son catalogue des inscriptions grecques du musée du Caire, soit obligé, faute de place, de réduire à une petite échelle les nombreux fac-similés qu’il donne des tablai de la grande collection égyptienne. Les fac-similés de M. Spiegelberg permettent aussi de contrôler ses lectures, contrôle dont le résultat est, du reste, tout à l’honneur du savant égyptologue de Strasbourg.

          Le texte de l’ouvrage est divisé en deux grands chapitres ; dans le premier, l’auteur publie et classifie les matériaux disponibles ; dans le second, il les commente et les explique. Il est peut-être regrettable que M. Spiegelberg n’ait pas donné le texte, au moins en minuscule, de toutes les tablai inédites qu’il a utilisées ; peut-être même aurait-il pu y joindre celui des tablai déjà publiées ; il nous aurait ainsi fourni un utile corpus de ces petits textes ; au lieu de cela, il a préféré nous présenter ses matériaux sous la forme, d’ailleurs très pratique, d’une série de trois répertoires par ordre alphabétique des noms de personnes (au nombre de près de cinq cents), des noms de lieux et enfin des titres, fonctions, métiers et sacerdoces. P. 1*, n. 7, au lieu de Ανπνοου, lire Αντινοου. P. 39*, n. 268, dans *F. 6, il faut lire Σεννεφερως et non Σενεφερως. P. 46*, n. 317 et p. 69*, n. 494, le renvoi *F. 69 est inexact. P. 63*, le renvoi *F. 78 s’applique non au n. 453 a, mais au n. 453. P. 72*, n. 22, Ρουστικος n’est-il pas un nom d’homme ? Cette première partie du livre de M. Spiegelberg est beaucoup plus qu’une simple énumération de noms propres ; tout d’abord la juxtaposition continue des noms grecs et des noms démotiques permet à l’auteur une foule de rapprochements intéressants ; pour certains noms particulièrement remarquables, tels que Αρεμηφις, Αρμιυσις, Αρυωτης, Θερμουθις, Πανομιτης, Πεκυσις, Πετετριφιος, Σαιψις, Σεντωους, Ταροϐασθιος et Ψαις, le commentaire prend les proportions d’une petite dissertation étymologique ; une foule de questions ont été, dans ce livre, à la fois posées et résolues.

          La deuxième partie du volume contient une série de petits chapitres sur divers problèmes soulevés par l’étude des tablai. Il est question tour à tour de leur date ; elles sont datées de Trajan, d’Hadrien, des Philippes, de Macrin et de Quietus ; de leurs formules ; les tablai démotiques ont des formules beaucoup plus longues que les tablai en langue grecque ; ce sont des acclamations, affectant un caractère religieux, et où l’on retrouve écourtées les formules des papyrus funéraires démotiques ; ce sont des documents précieux pour l’étude de ces livres des morts, d’époque romaine, dont M. Spiegelberg publie ici à titre d’exemple cinq curieux spécimens. Puis viennent deux textes singuliers ; une tabla en langue grecque, mais en écriture démotique, et une autre, la seule connue, en écriture hiéroglyphique. Il est ensuite question de l’âge des défunts (de 1 à 96 ans), des principes généraux de l’étymologie des noms propres gréco-égyptiens (bonne bibliographie), de la phonétique de ces noms, de leur accentuation et de leur vocalisation, et surtout de leur formation à l’aide des préfixes  Πα- (celui), Ψεν- (fils), Σεν- (fille), Πετε- (don de, fém. Τετε-, ne s’emploie que devant un nom de Dieu), Πρεμ- (l’homme de, fém. Τρεμ-, ne s’emploie que devant un nom de lieu). Suit une liste des divinités égyptiennes dont les noms apparaissent dans les tablai généralement comme partie constitutive d’un nom propre ; une note sur le dialecte des tablai (c’est l’achmimique), quelques remarques paléographiques, des additions et corrections, et enfin des index aussi copieux qu’agréables à manier. 

          L’ouvrage de M. Spiegelberg occupera une place importante dans l’histoire des études démotiques (4) ; ce n’est pas sans satisfaction que nous constaterons que l’étude méthodique de ces planchettes bilingues confirme, d’une manière éclatante, la valeur des systèmes de transcription (assez peu différents) adoptés depuis plusieurs années par la nouvelle génération des Démotisants, c’est-à-dire par MM. Spiegelberg, Griffith, Boeser, Krall, Hess, W. Max Müller et quelques autres.

          C’est avec une satisfaction non moins vive que nous féliciterons M. Spiegelberg des efforts très considérables qu’il a faits depuis quelques années pour renouveler les études démotiques. Aux intuitions géniales de Brugsch et de ses prédécesseurs Akerblad, Young et Champollion, avaient succédé les efforts considérables de M. Révillout et de ses élèves, efforts dont le résultat le plus utile a été la publication, parfois un peu hâtive, d’un nombre énorme de textes démotiques inédits. Il n’a manqué à cette école qu’une connaissance un peu plus complète des frontières du démotique ; les papyrus hiératiques tardifs d’une part et les papyrus grecs de l’autre.

          M. Spiegelberg est peut-être l’égyptologue vivant à qui les textes hiératiques de basse époque sont le plus familiers ; d’autre part, il est entouré, en Allemagne, de papyrologues de talent, toujours prêts à lui apporter le secours de leur science. Il lui fallait d’abord réunir des textes, non pas en copies ou en transcriptions plus ou moins fidèles, mais en photographies prises sur les originaux ; M. Spiegelberg n’a épargné ni le temps ni l’argent et il est parvenu à se constituer un admirable corpus photographique des papyrus démotiques. Il lui fallait ensuite publier le catalogue des musées allemands ; M. Spiegelberg s’est acquitté de cette autre tâche avec un rare bonheur ; il a déjà publié, sur les papyrus démotiques de Berlin et sur ceux du musée de Strasbourg, deux beaux volumes qui ne laissent absolument rien à désirer au plus exigeant des travailleurs ;

          Die demotischen Papyrus der Strassburger Bibliothek herausgegeben und übersetzt (Strasbourg, Schlesier et Schweikhardt, 1902, in-4, 52 p. et atlas in-fol. de 17 pl. en phototypie) (5) ;

          Demotische Papyrus aus den Königlichen Museen zu Berlin herausgegeben von der Generalverwaltung (Leipzig et Berlin, Giesecke et Devrient, 1902, in-fol., 36 p. et 99 pl. en phototypie) (6).

          Dans le premier de ces volumes M. Spiegelberg publie une collection de formation récente, entièrement inédite ; elle ne comprend à la vérité qu’une trentaine de documents, mais bien choisis et très variés. Pour chaque texte l’éditeur donne, outre un fac-similé phototypique de la grandeur même de l’original, une transcription en caractères romains et un essai de traduction où le grand nombre des points d’interrogation nous garantit la bonne foi du traducteur.

          Dans une préface qui a les allures d’un manifeste, M. Spiegelberg apprécie assez sévèrement l’état actuel de nos connaissances du démotique ; le μεθηρμηνευμένη κατὰ τὸ δυνατόν, qu’ajoutait modestement, après sa traduction en grec d’un contrat démotique, tel greffier de l’époque romaine, sera, nous dit-il, encore longtemps vrai de toute traduction de textes en cette langue ; nous comprenons à peine les textes demotiques [sic] archaïques et même quand il s’agit de textes ptolémaïques nos traductions ne sont que provisoires ; quand un texte grec contredit un texte démotique, affirmez hardiment que le texte démotique a été mal lu. 

          Les formules des contrats démotiques d’époque Ptolémaïque fournissent ensuite à M. Spiegelberg la matière d’un très intéressant chapitre que tous les papyrologues voudront lire ; ils y verront élucidée plus d’une question obscure sur l’origine de telle ou telle formule des contrats en langue grecque.

          Les papyrus démotiques de Strasbourg sont de provenance assez diverse. Huit d’entre eux proviennent de la trouvaille faite vers 1893 à Gebeleïn (Pathyris) et qui contenait tant de papyrus grecs intéressants ; il y en a un de 145 av. J.-C, les autres s’étagent entre 111 et 88. Cinq papyrus sont beaucoup plus anciens, puisqu’ils portent les dates de 527, 487 et 324 av. J.-C. Le plus ancien de tous est daté, chose curieuse, du règne de Psametik III, le successeur éphémère d’Amasis et le prince sous lequel l’Égypte devint la proie de Cambyse. Un autre groupe de documents est d’époque romaine ; nous trouvons des dates des règnes d’Auguste, de Néron, de Domitien, de Trajan et d’Hadrien.

          Parmi les textes affectant un caractère littéraire, on peut citer un fragment du Livre des Morts, deux courts fragments d’un conte, d’autres fragments d’un texte religieux et d’un recueil d’hymnes au dieu Soknopaios.

          La collection des papyrus démotiques de Berlin est depuis longtemps connue des égyptologues, puisqu’un certain nombre des textes qu’elle contient avaient été publiés il y a un demi-siècle dans les Denkmäler de Lepsius et dans les premiers ouvrages de Brugsch, et que M. Révillout avait, de son côté, publié et traduit une portion considérable de la collection. Cependant, c’est bien à M. Spiegelberg que nous devons de pouvoir, pour la première fois, jeter un coup d’œil d’ensemble sur cette riche série que sa publication, d’ailleurs, n’a nullement la prétention d’épuiser.

          Les documents publiés, transcrits, traduits et commentés par M. Spiegelberg ne sont, en effet, qu’au nombre d’une soixantaine. Cinq sont d’époque perse (513-487 av. J.-C), une trentaine du temps des Ptolémées (251-98 av.), les autres d’époque romaine, le dernier document daté étant de l’an 15 de Trajan. Le contenu des documents est très varié ; contrats de mariage, prêts, ventes de terrains, de maisons, de tombeaux, lettres, comptes et autres documents analogues. Notons, parmi les fragments littéraires, un très curieux recueil d’incantations contre le dieu Set, un fragment d’un livre liturgique du Fayoum, un texte littéraire non encore déchiffré, trois fragments de Livres des Morts, un fragment de rituel, un texte astrologique, une liste de plantes et de minéraux avec leurs vertus magiques et enfin une liste des constellations dans lesquelles il faudra chercher les différentes planètes, pendant les années 14 à 41 du règne d’Auguste.

          Tant dans le volume de Berlin que dans celui de Strasbourg les fac-simile sont fort bien venus.

          Aux deux recueils de M. Spiegelberg il ne manque que des index !

          A titre d’indication je donnerai ici les titres de quelques travaux récents sur le démotique ;

          W. Spiegelberg, Zu dem Namen des Buchisstieres, dans Recueil de travaux, t. XXIV (1902), p. 30-32 ; Varia, ibid., p. 175-185 ; Der Titel ΛΕΣΩΝΙΣ, ibid., p. 187-189 ; Ein demotischer Papyrus in Innsbruck, ibid., t. XXV (1903), p. 4-6 ; Demotische Miscellen, ibid., p. 6-15 ; XXXXX « Lupine »,

ibid., t. XXVI (1904), p. 36 ; Demotische Miscellen, ibid., p. 53-58 et 154-165 ; Die demotischen Inschriften in der Krypta des Osiristempels in Karnak, dans Annales du Service des Antiquités, t. III (1902), p. 89-91 ; Ein aegyptisches Verzeichniss der Planeten und Tierkreisbilder, dans Orientalistische Litteratur-Zeitung, t. V (1902), col. 6-9 ; Zu dem neuen Strassburger astronomischen Schultext, ibid., col. 135-136 (en collaboration avec W. Max Müller) ; Ein neuer astronomischer Text auf einem Demotischen Ostrakon, ibid., col. 223-225. 

          F. Ll. Griffith, A sale of land in the reign of Philopator, dans Proc. soc. bibl. arch., t. XXIII (1901), p. 294-304 et 2 pl. ; Notes on demotic philology ; the Khamuas stories, ibid., p. 16-18 ; Stories of the High Priests of Memphis : the Sethon of Herodotus and the Demotic tales of Khamuas (Oxford, Clarendon 

Press, 1900, 8°), x-208 p. et atlas de VII pl. en phototypie et de VII a pl. autographiées. (Ouvrage d’une importance capitale, où est publié un grand conte démotique du British Museum). F. Ll. Griffith et H. Thompson, The Demotic magical papyrus of London and Leyden (London, H. Grevel, 1904, 8°) VIII-207 p.

          J.-J. Hess, Der demotische Teil der dreisprachigen Inschrift von Rosette übersetzt und erklärt (Freiburg, 1902, 4°), x-99 p. [(]sera très utile pour les débutants) ; Die Geheimschrift der gnostischen Papyri von London und Leiden, dans Zeitschr. fur aeg. Sprache, t. XXXIX (1901), p. 143-144. 

          E. Revillout, Corpus papyrorum Aegypti, fasc. IV [contient 4 contrats archaïques, un texte littéraire et deux textes funéraires ptolémaïques] ; Les drames de la conscience, étude sur deux moralistes égyptiens inédits, fasc. 1 (Paris, 1901, 8°), 165 p.

          Magnien, Quelques reçus d’impôts agricoles (thèse de l’École du Louvre) [ostraka du Louvre].

          J. Krall, Demotische Lesestücke, t. II (Leipzig, Avenarius, 1903, fol. av. 4 pl. en phototypie et 18 pl. autographiées ; contient le décret de Canope et la suite du roman de Petoubastis) ; Der demotische Roman aus der Zeit des Königs Petubastis, dans Wiener Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes, t. XVII (1903), p. 1-36 ; Neue Ergebnisse aus den demotischen und koptischen Papyrus der Sammlung Erzherzog Rainer, dans Verhandlungen d. Xlll Orientalisten-Kongr. (1902), p. 345-347.

          W. Pleyte et P. A. A. Bœser, Aegyptische Monumenten van het Nedelandsche [sic] Museum van Oudheden te Leyden, Suten-xeft, het koninglijk Boek, Demotische Papyrus Insinger (Leiden, Brill, 1899, fol.) 10 p. et 35 pl. lithographiées (important recueil parémiographique inédit).

          J’espère avoir l’occasion, dans un prochain article, de donner un coup d’œil d’ensemble sur les principales collections de papyrus démotiques, sur ce qui reste à faire pour les publier et sur les savants qui ont entrepris cette tâche.

                                                             S[eymour] de R[icci]

(1) Cf. encore Ebers, Die Hellenistischen Portraits aus dem Faijum (Leipzig, 

1893, 12°), p. 6-7 (= trad. anglaise, New York, 1893, 16°, p. 9-10) ; Haussoullier, Rev. ét. gr., t. II (1889), p. 200-201 ; Richter et von Ostini, Catal. de la galerie de portraits... (Paris, 1900, 12°), p. 20 et trad. anglaise, p. 24 ; Fraser, Ancient Greek painting (London, 1901, 8°), p. 37, pl. ; Virchow, Verhandlungen der Ethnologischen Gesellschaft, 1901, fasc. IV, pp. 260-265 (cf. S. Reinach, Revue arch., t. XL, 1902, p. 404). 

(2) Cf. encore Fouquet, C. R. Acad. Inscr., t. XV (1887), p. 229.

(3) Je ne parle ni des tablai fausses du musée de Rouen, ni des nombreuses 

tablai du musée Guimet

(4) Parmi les nombreux et élogieux comptes-rendus dont il a été l’objet, signalons deux de U. Wilcken, Archiv für Papyrus forschung, t. II (1902), p. 177-180 ; Kr(all), Literarisches Centralblatt, t. LII (1901), col. 1720-1721 ; Karl. Fr. W. Schmidt, Berl. philol. Wochenschr., t. XXIII (1903), col. 1459-1463, 1492-1496 et 1525-1528 (très minutieux).

(5) Cf. le compte-rendu de Maspero, Revue critique, LIV (1902), p. 144-145. 

(6) Cf. les comptes-rendus de Krall, Wiener Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes, t. XVIII (1904), p. 113-122 ; W. Schubart, Literarisches Centralblatt, LIII (1902), col. 410-412.